2022 : entre transition et élections

1 mars 2022

Un déficit record en commerce extérieur

Les Douanes ont annoncé le 8 février dernier que la France a connu le pire déficit commercial de son histoire en 2021 avec 84,7 milliards d’euros (soit 3,4  % du PIB), contre 64,7 milliards en 2020. Le précédent record était de 75 milliards en 2011.
Si les exportations ont progressé (+ 17 % par rapport à 2020), les importations ont augmenté encore plus intensément, 18,8 %. Hors énergie et matériel militaire, la dégradation du déficit s’élève à 8,4 milliards d’euros. La fermeture de centrales nucléaires et le délaissement de cette énergie non carbonée pèsent très lourd dans les factures françaises, industrielles comme familiales.
La majorité des secteurs traditionnellement excédentaires – aéronautique, chimie et cosmétiques, agro-alimentaire (dont les vins et spiritueux) – voient leur solde s’améliorer par rapport à 2020. Cependant, l’aéronautique accuse la plus faible dynamique de rattrapage, son solde demeurant nettement inférieur à son niveau record de 2019.
De son côté, le déficit commercial du secteur automobile s’est creusé, justifié par les tensions persistantes sur les chaînes d’approvisionnement du secteur. L’industrie, les produits informatiques, électroniques, les autres biens d’équipement, le textile et les autres matériels de transport sont également largement déficitaires. À noter que le secteur de la pharmacie, pour 2020 et 2021, est positif sur ces deux dernières années. Y aura-t-il, pour les secteurs en grande difficulté, un réajustement par un effet de balancier sur 2022 ?

Neutralité carbone, des efforts à géométrie variable

Avec l’objectif, à horizon 2050, de neutralité carbone, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a mis en avant le rôle clé qui devra être joué par l’agriculture, responsable de 19 % des émissions françaises, et parallèlement capable de capter le dit carbone. Des efforts et des efforts seront à nouveau demandés aux agriculteurs et aux familles françaises, avec l’augmentation du prix du carburant à la pompe. Le prix du baril de pétrole était de 147 dollars en 2008 (l’euro valait entre 1,5 et 1,6 dollar au printemps, soit un baril entre 92 et 98 €), et il effleure les 100 dollars ces dernières semaines (l’euro entre 1,1 et 1,2 dollar, soit un baril entre 83 et 91 €). Les évolutions des taxes (représentant plus de la moitié du prix) et des taux de change entre le dollar et l’euro pèsent lourdement à la pompe pour les particuliers et professionnels sur le territoire français.

Elections présidentielles à venir, quels programmes pour porter les sujets agricoles ?

Peu présente dans les interventions ou les échanges amenant progressivement aux élections présidentielles des 10 et 24 avril prochains, la question de l’agriculture et de l’alimentation concerne pourtant près de 389 000 exploitations sur le territoire français.
Si globalement les programmes des candidats ne font pas état d’oppositions radicales, portant tous des thématiques communes, c’est alors dans la graduation des mesures ou les axes de développement proposés que le débat s’instaure.
Entre autres sujets, la question d’un revenu agricole décent aux agriculteurs, tout comme la souveraineté alimentaire largement mise en avant et reprise depuis le début de la crise sanitaire restent des priorités pour tous, qui souhaitent poursuivre la dynamique amorcée d’une plus juste rémunération et d’une représentation plus forte des produits français, et a fortiori locaux, dans l’assiette des consommateurs (dans des proportions plus ou moins importantes selon les candidats).
De même, la « révolution agricole » vers un modèle plus respectueux de l’environnement reste un cheval de bataille pour tous, portant, dans la continuité de l’action conduite mais en nuances, la réduction de l’usage des pesticides. En effet, au lendemain d’une campagne – agricole et non politique cette fois – difficile à gérer du fait d’une pression sanitaire forte, les candidats s’accordent sur la nécessité d’une réduction « raisonnée », corrélée à l’existence d’alternatives efficaces, tant en termes de protection, de qualité que de productivité. Le glyphosate, quant à lui, fait débat, divisant les candidats, entre partisans et opposants à son arrêt, voire, pour certains, en bottant en touche, renvoyant la question à l’Union européenne.
Idem sur le bio, pour lequel les candidats sont plus ou moins timorés, avec des propositions tendant à « avancer prudemment » ou, au contraire, à massifier son développement.
Dans tous les cas, et pour avancer sur la question de la transition, c’est le développement de la R&D et de l’innovation qui est soutenu par tous, avec toujours des nuances tendant à mettre en avant le développement d’un axe plutôt qu’un autre au sein des programmes (variétés résistantes, solutions de biocontrôle, numérique, robotique…).

A l’aube du Salon international de l’agriculture accueillant chaque année, et encore plus en période électorale, un parterre d’élus et de candidats, il est certain que tous seront présents pour défendre l’agriculture, ou, a minima, leur programme agricole.

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