Vin de Pays Charentais : Une filière pérennisée

10 mai 2011

Les Vins de Pays Charentais est une filière de production durablement installée dans l’univers de production de la région délimitée. Une majorité de producteurs a structuré son activité Vins de Pays, d’où la stabilité des volumes de production au cours des dernières années. Bien qu’ayant des structures modestes, le syndicat fait face aux évolutions importantes de cette filière qui change de statut et devient une IGP. Les professionnels abordent ce changement avec un sens de l’éthique affirmé et leur investissement sur ce dossier est très important.

 

 

qur_jlineau.jpgLa filière Vins de Pays Charentais semble être entrée dans une phase de maturité et de stabilité puisque les volumes affectés à cette production varient peu. Depuis 2007, les quantités habilitées se situent entre 87 000 et 90 000 hl avec une augmentation régulière des vins rosés. La production de vins blancs, avec en moyenne 35 % des volumes, a connu une profonde évolution qualitative en se recentrant depuis 10 ans sur des cépages aromatiques comme le Sauvignon et le Chardonnay. Le cépage Sauvignon reste le plus cultivé dans la région, même si sa sensibilité aux maladies du bois dans des parcelles jeunes inquiète beaucoup de viticulteurs. Les volumes de vins de Chardonnay sont soumis à des variations de production un peu plus importantes liées aux incidences climatiques des derniers millésimes et à des détournements de production vers les vins de base mousseux sans IGP. La production de vins de Colombard, bien que représentant des volumes moindres, est concentrée sur quelques opérateurs qui mettent en avant la typicité de ce cépage historique.

Au niveau des vins rouges, la forte baisse de la production liée à des arrachages entre 2004 et 2006 s’était stabilisée en 2007 et en 2008. En 2009, le nouveau recul des volumes de vins rouges habilités est en partie liée à un transfert de production vers les rosés. Cette dernière catégorie de produit connaît au niveau national une nette progression dont les Vins de Pays Charentais bénéficient. Entre 2005 et 2009, les quantités de Vins de Pays Charentais rosés habilités ont augmenté de 25 %. Le succès des rosés charentais est en grande partie liée à l’importance des volumes commercialisés sur le littoral charentais. La récolte 2010, avec 115 000 hl de production, atteste de la stabilité de la filière dans un contexte où le principal débouché régional se porte bien. Le cycle végétatif 2010 avec une fin de saison propice à la maturité a permis d’élaborer des vins de très bonne qualité. Mme Caroline Quéré-Jelineau, la présidente du syndicat, s’est félicitée de la stabilité de la filière : « Les chiffres de production de la récolte 2010 indiquent que les volumes de production de Vin de Pays Charentais semblent être totalement indépendants des autres débouchés de la région. Cela prouve à nouveau que les producteurs actuels de Vins de Pays Charentais sont totalement investis dans la filière. Ils se sont créés des débouchés dans le moyen terme et en dégagent des niveaux de revenus qui permettent de structurer l’activité. Nous ne pouvons que les féliciter car c’est sur le long terme qu’une filière se crée, se conforte et acquiert la place qu’elle mérite. »

Rendements et réforme des vins de Pays en IGP, deux préoccupations majeures

evolution_volumes_vins.jpgL’actualité de la filière Vins de Pays Charentais a été marquée sur le plan économique par deux événements importants, la fixation du rendement agronomique et la réforme des Vins de Pays en IGP. Les débats entre les différents opérateurs autour des rendements agronomiques ont débouché sur le maintien des rendements à 100 hl/ha dans un souci qualitatif. Le rendement de vins clairs a été modifié et uniformisé à 90 hl/ha entre les deux couleurs des vins (mis en application depuis la récolte 2010). La réforme des Vins de Pays Charentais, qui vont devenir des vins avec IGP, est une évolution importante et cela mobilise l’énergie des responsables du syndicat. C. Quéré-Jelineau n’a pas caché que cette évolution, qui sur le fond présente de l’intérêt pour la filière régionale, s’effectue dans une certaine douleur : « Sur le fond, la réforme semble plutôt positive car elle reconnaît les compétences des producteurs et n’applique plus de contrôles systématiques. C’est un gage de confiance vis-à-vis des producteurs. Les contrôles sont désormais étendus à l’ensemble des opérateurs de la filière. Enfin, l’IGP est un signe officiel de qualité (un SIQUO) commun à différents produits agricoles dans de nombreux pays européens qui, nous l’espérons, sera plus reconnaissable par les consommateurs. Par contre sur la forme, le vécu de la situation est beaucoup compliqué. La rédaction du cahier des charges et du plan de contrôle ressemble à une interminable partie de ping-pong en double où les quatre protagonistes, notre syndicat, l’INAO de Cognac, l’INAO de Paris et la CFVDP, ne partagent pas la même vision du dossier. Tous les coups sont permis, et l’étude des textes s’avère complexe. C’est d’autant plus surprenant que le cahier des charges doit reprendre à l’identique les différents points de notre décret de production, sauf au niveau des rendements, des mentions Charente et Charente-Maritime (devenant des mentions complémentaires) et de l’annulation de la liste limitative des cépages pour l’étiquetage. Le seul point nouveau dans le cahier des charges des AOC, qui n’existait pas dans le décret des Vins de Pays, est le lien au terroir. Comment définir une typicité liée au terroir alors que les Vins de Pays sont produits sur un territoire vaste, réparti sur les deux départements où justement les variations de nature des sols confèrent aux vins une grande diversité ? Cela a été jusqu’à présent notre richesse ! Pourquoi voudrait-on renier cette diversité qualitative ! Enfin, une dernière question sur le fond nous interpelle aussi. Si les cahiers des charges et les plans de contrôles des IGP sont calqués sur ceux des AOC, où est la différence entre ces deux catégories ? Pourquoi conserve-t-on deux catégories ? Il est vrai que l’INAO a récupéré cette catégorie de vins en gérance de façon assez brutale, mais cela ne doit pas empêcher de conserver la philosophie d’origine des vins de pays. »

Des procédures d’auto-contrôles lourdes à gérer

La mise en place de cette réforme aura aussi des conséquences au niveau du fonctionnement du syndicat. La structure avait eu jusqu’à présent un rôle de service vis-à-vis des producteurs pour les accompagner, les conseiller et faciliter la mise en œuvre de leurs productions. Ce mode de fonctionnement reposait sur l’idée toute simple que le syndicat doit être au service des producteurs qui par ailleurs en assurent le financement. Actuellement, les missions prioritaires du syndicat privilégient les contrôles documentaires et de moins en moins de contrôles organoleptiques. Les deux permanents du syndicat doivent mobiliser leur énergie pour réaliser les contrôles documentaires au niveau de l’ensemble des acteurs de la filière. Cette charge de travail nouvelle dans les démarches d’auto-contrôles ne doit pas se faire au détriment d’autres missions du syndicat, comme par exemple la mise en place d’actions de promotion. Une telle évolution du fonctionnement de la structure pose des problèmes d’ordre éthiques et matériels. Faire plus de contrôles documentaires nécessite du temps et des moyens qu’une petite structure comme le Syndicat des Vins de Pays Charentais peine à trouver. Les responsables du syndicat ont fait part de toutes leurs craintes auprès des services de l’INAO et de la CFVDP. A l’échelon local, l’équipe de l’antenne de l’INAO de Cognac fait preuve d’une grande disponibilité pour la mise en place de cette réforme qu’elle-même découvre. L’implication des deux permanents du syndicat, Angélique Malhouroux et Jean-Jacques Hauselmann, sur l’ensemble des dossiers est également saluée.

Une situation financière saine et des inquiétudes liées à la baisse des aides territoriales

Jean-Claude Courpron, le trésorier du syndicat, a présenté une situation financière saine pour l’exercice 2009-2010. La réalisation de profit exceptionnels liés à un remboursement de TVA (provenant d’aides à la promotion sur des exercices antérieurs) permet de dégager un excédent de 32 141 €. La charge de travail liée aux démarches’d’auto-contrôles, bien qu’étant impossible à apprécier au départ, a pu être assumée avec les moyens existants. Il était important d’éviter les dérives à ce niveau pour ne pas pénaliser d’autres lignes budgétaires

subventions_cr.jpgNéanmoins, la diminution régulière des subventions territoriales depuis 5 ans inquiète fortement les professionnels pour les années à venir. Leur montant est passé de 80 000 € en 2005 à 36 095 € en 2009. Depuis la récolte 2008, le niveau des cotisations payées par les producteurs s’élevait à 2,10 €/hl. Le budget total est utilisé de façon à peu près égale pour financer les actions de promotion et les coûts de fonctionnement. Les responsables du syndicat réalisent chaque année une étude des coûts de fonctionnement réels qui sert de base de réflexion pour fixer le niveau des cotisations. Bien que les évolutions profondes de fonctionnement au cours du dernier exercice pouvaient laisser craindre une augmentation des charges, il s’avère qu’en 2009 le niveau des cotisations aurait dû être de 2,17 €/hl (en 2008, il était de 2,22 €/hl). Cela a engendré un petit déficit qui a été compensé par le remboursement de TVA. Cette situation a amené le conseil d’administration à proposer une hausse de la cotisation des producteurs de 0,05 €/hl. J.-C. Courpron tient sur ce sujet un discours tout à fait transparent : « Le syndicat veut que la cotisation soit la plus juste possible. L’intégration du travail d’auto-contrôle a généré des charges que l’on cerne maintenant plus précisément. Au niveau de la promotion, les professionnels ont décidé de reconduire les niveaux de budget des années passées. L’augmentation de 0,05 €/hl contribuera à maintenir l’équilibre financier du syndicat dans la mesure, bien sûr, où les subventions des collectivités territoriales ne baisseront pas. »

Les bonnes retombées actions de promotion régionales

Au cours du dernier exercice, le conseil d’administration du syndicat a souhaité faire évoluer la communication collective des Vin de Pays Charentais sans pour autant remettre en cause radicalement les visuels existants. L’agence SYMAPS, créatrice des précédents visuels, a remodelé la campagne en proposant de nouveaux visuels élégants déclinés sous diverses couleurs et dans des formats différents. Les démarches de promotion dans la région Poitou-Charentes sont des actions prioritaires pendant la saison estivale. Une campagne d’affichage en grand format a eu lieu au cours de l’été dernier sur toutes la zone côtière de Charente-Maritime et dans les principales villes de la région, La Rochelle, Saintes, Cognac et Angoulême. En complément des publicités ont été insérés dans les guides touristiques, les magazines municipaux et la presse quotidienne régionale. D’autres supports de communication, des affiches, des sets de table (en partenariat avec la section de conchyliculture Marennes-Oléron), des pré-enseignes, des autocollants et des cartes postales ont été aussi largement diffusés. A l’issue de l’été, les retombées des actions de promotion se sont avérées valorisantes. Hugues Chapon, le secrétaire, a fait part des nouvelles pistes de réflexions en matière de communication qui pourraient être envisagées dans l’avenir. Faudra-t-il réorienter la communication en tenant compte de l’IGP ou continuer de cultiver la spécificité des Vins de Pays Charentais ? Les évolutions au niveau des étiquettes des produits commerciaux sont aussi un vecteur de communication essentiel auquel il faut porter une grande attention. La notion d’IGP est aujourd’hui peu connue par les consommateurs mais c’est un signe officiel d’origine de qualité pour tous les produits alimentaires communs à toute l’Europe. La création d’un logo communautaire spécifique où le terme « indication géographique protégée » apposé sur de nombreux produits alimentaires en fera peut-être un critère de sélection des produits important pour les consommateurs dans dix ou 15 ans.

Le Nouveau Bureau Du Syndicat Des Vins De Pays Charentais
Jean-Louis Barraud, président – Chemin de la Blanquetière, 17460 Colombiers.
Caroline Quéré-Jelineau, vice-présidente – 75, chemin de Nancrevant, 17610 Chaniers.
Hervé Pogliani, vice-président – Distilleries Charentaises, 17350 Saint-Savinien.
Jean-Claude Courpron, trésorier – Chez Mothay, 17260 Saint-André-de-Lidon.
Jacques Lys, trésorier-adjoint – Coulonges, 17920 Breuillet.
Hugues Chapon, secrétaire – Roussillon, 17500 Ozillac.
Pierre Merlet, secrétaire-adjoint – Die Merlet, Chevessac, 17610 Saint-Sauvant.
Jean-Jacques Enet, membre – 181, rue Nationale, 17590 Saint-Clément-des-Baleines.
Philippe Guélin, membre – Les Chênes-Verts, 17800 Pérignac.
Lionel Gardra, membre – La Touche, 17120 Cozes.
Thierry Jullion, membre – Les Brandonnières, 17520 Saint-Maigrin.

 

 

 

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