SVBC Cognac

28 février 2009

svbc_cognac.jpgLe SVBC Cognac a tenu sa première réunion publique à Foussignac le 20 décembre dernier en présence de Bernard Guionnet. C’est qu’à six ans d’intervalle, les membres du nouveau syndicat reprennent un message quasi identique à celui du président de la FSVC d’alors, pour qui la sortie de crise passait déjà obligatoirement par une restructuration du vignoble d’au moins 15 %. A idée similaire, moyens légèrement autres et surtout climat totalement différent.

Arrivé un peu en retard pour cause de réunion INAO, Bernard Guionnet était tout de même présent à la réunion du SVBC et y faisait même figure d’invité d’honneur. Car, sans ambiguïté, le message véhiculé par le SVBC s’inscrit dans la parfaite continuité de celui de B. Guionnet, Ph. Sabouraud et de quelques autres.

S’attaquer d’abord à une restructuration minimale de 15 %, par arrachage ou reconversion… Jean-Louis Brillet, président du syndicat, en fait un préalable « pour avoir demain des professionnels Cognac debout ». « En ne prenant pas de solution, on laisse pourrir la situation. Cela se traduit par une course à la surface où le plus gros mange le plus petit. Il faut absolument diminuer le vignoble, pour le bien de tout le monde. » L’affectation de surfaces lui semble une solution dangereuse « dès lors que l’on ne touche pas au potentiel Cognac ». « Prenons les choses dans le bon sens et non pas à l’envers. » Quant à l’extournement des surfaces prôné par le SVC, il lui paraît un leurre dans la mesure où des surfaces « seulement extournées » – des vignes en « couveuses » dit-il – pourraient toujours revenir sur le marché du Cognac. « Pour faire gagner ceux qui bougent », ce sont environ 10 000 ha qu’il faudrait définitivement éliminer du potentiel Cognac selon le Syndicat des bouilleurs de crus : « 7 000 ha qui n’ont pas de débouchés vins de base mousseux ou jus de raisin et 2 400 ha qui font déjà l’objet d’un arrachage temporaire. » On retrouve bien alors le chiffre de 15 % d’arrachage et/ou de reconversion prôné par le syndicat. Comment y parvenir ? Le SVBC ne croit pas à l’obligation. « Qui contrôle, qui puni ? Certainement pas les Douanes ni l’INAO. Ces questions ne trouvent pas de réponses. » Jean-Louis Brillet et ses collègues croient davantage à une incitation économique qui prendrait la forme d’un bonus de QNV Cognac sur l’exploitation : 2 hl AP/ha en plus pour une restructuration de 15 % (QNV Cognac portée à 8 hl AP), 2,5 hl pour 20 % (QNV de 8,5 hl AP) et 3 hl AP pour 25 % (QNV de 9). Afin de donner corps à son projet, le syndicat a soumis l’idée d’un contrat qui lierait viticulteurs, Etat et négociants. Mais, disent-ils, « pour que ce contrat fonctionne, tout repose sur l’adhésion des viticulteurs, non seulement au concept mais aussi au syndicat ». Fin décembre, le SVBC Cognac avouait 200 adhérents sur les « 4 000 qui vivent du Cognac ». L’objectif consistait à atteindre très vite le cap des mille. « Si, demain, nous avons mille viticulteurs derrière nous, qui adhèrent au syndicat et manifestent ainsi leur engagement dans la restructuration de leur vignoble, rien ne pourra nous arrêter. Nous serons alors en mesure d’être écoutés, défendus, afin d’obtenir de l’Etat qu’il valide notre démarche incitative. » Car les mesures incitatives ne s’arrêtent pas au seul supplément de QNV. Elles concernent aussi l’obtention de rendements différenciés « pour ceux qui ont peu accès au marché du Cognac et doivent dégager des revenus corrects », une prime d’arrachage de 15 000 euros, des aides à la reconversion revalorisées, la prime PAC rétablie sur les surfaces arrachées. « Et que l’on ne nous dise pas que l’Etat n’a pas d’argent ! relève J.-L. Brillet. Chaque année, la région Cognac rapporte plus de droits et taxes que n’importe quelle région française, en tout 400 millions de francs par an. En trois ans, cette somme permettrait de réorganiser totalement la région, sans parler des 10 milliards de francs de devises glanés tous les ans par le Cognac. »

Les conditions d’un dialogue équilibré

Pour le SVBC, les conditions d’un dialogue équilibré avec le négoce passent par une réduction du potentiel Cognac d’au moins 7 000 ha de vignes. « Nous avons une surface trop importante, un stock énorme. A partir de là, nous disposons d’aucun moyen de pression sur les prix. Il faut s’entendre avec son partenaire, mais aussi peser devant lui. Aujourd’hui, nous en sommes totalement incapables. » A un jeune viticulteur du canton de Mirambeau qui s’étonnait qu’une QNV portée à 8 de pur aboutisse à une remontée des prix – « on m’a toujours appris que c’était la rareté de l’offre qui conditionnait le prix » – on lui a répondu que 80 000 ha à 6 de pur ou 60 000 ha à 8 aboutissaient toujours au même chiffre de 480 000 hl AP. Qui plus est, Olivier Louvet est revenu sur l’impact du potentiel Cognac. « Malgré le gel de la production Cognac depuis 1998 – qui fut une bonne chose – les prix n’ont pas bougé. Ils ont même perdu 18 % en quatre ans. Cela s’explique par le poids des eaux-de-vie rassises et les 12 000 ha en trop. Les négociants savent pertinemment que ces ha peuvent rentrer sur le marché du Cognac un jour ou l’autre. Si l’on assainissait le potentiel Cognac, je suis à peu près persuadé que les prix remonteraient. » Le SVBC a stigmatisé l’attitude du SGV Cognac, accusé d’avoir rompu le dialogue avec le négoce « par une attitude pure et dure ». « Le syndicat est allé à la négociation en disant “10 % d’augmentation sinon rien”. A condition d’accepter un desserrement de la QNV d’un demi-hl, les négociants étaient prêts à accorder une augmentation des prix d’au moins 3 %. » Sur la répartition des achats entre viticulteurs, sujet ô combien sensible, Jean-Philippe Roy a tenu à apporter des précisions. « Quand on parle de produire plus de Cognac sur moins de surfaces, ce n’est pas pour prendre plus à l’un et donner moins à l’autre. L’accès au Cognac des exploitations ne s’en trouvera pas modifié. En fait, le système fonctionnera comme une QNV d’exploitation, libérant des ha pour d’autres productions. »

Taxés de diviseurs

Diviseurs… Le grand mot est lâché. Ce n’est qu’un mot après tout mais un mot qui fait mouche, qui fait mal. Et quand on lui accole le terme de « syndicat de négoce », la coupe est pleine. Prétendre que Jean-Louis Brillet n’en a pas été affecté serait sans doute aller trop vite en besogne. Avec pas mal de sincérité et de franchise, il a exprimé sa surprise – frisant sans doute le désarroi – d’avoir entendu ces qualificatifs au ministère de l’Agriculture ou à Matignon. « On nous a reçu, on nous a écouté mais on nous a taxé de diviseurs, voire de syndicat du négoce. » Bien sûr, le SVBC Cognac réfute ces allégations. « Nous aurions pu faire de la manipulation interne. Nous avons préféré nous exprimer. Plutôt que de laisser pourrir la situation, nous avons souhaité prendre les choses en main. Le pluralisme reste une idée intéressante. Elle permet d’avancer quand on a la volonté chevillée au corps. » Le Syndicat des viticulteurs-bouilleurs de cru ne se dit pas opposé, demain, à l’idée d’une fédération entre SVBC et SGV. A la tête de cette fédération, il verrait bien « quelqu’un de compétent professionnellement, qui a fait ses preuves et qui représente bien la viticulture charentaise. » Et les regards de se tourner avec insistance vers Bernard Guionnet.

En conclusion à cette réunion suivie par environ 150 personnes, Jean-Louis Brillet a voulu faire passer un souffle rassembleur. « Résoudre la crise structurelle dans laquelle nous nous débattons, c’est une affaire de 7 000 ha. Ce n’est pas un obstacle énorme. Le Cognac se porte bien, les courbes sont bonnes. Le problème de cette région est lié au déséquilibre de l’offre et de la demande. C’est à notre niveau que cela se passe. Engagez-vous auprès du syndicat. Ensemble, nous ferons gagner nos idées. Nous n’avons plus de temps à perdre. »

Campagne PAC 2003

Transfert d’éligibilité des terres

La DDAF informe les agriculteurs qu’à l’intérieur d’une même exploitation, l’échange de terres inéligibles contre des terres éligibles peut être admis, à condition que ce soit en stricte compensation de surface et après autorisation préalable par la DDAF. Les raisons en devront être « objectives et pertinentes » (agronomiques, organisationnelles, phytosanitaires, environnementales). Le producteur devra apporter la preuve de l’éligibilité de la surface faisant l’objet du transfert (classement en terre au cadastre au 31 décembre 1991 par relevé MSA ou photographie aérienne). Les surfaces échangées devront se trouver à la fois sur une même exploitation, un même département, une même région de rendement.

Les dossiers sont à retirer auprès de la DDAF. Date limite de dépôt des dossiers : 31 janvier 2003. La décision de transfert sera notifiée par la DDAF au producteur avant le dépôt du dossier PAC.

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