2012, un millésime plus tardif qui va se jouer au « finish »

8 octobre 2012

2012 est encore un millésime difficile, atypique, plus tardif, qui va « se jouer au finish ». Les vendanges devraient battre leur plein au cours de la première quinzaine d’octobre, après une série d’événements qui resteront gravés dans la mémoire des viticulteurs. Du débourrement aux vendanges, rien n’aura été simple ! La succession de divers aléas, une petite sortie de grappes, un peu de gel, du filage en mai, une pression mildiou extrême, une floraison longue, du millerandage, une grande hétérogénéité de stade des grappes, une forte expression d’esca et de BDA, et une sécheresse de fin de saison pénalisant la maturation… a eu des conséquences significatives sur le potentiel de production. En 2012, la nature s’est montrée rebelle et seules les propriétés ayant fait preuve de réactivité au niveau de la protection du vignoble et de constance dans l’entretien agronomique semblent aujourd’hui être en mesure d’atteindre le rendement Cognac de 10,83 hl d’AP/ha. Globalement, la production devrait se situer entre 8,5 et 9,5 hl d’AP/ha, ce qui serait tout de même une belle performance compte tenu des aléas de ce cycle
végétatif.

Faire des pronostics de rendements est toujours un exercice délicat dans un vignoble vaste et diversifié comme celui de la région de Cognac mais, en 2012, c’est devenu très complexe. Le potentiel de grappes déjà faible au départ (49 000 grappes/ha au lieu de 58 000 en moyenne sur 10 ans) a été principalement amputé par la mauvaise floraison et une pression de mildiou exceptionnelle. Les pertes de rendements liées au mildiou ont touché toutes les propriétés mais à des degrés d’intensité divers, minimes pour certaines et supérieures à plus de 25 % pour d’autres. L’impact des mauvaises conditions de floraison bien qu’étant tout aussi pénalisant s’avère moins perceptible. Les fortes différences d’entretien agronomique des parcelles ont soit amplifié soit limité les phénomènes de coulure et de millerandage. La productivité a été aussi affectée par les nuisances des maladies du bois et une période de sécheresse de fin de saison. Début août, les premières estimations du rendement régional se situaient autour de 100 hl/ ha, mais à la véraison ce pronostic a été revu à la baisse entre 85 et 90 hl/ha. La forte hétérogénéité des grappes constatée à l’issue de la floraison ne s’est pas atténuée. Dans pratiquement toutes les parcelles et sur les mêmes souches, des grappes portant des baies biens gonflées, sucrées et goûteuses en côtoient d’autres qui sont encore petites et vertes. Un certain nombre de raisins peinent à grossir. L’arrivée des pluies entre le 23 et le 27 septembre permettra-t-elle d’inverser cette tendance. Les vignes ayant le moins souffert en tireront le meilleur profit, mais relancer la physiologie des parcelles très affectées par le stress hydrique sera plus aléatoire.

Un déroulement des vendanges durant la première quinzaine d’octobre est somme toute conforme aux habitudes « Charentaises ». Dans ce contexte d’année plus tardive, l’évolution de la maturité est directement dépendante du degré de fonctionnalité de la surface foliaire des parcelles. Les effets sols, sous-sols, réserve hydrique, qualité de l’enracinement, état foliaire des souches interfèrent fortement sur l’aptitude à mûrir de chaque îlot de terroir. La première phase de la maturation s’est plutôt bien déroulée mais maintenant les deux dernières semaines vont être capitales. Les contrôles de maturité de la Station Viticole du BNIC des trois premières semaines de septembre confirment la bonne évolution du TAV potentiel, une chute de l’acidité totale constante et plutôt importante (en relation avec la chaleur), de rares foyers de botrytis et des teneurs en azote pas trop élevées. Seuls les sols très superficiels et les jeunes vignes ont semblé pâtir des
effets du stress hydrique. La situation au 24 septembre, avec des niveaux moyens de TAV potentiel déjà assez élevés de 8,5 et 9 % vol. et des acidités totales autour de 8,5 g/l, masque une forte hétérogénéité parcellaire. Les conditions de maturité idéales des raisins cognac risquent d’être atteintes sur les terroirs précoces fin septembre ou tout début octobre. Par contre, la très forte hétérogénéité de maturité au sein du parcellaire va rendre la planification des vendanges complexe. L’arrivée de l’épisode pluvieux tardif de 30 à 40 mm peut-il modifier fondamentalement le déroulement de la maturation ? On peut gagner un peu en volume et perdre aussi beaucoup si des pluies trop abondantes font éclater les grappes compactes. Dans les parcelles à petits potentiels de rendements, faut-il prendre le risque de pousser la maturation loin ? Même si les enjeux économiques à court terme plaident en faveur de cette solution, la juste appréciation des limites de cette initiative est à prendre en compte. Rechercher plus de degré signifie décaler d’une à deux semaines le début des vendanges. La fin de la récolte interviendra alors fin octobre, ce qui constitue une prise de risques non négligeable sur le plan des volumes comme de la qualité. Le botrytis peut se développer vite et avec une forte intensité sur des raisins très sucrés. Démarrer les vendanges début octobre paraît être un bon compromis pour envisager la fin de récolte 10 à 15 jours après, à une époque où les raisins auront conservé tout leur potentiel de qualité.

 

 

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