Une démarche collective fondée sur des attentes réalistes
Le Le collectif Agro-Eco-Martell qui a vu le jour à la fin de l’année 2017, est désormais rentré dans une phase opérationnelle. Un groupe de 18 viticulteurs s’est investi dans ce projet en faisant preuve d’une volonté progressiste teintée de réalisme. Les enjeux de viticulture durable représentent un cap d’avenir incontournable qu’il faut conjuguer aux besoins de productivité et aux réalités économiques de court et long terme. Les initiatives mises en œuvre dans le cadre de ce groupe de réflexion présentent la spécificité d’être initiées directement par les viticulteurs ce qui en renforce leur bien-fondé.
Le collectif Agro-Eco-Martell est une démarche structurée qui s’inscrit dans le cadre du programme 30 000 des fermes DEPHY du plan Ecophyto 2. L’objectif est de promouvoir la mise œuvre des pratiques agro-écologiques et de la biodiversité dans le cadre d’une réflexion de groupe « tuteurée » par le technicien Chambre d’agriculture de Charente. 18 viticulteurs partenaires de maison Martell ont volontairement adhéré à cette initiative avec le souhait commun de mutualiser leurs expériences et de porter un regard constructif sur la mise en œuvre de diverses pratiques. Leur ambition est bien sûr de réduire l’utilisation des intrants phytosanitaires phytosanitaire de manière raisonnée et de d’être en mesure de répondre aux fortes exigences de productivité actuelles. C’est un challenge ambitieux qui est abordé avec le sens des réalités.
Aborder les choses en faisant preuve d’un progressisme teinté de réalisme
Les propriétés impliquées dans cette initiative sont représentatives de la diversité des structures viticoles de la région délimitée sur le plan des surfaces (de 15 à 160 ha), de l’organisation humaine et économique (familiale et avec des salariés) et de leur implication dans les démarches de viticulture durable. Les membres du collectif ne regroupent pas des exploitations avant-gardistes en matière de pratiques de viticulture durable. Ce sont plus simplement des acteurs réceptifs à ces problématiques mais pas forcément encore très engagés dans cette voie. Leur philosophie est d’aborder les choses en faisant preuve à la fois d’un e progressisme teinté de réalisme. Au moment de la création du collectif, tous les participants partageaient le même constat : « On doit pouvoir conduire une réflexion environnementale plus poussée dans nos vignobles en développant des démarches cohérentes par rapport aux objectifs de production actuels élevés. L’utilisation de moins d’intrants ne doit pas se faire au détriment des niveaux de rendement des vignes. Néanmoins, nous sommes pleinement que c’est un objectif incontournable à moyen terme ».
Partager des expériences, s’informer et se former ensemble
Le groupe Agro-Eco-Martell a « pris racine » en devenant une structure de partage des expériences propice à une expression riche et diverse. Les réunions se déroulent dans un état d’esprit de dialogue ouvert et de respect de la diversité des opinions. Des viticulteurs conventionnels convaincus de la réduction des phytos, côtoient des adeptes des prises de risques plus limitées et aussi deux viticulteurs bio. La mise en commun des bonnes et des mauvaises expériences dans des contextes de production différents nourrit la réflexion de chacun des membres . Cela débouche sur des initiatives de progrès réalistes adaptées aux attentes et aux spécificités de chaque propriété. L’un des particularités du fonctionnement de ce type de groupe réside dans le fait que les thématiques d’études et de réflexion ne sont pas proposées par le technicien. Ce sont les viticulteurs qui choisissent ensemble les sujets qu’ils veulent explorer. Le fonctionnement du collectif s’articule autour d’un rendez-vous individuel avec le technicien et de trois à quatre rencontres collectives annuelles (des ½ journées) qui se déroulent chaque fois dans une propriété différente. Ils sont à la fois dédiés à l’exploration des sujets d’étude choisis, à la communication de retours d’expériences et à la présentation des synthèses des pratiques du groupe.
Un inventaire objectif des méthodes de production
Le technicien de la Chambre d’agriculture joue un rôle d’animateur à la fois individuel et collectif. Lors de la constitution du groupe, il a eu en charge la réalisation des bilans agro-écologiques de toutes les exploitations. Cela a permis d’établir l’inventaire des méthodes de production (la protection du vignoble, l’entretien des sols, la gestion des effluents, l’implication dans des initiatives spécifiques, les pratiques éventuelles de petits essais, l’utilisation d’équipements novateurs, …..). Lors de la première réunion du groupe fin 2017, Jean Christophe Gérardin avait présenté cet état des lieux de façon anonyme en resituant les données par rapport aux pratiques régionales. L’ensemble de ces analyses avait nourri les échanges et les premières discussions entre les viticulteurs. Un dialogue en toute transparence avait eu lieu sur les raisons justifiant les choix technico-économiques des itinéraires culturaux de chaque propriété.
Les points clés du collectif Agro-Eco-Martell :
Une démarche inscrit e dans le cadre du programme 30 000 des fermes DEPHY du plan Ecophyto 2
Un groupe créé en d’années 2017 pour les trois années à venir
18 propriétés impliquées volontairement et réceptives aux problématiques environnementales
Un engagement la viticulture durable associant progressisme et réalisme
Une animation réalisée par la chambre d’agriculture de la Charente
Un fonctionnement collectif articulé autour d’un rendez-vous individuel annuel et trois ou quatre rencontres collectives
Les viticulteurs sont les décideurs des thèmes réflexion abordés
Le partage des expériences, la priorité de fonctionnement du collectif
Un intérêt majeur pour toutes les pratiques respectueuses de l’agro-écologie et de la biodiversité
Des sujets en phase avec les enjeux d’efficacité de protection et le respect de la bio-diversité
Le second rendez-vous du groupe a eu lieu dans le courant du mois d’avril 2018 au sein des vignobles Garandeau à Cherves Richemont. La thématique d’information était la préparation de la future campagne de protection du vignoble et les utilisations des OAD. Un débat en salle d’une grosse heure animée par le technicien de Chambre d’agriculture de la Charente eu lieu sur ces sujets en présence de plusieurs intervenants extérieurs. La matinée s’est poursuivie par une visite de l’exploitation axée principalement sur la présentation de la plateforme de lavage (et de préparation des pulvérisateurs) et d’un essai d’engrais vert. À la fin du mois de juin, un nouveau rendez-vous a été organisé à Burie chez Francis Charrier. La thématique d’information choisie concernait les aspects de biodiversité et la connaissance des insectes pollinisateurs. La présence de la chargée de mission en apiculture de la chambre d’agriculture de Charente Maritime a nourri les débats et les échanges qui ont fini au milieu des vignes. En effet, F Charrier a implanté des ruches au sein de son vignoble.
Un partage du vécu de l’année viticole 2018
À l’issue des vendanges 2018, une réunion de bilan s’est déroulée au sein des domaines Jean-Martell au Château de Lignières à Rouillac. Les viticulteurs on partagé leur vécu de l’année viticole 2 018 abondante pour certains et très décevante pour d’autres en raison de la grêle du 26 mai. Le sinistre qui avait impacté assez fortement plusieurs propriétés suscitait beaucoup d’inquiétudes. Une partie des échanges et des discussions ont concerné les partages d’expériences antérieures en matière conséquences des sinistres de grêle sur la récolte à venir et les choix de taille à mettre en œuvre. Il est aussi ressorti des débats informels une demande d’information sur les méthodes alternatives aux traitements phytosanitaires conventionnels. Ce sujet a été le thème de la dernière rencontre fin 2018 chez Amaury Thomas à Salignac sur Charente.
Une analyse détaillée des IFT et des coûts moyens de protection
Laurent Dusquesne, le technicien de la Chambre d’agriculture de la Charente a présenté le bilan des IFT 2 018 du collectif et de celles des autres groupes de lutte raisonnée de la région. Au sein du groupe, les IFT mildiou ont représenté 7,1 traitements, ceux de l’oïdium 4,6 traitements et les IFT insecticides 2,5 traitements. L’IFT herbicide moyen s’établit à 1,1 traitement mais avec de grosses variations selon les propriétés. Au global, la protection phytosanitaire de l’année 2018 du collectif atteint 15,3 IFT, soit un niveau en légère hausse par rapport à 2017. La forte pression de mildiou au printemps est à l’origine du léger accroissement de l’IFT. Le coût moyen des programmes de traitements fongicides, insecticides s’est élevé à 470 € ht/ha. La fertilisation au sol de type minérale et organique a représenté un investissement moyen de 270 € HT/ha. L’emploi de la fertilisation foliaire revient en moyenne à 72 € HT/ha. Les apports de chélates au sol de plus en plus fréquents ont coûté en moyenne 102 € HT/ha.
Des méthodes alternatives de protection très attendues !
La réunion s’est terminée par une série de témoignages d’initiatives de protection alternatives émanant de plusieurs de plusieurs propriétés du groupe. Ce sujet a suscité beaucoup d’intérêt même si certains résultats se sont avérés très décevants. Il y a eu aussi des initiatives encourageantes, des utilisations de doses minorées de cuivre, des programmes sans produits CMR, des calendriers avec des produits de bio-contrôle, de des bio-stimulants et aussi des stratégies de nutrition stimulant les défenses naturelles. La communication de tous ces résultats a suscité des discussions argumentées, étayées et surtout pleines de bon sens. Indéniablement, si des solutions de protection alternatives efficientes sont développées dans un avenir proche, ces viticulteurs n’hésiteront a abandonner «la chimie». Leur envie de produire autrement est réelle. En ce début d’année 2019, le collectif Agro-Eco-Martell aborde sa deuxième année de fonctionnement en se fixant de nouveaux objectifs. Lors des rendez-vous individuels avec le technicien, un premier point d’étape sera réalisé et de nouveaux objectifs seront fixés pour l’année à venir. Les enjeux de viticulture durable représentent désormais un cap d’évolution des méthodes de production dont la finalité sera à terme l’engagement dans le processus de certification environnemental Cognac.
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