2013 : Un millésime tardif pas facile à appréhender

11 octobre 2013

Le millésime 2013 incarne un retour à un cycle végétatif que l’on peut qualifier de « charentais », c’est-à-dire tardif et de maturité plus hétérogène. Si, depuis le début des années 2000, le tempérament tardif de l’ugni blanc avait été fortement atténué grâce à des climatologues chaudes au printemps et en été, cette année, c’est l’inverse qui s’est produit. Le manque d’ensoleillement et de chaleur en mai et juin a eu un impact fort sur le développement de la vigne. Une floraison longue et tardive, une véraison fin août et une maturation forcément décalée. Le retard de développement de la vigne constaté à la fin juin n’a pas été compensé. 2013 est un millésime comparable aux cycles végétatifs de la décennie 80. L’impact du climat jusqu’au 15 octobre sera donc déterminant sur le potentiel volumique, le titre alcoométrique des vins, l’état sanitaire des raisins et la qualité finale des vins. Tout va se jouer « au finish », avec de forts effets terroirs, conduites des parcelles et vignerons.

Les raisins pourront-ils attendre le niveau de maturité idéal pour être récolté ? Cette interrogation préoccupe beaucoup de viticulteurs car, depuis le 20 septembre, les pluviomètres « débordent ». Fin août, la récolte semblait correcte en volume et tout le monde espérait voir les raisins se bonifier grâce à une climatologie chaude et clémente durant les mois de septembre et d’octobre. Or, l’abondance des précipitations en septembre (en moyenne 100 à 120 mm) a modifié « la donne ». Si les premières pluies ont été les bienvenues, celles de la dernière décade ont perturbé la maturation. Le déroulement de la maturation n’a pas été réellement mauvais mais pas non plus exceptionnel. La nature des sols et les pratiques d’entretien du vignoble ont amplifié ou minimisé les conséquences du climat. Parfois, des parcelles distantes d’une centaine de mètres portent une qualité de vendange très différente, bien avancée, peu mûre ou déjà un peu altéré par le botrytis. Les raisins ont pour l’instant « peiné » à mûrir dans de bonnes conditions.

Les pluies ont eu comme effet bénéfique de faire gonfler les baies, mais le potentiel de rendement ne semble pourtant pas élevé. Le poids des grappes jusqu’au 22 septembre est resté inférieur de 30 à 40 g aux valeurs moyennes, ce qui est sûrement à relier aux mauvaises conditions de floraison. Le millerandage et la coulure n’ont pas permis d’obtenir des grappes « chargées » en baies, d’où des augmentations moindres du poids des raisins et des rendements en jus plus limités. Ensuite, le nombre de grappes porté par les souches pas exceptionnel est la conséquence d’une sortie moyenne et de l’impact des nuisances des maladies du bois (une perte de production d’environ 15 hl/ha). La démarche de quantification de la productivité du vignoble conduite par les ingénieurs de la Station Viticole du BNIC de façon rigoureuse situait début septembre le pronostic de rendement moyen entre 100 et 110 hl/ha. Ce chiffre ne semble pas fondamentalement remis en cause par l’abondance des pluviométries. Néanmoins, les fortes réserves hydriques des sols représentent une réserve de potentiel volumique supplémentaire. Le manque d’ensoleillement et de chaleur durant les quatre premières semaines de maturation n’a pas été propice à une augmentation rapide des TAV potentiels qui plafonnent autour de 8 % vol. à la fin septembre. Les perspectives de fortes hausses du TAV durant le mois d’octobre sont plus aléatoires mais cela peut arriver ! La fonctionnalité de la surface foliaire sera déterminante pour synthétiser des sucres.

Le véritable sujet d’inquiétude de l’année est l’état sanitaire des raisins qui évolue de manière très fluctuante. Certaines parcelles se tiennent très bien et d’autres ont décroché depuis le 20 septembre. Les attaques tardives de vers de la grappe et des dégâts locaux de grêles ont été à l’origine de foyers qui commencent à prospérer. Le développement du botrytis et des pourritures associées seront cette année un critère prioritaire pour déclencher les vendanges au moment opportun et organiser le planning de récolte au sein des propriétés. Indéniablement, des parcelles vont pouvoir attendre et mûrir normalement et d’autres pas. Les aspects technologiques de durées des vendanges et des vinifications devront être abordés avec réalisme pour maîtriser la récolte du premier au dernier jour et tirer profit d’une nature de vendange fluctuante.

2013 va être un millésime jaloux en volume et en TAV potentiel. Quel sera le niveau de production moyen dans la région : 8, 9, 10 hl d’AP/ha ? Dans certaines propriétés, l’inquiétude prévaut et dans d’autres, on est plus optimiste. C’est sans aucun doute le niveau de richesse alcoolique des vins qui fera « grimper » l’alcool pur. Or, pour l’instant, les choses ne sont pas très bien engagées mais un mois d’octobre ensoleillé peut encore être bénéfique. Le bon sens plaide plutôt pour une production entre 8,5 et 9,5 hl d’AP/ha, ce qui serait finalement une belle récolte dans le contexte d’une année très particulière.

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