2019, un millésime de remise en cause

4 novembre 2019

2019, un millésime de remise en cause

 

             La complexité du déroulement du cycle végétatif et l’impact de la phase estivale « brûlante » ont eu des conséquences fortes sur la structure volumique et qualitative de la récolte. Après des vendanges 2 018 exceptionnellement généreuses et presque faciles, les cuves se sont remplies cette année dans la douleur. Alors, que faut-il retenir du millésime 2 019 ? Des effets nature et climat qui  bousculent profondément les certitudes historiques et interrogent sur l’adaptation des méthodes de conduite du vignoble. Le vignoble de la région délimitée a été confronté à un contexte de production « dur » et fait d’excès que les vignes ont mal supporté. La sortie d’inflorescences très moyenne dès le départ n’a pas été confortée au fil des mois. Au final, ce sont les niveaux de richesse en alcool des vins qui ont fait l’alcool pur. 2 019 sont un millésime de « vins forts ».

 

La grêle, le gel, le vent, la fraîcheur et trop de chaleur

 

            La succession de diverses séquences climatologiques pénalisantes a eu un impact marqué sur la physiologie des vignes dont les capacités de réaction ont parfois semblé moins vives ! Rien n’a été simple tout au long du cycle végétatif. Les souches ont été malmenées du débourrement à la fin des vendanges. Les aléas de grêles précoces et le gel de printemps puissant ont érodé dès le départ le potentiel de production. Les « coups de froid » des 5 et 6 mai ont fait des dégâts plus importants que l’on n’imaginait car ils sont intervenus dans des vignes déjà bien développées. Ensuite, une tempête inhabituelle début juin et des conditions mitigées au début de la floraison ont encore fragilisé la tenue des grappes. Le beau temps tant attendu est arrivé juste à temps pour assurer une fin de pollinisation très correcte. Dans un premier temps, ce climat estival a commencé par faire beaucoup de bien mais par la suite la longue période de fortes chaleurs a gêné l’alimentation hydrique des grappes. Pratiquement 0 mm de pluies entre début août et la mi-septembre et des niveaux de températures très au-dessus des valeurs moyennes. Bref, un été brûlant qui a « rationné » en eau les souches et aussi accéléré et modifier le processus de maturation.

 

Des efforts agronomiques récompensés

 

             Dans un tel contexte, les écarts de productivité notamment au niveau des volumes ont été importants dans tous les terroirs de la région délimitée. En dehors des secteurs gelées, les différences de rendements entre des îlots proches ont été parfois spectaculaires : de 70 à 150 hl/ha. Les vignes faibles, déséquilibrées et conduite en ne respectant les principes physiologiques fondamentaux ont forcément décroché très fortement cette année. En plus, leur état s’avère inquiétant pour l’avenir. À l’inverse, on pouvait observer fin septembre dans toute la région des vignes au feuillage peu affecté par la sécheresse et portant une charge grappes denses avec des baies pleines de jus. Les propriétés très investies dans des itinéraires d’entretien agronomique globaux et maîtrisés dans le long terme ont été récompensées de leurs efforts. Le savoir-faire déployé par ces viticulteurs « experts » leur a fait frôler, atteindre et parfois dépasser l’ambitieux niveau de rendement Cognac de 14,64 hl d’AP/ha.

 

Un rendement moyen estimé autour de 10 hl d’AP / ha

 

Au final, les éléments émanant de la Station Viticole situent le rendement moyen régional autour de 10 hl d’AP/ha (95 hl/ha et un niveau de TAV plutôt élevés autour de 10,5 % vol). Ces chiffres masquent de fortes disparités qui sont en relation directes avec les aléas de grêle et de gel (8 000 ha) et aussi les différences de potentialités agronomiques des propriétés. Le niveau de production assez moyen de l’année est tout de même une belle performance au regard du contexte difficile du cycle végétatif. Les meilleurs niveaux de productivité ont été l’aboutissement de conduites de vignobles optimisées sur le plan agronomique portées par des hommes et des femmes qui ont su faire preuve d’analyse de leur vécu et de vista.

 

Les «Vignerons-Agronomes», une richesse sous-exploitée

 

            Le principal enseignement du millésime 2 019 est qu’il est sûrement représentatif des conditions auxquelles la région délimitée sera confrontée très régulièrement d’ici 10 à 20 ans. Dans notre vignoble ou le challenge de productivité représente depuis toujours et reste un élément déterminant pour l’économie des propriétés et celles de l’ensemble de la filière Cognac, penser les leviers des concepts des vignes Cognac du futur devrait être la priorité des priorités. L’implication des vignerons agronomes qui réussissent dans le cadre de millésimes complexes comme 2 019 représente, une richesse, un vivier d’expériences, de compétences malheureusement peu et pas assez exploité. S’interroger et comprendre pourquoi leurs méthodes d’entretien global du vignoble sont efficientes devrait constituer les bases d’un laboratoire d’études référent pour répondre aux enjeux de qualité et de productivité de demain. Le professionnalisme dont ils ont fait preuve dans un contexte d’année qui deviendra sûrement la référence d’ici 10 à 20 ans, est à méditer.

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