2009 : Un Millésime de forte maturité

2 octobre 2009

Le cycle végétatif de l’année 2009 s’est déroulé dans un contexte beaucoup plus facile que les deux précédents. La nature s’est montrée globalement clémente, et la vigne et les viticulteurs ont apprécié. Le débourrement est intervenu à une date normale pour tous les cépages et la sortie paraissait prometteuse. Début mai, la végétation régulière et plutôt dense marquait les rangs. Les vignes semblaient bien parties ! La climatologie orageuse à la fin de la première décade de mai a fait de gros ravages. Le 11 mai, la grêle a anéanti le potentiel de production sur des surfaces conséquentes, plus de 2 000 à 3 000 ha dans divers secteurs de la région (du sud de Barbezieux à Rouillac). Par la suite, quelques phénomènes de filage de grappes ont provoqué une diminution du potentiel de grappes, ce qui a été confirmé par les comptages de grappes de la Station Viticole du BNIC de la fin mai (une charge d’inflorescences seulement légèrement supérieure à celle de 2008). La fréquence des symptômes d’eutypiose, les effets âge des parcelles, le nombre de ceps réellement productifs, la charge de bourgeons laissés à la taille sont nettement perceptibles. La floraison s’est déroulée sous un climat un peu mitigé mais cela n’a pas eu de conséquences. Par la suite, le beau temps a accéléré le cycle végétatif et après la nouaison, les vignes portaient de belles grappes. Juillet, août et début septembre ont été beaux et secs, et la véraison est intervenue avec environ une semaine d’avance par rapport à 2008. Les raisins de l’ensemble des cépages Chardonnay, Sauvignon, Merlot, Colombard, Cabernet et Ugni blanc ont évolué vite et sans dégradation de l’état sanitaire. La récolte s’annonce généreuse en volume et potentiellement intéressante sur le plan qualitatif.

Le seul problème durant la première phase de la maturation a été paradoxalement l’absence de pluie qui à partir de début septembre a commencé à se faire sentir dans les jeunes vignes et sur les sols plus légers. Les raisins mûrissent vite mais quel sera leur rendement en jus ? Les avis sur le sujet sont bien sûr très partagés et faire des pronostics de récolte est un « art » difficile. La récolte des Chardonnay et des Sauvignon en Charentes et dans le Gers atteste de rendements encourageants (entre 60 et 80 hl/ha) et d’une maturité prometteuse au niveau des sucres comme des arômes. Dans le Bordelais, les vendanges des Sauvignon sont intervenues début septembre dans les Graves et vers le milieu du mois dans l’Entre-deux-Mers et le Blayais. Les rendements sont supérieurs à ceux de 2008 mais pas exceptionnels et un beau potentiel aromatique semble présent. Par contre, les œnologues de toutes les régions constatent des niveaux d’acidité bas. Les Merlot ont bien profité de l’ensoleillement exceptionnel au vu de leur richesse en sucres, mais la maturité phénolique se faisait attendre à la mi-septembre. Les premières récoltes pourraient intervenir autour du 25 de ce mois.

Les Ugni blancs ont eux aussi mûri rapidement mais l’hétérogénéité entre les parcelles semble grande en raison des variations de charge de raisins. Dans des vignes portant 80 hl/ha et d’autres à 150 hl, l’état de maturité est très différent. Le suivi de maturation de la Station Viticole confirme son déroulement rapide avec un niveau de rendements moyens autour de 115 hl/ha, des Tav potentiels proches de 10 % vol. à la récolte, une chute rapide de l’acidité et des teneurs en azote des moûts plutôt faibles. 2009 est un millésime qui s’inscrit dans la lignée des récoltes à fortes maturités comme 2003, 2005 et 2006. Elaborer des vins de distillation dans de tels contextes nécessite de la vigilance pour optimiser les dates de récolte (en tenant compte de l’état sanitaire et des exigences de maturité Cognac), maîtriser les fermentations alcooliques et ensuite conserver les vins. Les parcelles à plus faible rendement seront vendangées à partir du 22 au 25 septembre et ensuite c’est le rythme et l’intensité des pluies qui conditionnera le planning de récolte. Vendanger des raisins à sous-maturité, c’est prendre le risque d’accentuer les défauts de verdeurs dans les eaux-de-vie et vendanger des grappes trop mûres, c’est l’assurance d’avoir des vins peu acides, pas faciles à fermenter, d’une conservation plus délicate et pas forcément adaptés au profil de qualité des eaux-de-vie Cognac. Face à ce challenge difficile, l’expérience personnelle de chaque viticulteur dans la connaissance des potentialités des terroirs à mûrir les raisins sera déterminante. Bonnes vendanges !

A lire aussi

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Campagne PAC 2024 : Tout ce qu’il faut savoir 

Depuis le 1er avril et jusqu’au 15 mai 2024, les télédéclarations de demande d’aides au titre de la campagne 2024 sont ouvertes.Voici tout ce qu’il faut savoir pour préparer au mieux sa déclaration.

La Chine et le cognac : un amour inséparable

La Chine et le cognac : un amour inséparable

Avec plus de 30 millions de bouteilles officiellement expédiées en Chine en 2022, la Chine est le deuxième plus important marché du Cognac. De Guangzhou à Changchun, ce précieux breuvage ambré fait fureur. Plutôt que se focaliser sur les tensions actuelles, Le Paysan...

error: Ce contenu est protégé