2015, un millésime généreux en qualité et quantité

20 novembre 2015

2015 fait partie de ces millésimes auxquels les viticulteurs « s’abonnent ». Le déroulement du cycle végétatif marqué par une forte  étérogénéité  de développement se termine en beauté. La maturation s’est déroulée doucement, sûrement et avec une progressivité qui a permis tous les types de terroirs d’exprimer leurs potentialités. Le climat à la fois tempéré, sec et arrosé au bon moment a permis de mûrir la vendange dans des conditions idéales. La récolte et la conduite des vinifications ont pu être conduites en poussant au maximum l’extraction du potentiel de qualité.

À l’issue de vendanges qui se sont déroulées dans des conditions quasi idéales, le millésime 2015 s’annonce prometteur dans le vignoble de Cognac. Les raisins ont libéré leur potentiel de qualité avec générosité, ce

qui réjouit tous les viticulteurs de la région. Les productions de Vins de pays, de Pineaux et de Vins de distillation concilient quantité et contenu qualitatif intéressants. Le climat durant toute la phase de maturation et les

vendanges a favorisé la libération de beaux potentiels de qualité qu’il va falloir maintenant continuer de valoriser.

 

Une phase de maturation progressive et assez complète qui a bonifié

le millésime

Le fait marquant du millésime 2015 concerne la phase de maturation progressive, régulière et complète qui a favorisé la révélation des effets terroirs et vignerons. D’une manière générale, les raisins ont mûri en douceur

sans subir d’excès et de contraintes qui auraient pu nuire à leur équilibre. L’événement pluvieux abondant du 14 au 19 septembre n’a pas perturbé la bonne dynamique de maturation et, au contraire, a

permis des gains en volume très significatifs. Le climat sec et frais des trois semaines suivantes a ensuite favorisé la concentration qualitative tard dans la saison. L’état sanitaire des raisins s’est également bien tenu

jusqu’au 15 octobre. Ce contexte a permis aux vendanges de se dérouler dans une ambiance sereine et sans avoir l’exigence d’intervenir dans l’urgence. Les vinificateurs ont eu la possibilité, d’une part d’attendre la

maturité des différents terroirs, et d’autre part le temps de traiter les vendanges dans de bonnes conditions (même en présence de rendements généreux). La climatologie globalement tempérée entre le 20 septembre et

la mi-octobre a aussi facilité la conduite des vinifications.

Des Vins pays blancs de chardonnay et de sauvignon intéressants

Les producteurs de la filière Vins de pays charentais semblent actuellement assez contents de la qualité des vins blancs, rosés et rouges. Les raisins de chardonnay, récoltés entre le 10 et le 15 septembre, étaient arrivés à pleine maturité sans avoir souffert de la période de sécheresse  d’août. À l’issue des vinifications,les vins de chardonnay présentent une certaine richesse aromatique et de beaux équilibres en bouche. Les sauvignons, qui avaient un peu plus souffert du stress hydrique en août dans les sols superficiels,

ont connu une phase de maturation lente mais au final assez complète. Les parcelles récoltées avant l’épisode pluvieux de la mi-septembre, qui étaient exemptes de pourritures, ont donné des vins intéressants à des niveaux de rendements qui ne dépassent pas 50 hl/ha. Les sauvignons récoltés après les pluies

ont été plus difficiles à vinifier compte tenu de l’effet de dilution et de leur état sanitaire plus aléatoire. Les niveaux de rendements et la conduite agronomique des parcelles ont eu une incidence forte sur la richesse aromatique des raisins de sauvignon et la qualité finale des vins. Les colombards plus tardifs ont eu une  maturation un peu moins complète et les pluies de la mi-septembre ont accéléré les vendanges. Leur récolte a permis d’élaborer des vins intéressants sur le plan aromatique et ayant une perception en bouche très acidulée (exprimant parfois un peu de verdeur). Ces saveurs sont à relier à des teneurs en acide malique plutôt élevées.

De beaux Vins de pays rosés typés par l’effet cépage

L’élaboration des vins rosés est, cette année, impactée par l’effet cépage. Les rosés vinifiés à partir de merlot présentent un beau potentiel aromatique, des couleurs franches et en bouche des saveurs agréables. Les

vins issus de raisins trop mûrs extériorisent parfois en bouche un certain déséquilibre entre une richesse en alcool élevée et des niveaux d’acidité bas. Ces produits se tiennent bien pour l’instant, mais les oenologues

pensent qu’il faudra surveiller avec attention leur conservation. Les rosés élaborés à partir de cabernet franc et sauvignon ont donné des vins très plaisants et flatteurs au nez comme en bouche. Ils présentent des couleurs réellement roses et un bon équilibre TAV acidité en bouche sans aucune note de type poivron.

 

Des Vins de pays rouges aromatiques et structurés

Au niveau des vins rouges, l’incidence de l’effet cépage est aussi très perceptible. Les raisins de merlot ont été généralement récoltés bien mûrs. Les niveaux de TAV potentiels dépassaient très régulièrement

12,5 % vol. et le potentiel phénolique s’avère très correct. À l’issue des vinifications, les vins présentent de beaux arômes, des couleurs franches et généreuses et des structures en bouche associant du fruit et de

la consistance. Certains lots de vins issus de vendange très mûre extériorisent en bouche un certain déséquilibre entre des TAV élevés et des niveaux d’acidité bas. D’une manière générale, les niveaux de pH des vins de

rouges de merlot avant et après malo sont peu élevés. Les cabernet franc et sauvignon ont tiré le meilleur profit des conditions de maturation jusqu’au 10 octobre. Les mesures de potentiel phénolique

généreuses et le bon équilibre TAV-acidité laissent augurer des qualités de vins très prometteuses.

 

Des Pineaux rosés et rouges de qualité

La production de Pineau des Charentes satisfait pleinement les producteurs car 2015 « conjugue » quantité et qualité. Les raisins de merlot ont atteint cette année la pleine maturité dans pratiquement tous les types de

sols. Cette belle matière a permis d’élaborer des Pineaux rosés et rouges de couleur soutenue, avec des saveurs fruitées et de la richesse en sucres. Les efforts de conduite agronomique ont préservé beaucoup de parcelles du développement du botrytis à la suite des pluies de la mi-septembre. La

très belle arrière-saison a permis de favoriser l’expression de la typicité propre à la nature et à la précocité de chaque terroir. Le seul point d’inquiétude concerne les niveaux de pH élevés de certains lots (supérieurs à

3,70) qui les rendent plus fragiles lors de la conservation. Ils devront faire l’objet d’un suivi attentif lors de l’élevage. Les Pineaux rosés et rouges élaborés à partir de cabernet franc et sauvignon sont cette année de très belle tenue et possèdent une typicité affirmée. Leur récolte a pu intervenir tard en saison à l’issue d’une phase de maturation régulière et complète. Les produits possèdent des couleurs très nettes, des saveurs

fruitées plaisantes, une certaine longueur et un bon équilibre sucre-acidité.

Le plus :

Des Pineaux blancs de belle tenue

 

La production de Pineaux blancs est élaborée principalement à partir de trois cépages : du montils, du colombard et des ugnis blancs que la belle arrière-saison a permis de valoriser. Les premières fabrications

de Pineau blanc à partir de montils et de colombard ont commencé sur les terroirs précoces vers la mi-septembre

et sont étalées ensuite jusqu’à la fin du mois. Les pluies en cours de maturation n’ont pas altéré le potentiel de qualité des cépages précoces. Cela a permis d’élaborer des Pineaux blancs de belles tenues, très plaisants au niveau aromatique et riches en bouche. Le bon équilibre entre les concentrations en sucres et des

niveaux d’acidité corrects semble propice à une évolution prometteuse lors de l’élevage. Les ugni blanc, après avoir subi un effet de dilution suite aux pluies, ont poursuivi leur phase de maturation à partir de

fin septembre.Les viticulteurs qui ont su faire preuve depatience ont récolté de très beaux lots en fin de vendange. D’une manière générale, les niveaux de pH très corrects (entre 3,30 et 3,50) confèrent aux Pineaux blancs une certaine stabilité biologique.

 

L’ugni blanc mûr et sain

La récolte des vins de distillation est également très prometteuse dans l’ensemble de la région délimitée. Les vendanges ont commencé le 21 septembre pour les zones les plus précoces et se sont terminées le

15 octobre. La maturation des raisins d’ugni blanc a évolué très régulièrement et l’événement pluvieux de la mi-septembre a finalement fait « beaucoup de bien » aux vignes. Les pluies ont « gonflé » les rendements

de 15 à 30 hl/ha sans engendrer de phénomènes de blocage du processus de maturation. Le bon état des feuillages et une climatologie sèche jusqu’au 15 octobre ont favorisé à la fois la poursuite de la maturation et la préservation de l’état sanitaire. La durée des vendanges a été très étalée, ce qui a permis de tirer le meilleur des différents terroirs. Il n’y avait pas d’urgence à vendanger en 2015. Les viticulteurs qui ont

su faire preuve de patience et de sens de l’observation sont arrivés à concilier pleine maturité des raisins et beaux rendements. La notion d’entretien et d’état agronomique des vignobles a joué à plein.

 

Des niveaux de productivité exceptionnels et d’autres plus moyens

Les belles vignes ont produit bon et très généreusement. La prévision de rendement régional annoncée entre 110 et 120 hl/ha tout début septembre sera allégrement dépassée. La moyenne régionale sera sûrement proche de 140 hl/ha en volume avec un niveau de richesse alcoolique autour de 9,5 % vol. Des niveaux de production moyens de 12, 13, 14 hl d’AP/ha sont fréquents cette année. Certains domaines ont littéralement fait « exploser les compteurs » et d’autres ont eu des niveaux de production plus

moyens. Le bon entretien agronomique des parcelles, l’effet densité de plantation et la « jeunesse » des vignobles ont joué un rôle  prépondérant au niveau de la productivité. Les dégâts locaux occasionnés par la chlorose,le black-rot, le mildiou et l’oïdium en fin de saison ont eu une incidence très significative

sur les rendements (de – 30 à – 40 %).Les zones fortement grêlées (à plus de 80 %) au début de juin 2014

n’ont pas retrouvé leurs niveaux de production normaux. Le devenir des vignes les plus touchées par les tornades des 13 et 16 septembre dernier est très préoccupant. L’arrêt de fonctionnement trop précoce de la surface foliaire et l’état de dégradation des ceps auront sans aucun doute des conséquences pérennes sur les cycles végétatifs à venir. La végétation au niveau des têtes de souches a été presque totalement

détruite et des troncs de ceps ont été littéralement cassés juste au-dessus du bourrelet de greffage.

 

Des conditions climatiques idéales durant et après les vinifications

Les fluctuations des niveaux de productivité et les différences de maturité des vendanges liées aux effets terroirs ont eu une incidence forte sur la conduite du planning de récolte et des vinifications. Les propriétés qui ont réussi à adapter le calendrier des vinifications à l’état de la maturité au sein du parcellaire ont élaboré des vins de distillation très intéressants sur le plan de la qualité. Décaler de 5 à 6 jours la récolte d’un îlot pour améliorer la maturité aromatique des raisins était cette année un acte qualitatif important. Le  maintien d’un bon état sanitaire et la climatologie assez tempérée durant toute la durée des vendanges ont facilité le pilotage des vinifications. Comme il n’y avait pas d’urgence à récolter, la conduite du traitement de la vendange et les mises en fermentation ont pu être maîtrisées avec cohérence. L’absence de périodes très chaudes ou trop froides a aussi facilité l’implantation des  levains de LSA et le déroulement des cinétiques fermentaires. Les fermentations  alcooliques se sont déroulées de façon complète, sans incidents et sans montées en températures excessives. À partir du 14 octobre, quelques matinées bien fraîches ont permis aux vins de se refroidir et de se caler.

 

Un beau potentiel de qualité

Les premières dégustations à l’issue des vinifications sont toujours assez flatteuses. En 2015, les vins de distillation semblent révéler de la netteté aromatique et des notes acidulées en bouche. Les niveaux d’acidité

et de pH des vins avant les fermentations malolactiques sont assez moyens. Le déroulement ou pas de la FML dans les semaines à venir conditionnera leur aptitude à se conserver. Les différences d’acidité et de pH des  vins sont plus nettes entre les lots récoltés avant le début octobre et ceux de fin de vendanges. La chute des températures brutales à la mi-octobre a accéléré le refroidissement des vins à l’issue des fermentations

et ralenti le déroulement des FML en cours. Pour l’instant, les premiers résultats analytiques au niveau des vins et des microdistillats semblent confirmer les bonnes potentialités qualitatives du millésime

2015. Les oenologues de terrain, qui au 20 octobre ont déjà vu passer un certain nombre d’échantillons, confirment cette première impression. Les teneurs en alcools supérieurs et en éthanal semblent normales

et seuls quelques cuves (issues de récoltes  très précoces ou de gros rendements) présentent des concentrations en cis-3-héxénol un peu élevées. La présence de teneurs en esters légers plus abondantes conforte les bonnes impressions du potentiel aromatique des vins.

A lire aussi

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Depuis le 1er avril et jusqu’au 15 mai 2024, les télédéclarations de demande d’aides au titre de la campagne 2024 sont ouvertes.Voici tout ce qu’il faut savoir pour préparer au mieux sa déclaration.

La Chine et le cognac : un amour inséparable

La Chine et le cognac : un amour inséparable

Avec plus de 30 millions de bouteilles officiellement expédiées en Chine en 2022, la Chine est le deuxième plus important marché du Cognac. De Guangzhou à Changchun, ce précieux breuvage ambré fait fureur. Plutôt que se focaliser sur les tensions actuelles, Le Paysan...

error: Ce contenu est protégé