Père des Antilles de Jonzac, des pôles nature, pôle méca. et, plus récemment, de la maison de la Vigne et des Saveurs d’Archiac, Claude Belot croit « à la volonté dans l’histoire ». Son rôle ? Détecter ce qu’il a de plus identitaire dans le territoire. Son action, il la dirige autant « pour les gens d’ici que pour les gens d’ailleurs ».
« Le Paysan Vigneron » – Quelle place occupe le tourisme dans votre action ?
Claude Belot – J’ai longtemps présidé le conseil général de Charente-Maritime. Il y a 25 ans, la Charente-Maritime occupait le second rang des départements français pour la fréquentation touristique mais elle se situait loin, très loin du premier, le Var. Aujourd’hui, le département arrive toujours en seconde place mais l’écart s’est réduit de moitié. Pour moi, l’action touristique n’a de sens que si elle concerne la totalité du territoire ; pas seulement l’île de Ré ou Royan mais toute la Charente-Maritime, de Montguyon à Rochefort en passant par Saint-Jean-d’Angély. L’idée c’est, d’une part, de bien mailler l’espace et, d’autre part, de ne pas créer des infrastructures uniquement tournées vers les touristes. Il faut créer des pôles de connaissance qui servent autant les gens d’ici que les gens d’ailleurs.
« L.P.V. » – Des pôles de connaissance dites-vous.
C.B. – Dans un monde de plus en plus globalisé, nous avons besoin de bien connaître nos racines, notre identité culturelle. Et qu’y a-t-il de plus en plus identitaire pour les gens d’ici que la forêt, le kaolin, la vigne, l’estuaire. N’oublions pas que le vignoble de Cognac est le plus grand vignoble de vin blanc au monde. Et ce vignoble se situe pour moitié en Charente-Maritime et, à l’intérieur de ce périmètre, pour un quart en Haute-Saintonge. Créer une maison de la Vigne et des Saveurs à Archiac tombait donc sous le sens car c’est identitaire pour cette région. Même chose pour le pôle nature de Vitrezay, sur les bords de la Gironde. A cette occasion, les gens de Jonzac ont appris beaucoup de choses sur l’estuaire, qu’ils ont envie de partager aujourd’hui avec les autres.
« L.P.V. » – Le pôle Antilles ou les thermes ne relèvent pas de la même démarche.
C.B. – Un peu quand même. Nous utilisons les ressources naturelles qui sont sous nos pieds. Il faut savoir jouer de toutes les cartes de son territoire. J’avais 22 ans quand j’ai créé un comité d’expansion. A l’époque, nous subissions une hémorragie de l’emploi agricole mais nous pouvions attirer des entreprises, des PME. Aujourd’hui, la santé, la beauté, la remise en forme représentent une source d’emplois quasi illimitée. Il y a des jours où les Antilles affichent complet. D’un point de vue économique, elles fonctionnent comme un centre bénéficiaire qui contribue à la vie des autres structures. Dans la vie, il faut être imaginatif et volontariste. Je me suis toujours un peu senti comme une tête chercheuse, à l’affût de ce qui pouvait être identitaire dans ce territoire.
« L.P.V. » – Avec 123 communes, la Haute Saintonge présente la particularité d’être la plus grande communauté de communes de France.
C.B. – Le pays de Haute Saintonge regroupe 70 000 habitants. Vous êtes plus fort à 70 000 qu’à 30 000. Vous disposez de la même capacité d’entreprendre que des villes comme Bourges, Cannes ou Neuilly. Vous pouvez assumer une fonction, celle du développement local que, clairement, une petite commune ne peut pas assurer, par manque de taille critique. Quand les communautés de communes sont trop petites, elles phagocytes les communes. Elles s’occupent à leur place de la voirie, des écoles. Dans ces conditions, que reste-t-il aux communes ? Rien. Le rôle des petites communes est remis en cause. Or, c’est très utile une petite commune. D’où l’intérêt de bien caler les choses.
« L.P.V. » – Que doit privilégier l’aménagement local : l’économie, la culture ?
C.B. – Je dirais qu’entre culture et économie, il ne faut pas choisir. Les deux marchent ensemble. Les gens ont besoin d’être dans un lieu qui possède une dimension artistique, musique, conservatoire d’art dramatique, spectacles, festivals… Nos jeunes doivent avoir le sentiment d’être dans un territoire où il se passe des choses. Monter sur un vélo et ne pas bouger, c’est l’assurance de se casser la figure Nous n’avons pas baissé les bras en Haute Saintonge et j’en suis fier. Je crois à la volonté dans l’histoire.
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