2012 : L’année de refondation de la lutte en Charentes

13 juin 2012

Philippe Guélin, le responsable de la commission technique du BNIC et de la commission flavescence dorée au sein de l’UGVC, considère que la gravité de la situation 2011 doit être l’élément déclencheur d’une mobilisation de lutte à l’échelle de toute la région délimitée. L’investissement fort des professionnels dans le dossier commence à porter ses fruits pour le court et le moyen terme.

p21.jpgLa création du comité de lutte de la région de Cognac va-t-il permettre d’aborder la lutte sur des bases différentes ?

Cette structure uniquement dédiée à la lutte contre la FD va permettre d’établir un dialogue permanent sur la maladie entre les techniciens, l’Administration et les professionnels. C’est à mon sens un événement important qui traduit la volonté de mettre en place une démarche de lutte bien coordonnée à l’échelle de toute la région délimitée. Jusqu’à présent, les acteurs se rencontraient une à deux fois par an. Désormais, les représentants de la viticulture vont participer directement à la mise en place des stratégies de lutte, ce qui permettra de gagner en efficacité. Ensuite le Sral, organisme référent en matière de lutte contre la FD, délègue à la Fredon la mise en œuvre concrète des actions sur le territoire. La Fredon s’occupe au niveau de chaque département de la lutte contre tous les organismes nuisibles aquatiques (ragondins et autres nuisibles) en s’appuyant localement sur un réseau Gdon. Ces structures déjà présentes dans le territoire viticole doivent servir de tête de pont pour mieux organiser la lutte contre la FD. Cette idée, d’autres régions l’ont mise en pratique avec succès. Par exemple dans le Bordelais, l’initiative du Gdon du Libournais a permis de développer une démarche de lutte cohérente et pérenne sur plus de 10 000 ha. Notre souhait est de demander aux délégués de l’UGVC de s’impliquer dans les Gdon pour relayer plus fortement l’engagement dans la lutte et créer une forte sensibilisation.

Le manque de moyens financiers investis dans la lutte depuis 5 à 6 ans n’est-il-pas en grande partie responsable de l’échec des stratégies de lutte ?

Il ne faut pas nier que la part des financements provenant de la région Poitou-Charentes et des conseils généraux des deux départements a été fortement réduite depuis deux ans. Ensuite le SRAL, qui faisait office d’interlocuteur référent du dossier FD, a connu une réorganisation interne qui n’a pas facilité les choses. Indéniablement, la conjonction de tous ces éléments a eu une incidence sur l’organisation de la lutte, d’où le besoin de revoir les choses. Il fallait effectivement imaginer un autre mode de fonctionnement où la profession soit plus impliquée dans toutes les décisions. La création du comité régional de lutte répond à cette attente. Le travail est en cours et nous essayons depuis plusieurs mois de mobiliser toutes les énergies pour construire un projet structuré, solide et valide sur le plan économique. Il ne faut pas se voiler la face, lutter d’une façon durable et rationnelle contre la FD demandera des moyens financiers qu’il convient de bien évaluer. Le coût des prospections et de la surveillance des vols de cicadelles représente deux axes clés de la lutte dont la mise en place sur une longue période va nécessiter des compétences et des moyens.

La réflexion sur la future stratégie de lutte est-elle définie ?

Le dialogue avec les techniciens de région impliqués dans le dossier FD est constructif et, au cours des dernières semaines, les débats ont été fructueux. Au sein de l’UGVC, une commission de 10 viticulteurs (1) a été constituée pour réfléchir aux actions et définir les axes de travail qui seront proposés par le comité de lutte régional. Deux groupes de travail ont été constitués, le premier est dédié aux moyens de communication et le deuxième aura la charge de relayer les actions au niveau du terrain en s’appuyant sur les Gdon existants dans les deux départements. Cela a débouché sur des actions concrètes avec la mise en place d’une nouvelle campagne de communication à la fois plus large et plus ciblée au niveau de chaque viticulteur. Des planches de reconnaissances des symptômes, des fiches de prospection personnalisées au nom de chaque viticulteur de la région délimitée vont être éditées dans les semaines à venir. Ces documents seront diffusés par les services du BNIC auprès de tous les producteurs de la région délimitée et de toutes les personnes ayant des parcelles de vignes destinées à la consommation familiale. Cela représente plus de 8 000 envois au total. Ensuite, l’UGVC souhaite renforcer les liens avec la FDGDON pour que des délégués locaux du syndicat deviennent des membres actifs du dossier FD au sein de chaque Gdon. En s’appuyant sur ces structures locales chargées de la lutte contre les organismes nuisibles, les délégués qui connaissent bien l’environnement local pourront convaincre les viticulteurs de prospecter et de mieux respecter la mise en œuvre de la lutte.

Ne pensez-vous pas que les moyens d’encadrement technique pour organiser la lutte doivent être renforcés ?

Notre souhait de stimuler les investigations des viticulteurs pour prospecter au cours de l’été prochain doit être effectivement coordonné par un staff technique qui soit en mesure d’organiser les choses de façon rationnelle. Les équipes de la Fredon de Cognac et des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime mettent à disposition du personnel qui fait le maximum. Vouloir faire plus de prospection sans être en mesure de les encadrer serait une erreur. C’est pour cette raison que l’UGVC a l’intention de recruter dans les semaines à venir un animateur technique de terrain. La mission de cette personne serait d’animer la lutte au sein des Gdon. Le conseil d’administration envisage de rattacher cette recrue à l’équipe de la Fredon de Cognac qui dispose d’une antériorité et de méthodes de travail opérationnelles. Nous sommes convaincus que dans l’avenir le vignoble de Cognac va devoir vivre avec la FD. Créer une mobilisation forte en matière de lutte pendant un, deux ou trois ans, c’est bien mais la faire perdurer sur une longue période semble tout aussi primordial. Réfléchir aux moyens de mettre en place une surveillance biologique du territoire permanente est aussi une préoccupation à ne pas sous-estimer. Le challenge de lutte contre la FD doit être abordé avec le plus grand sérieux et en prenant le temps de construire une démarche cohérente et pérenne.

(1) Les membres de la commission FD de l’UGVC : Jean-Paul Barbu, Fabien Bodard, Raphaël Brisson, Amaury Ferrino-Martell, Eric Gauche, Philippe Guélin, Julien Lesueur, Philippe Martineau, Anabelle Monnereau et François-Jérôme Prioton.

 

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