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Crédits carbone : mieux mesurer les impacts pour plus de crédibilité

7 juil. 2025 Par La Rédaction
Crédits carbone : mieux mesurer les impacts pour plus de crédibilité

Instrument de compensation des émissions de gaz à effet de serre (GES), les crédits carbone sont adoptés par les entreprises soucieuses de limiter leur empreinte environnementale. En investissant dans des projets visant à réduire ou stocker les émissions de GES, ces acteurs interviennent dans des secteurs clés tels que les forêts, l’agriculture, les transports, le bâtiment ou encore la gestion des déchets, où les besoins en financement pour la transition écologique restent conséquents.

Cependant, la fiabilité de ces mécanismes est régulièrement remise en cause, notamment en raison de scénarios de référence incertains servant à évaluer les impacts réels des projets. Pour déterminer le volume de crédits générés, les organismes certificateurs s’appuient sur des projections établissant ce qu’aurait été la situation sans la mise en œuvre du projet. Par exemple, un projet de réduction de la déforestation doit démontrer que celle-ci aurait été plus sévère en son absence ; de même, une initiative en énergies renouvelables doit prouver qu’elle évite le recours aux énergies fossiles.

Des évaluations postérieures révèlent des écarts significatifs

Des études scientifiques menées après le lancement de certains projets ont mis en lumière des écarts importants entre les réductions d’émissions revendiquées et celles effectivement réalisées. Ce phénomène pose la question de l’efficacité réelle de la compensation carbone, surtout si elle est utilisée massivement sans contrôle rigoureux par des entreprises privées.

Vers une méthodologie plus robuste

Pour faire face à cette problématique, une équipe de recherche internationale, pilotée par INRAE et réunissant la Toulouse School of Economics, l’Université Paris Dauphine PSL et l’Institut Agro, recommande l’adoption généralisée de méthodes d’évaluation issues du champ académique. Ces approches dites quasi expérimentales comparent les zones concernées par les projets à des zones témoins choisies pour leur similitude, afin d’isoler de manière fiable l’effet propre du projet. L’analyse repose notamment sur des données satellitaires permettant de suivre les évolutions, telles que la déforestation, avant et après intervention, dans des conditions comparables.
Bien que cette rigueur méthodologique puisse conduire à une réduction du volume de crédits disponibles, elle assurerait une meilleure qualité des résultats et garantirait une réduction authentique des émissions de GES.

Un obstacle lié à l’incertitude financière

L’un des défis réside dans l’imprévisibilité du nombre de crédits attribués aux porteurs de projets, qui peut représenter un risque financier. Pour pallier cette difficulté, les chercheurs suggèrent la mise en place de mécanismes de type assurantiel. Ce dispositif pourrait inclure un partage des risques entre les différents acteurs de la chaîne de valeur : les entreprises investiraient dès le départ sous forme de contributions climatiques, indépendamment de leurs propres stratégies de compensation. Si une évaluation postérieure confirme l’impact du projet, un versement complémentaire pourrait permettre l’intégration des crédits dans leur communication environnementale.

Un enjeu central pour la COP30

Alors que la COP30 se tiendra en novembre prochain au Brésil, avec parmi les thèmes centraux la régulation des marchés carbone, cette réflexion souligne la possibilité de renforcer les exigences autour de cet outil pour en améliorer la crédibilité et l’efficacité

source: INRAE | crédit photo: Freepik.com

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