L’autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé, vendredi 23 novembre, que Morgan Stanley, la grande banque américaine, détenait 7,17 millions d’actions de Pernod-Ricard, soit 6,54 % du capital. Les analystes financiers jugent « positivement rassurante » cette initiative. « Quand une institution aussi vénérable investit, avec en outre une participation si significative, c’est qu’elle anticipe une croissance de résultat solide. » Les perspectives de développement des vins et spiritueux sont aussi jugées déterminantes dans cette opération. « Dans un cadre de récession, ils devraient mieux résister que d’autres. » Le groupe français de vins et spiritueux Perno d-Ricard occupe aujourd’hui le second rang mondial, grâce à deux grosses acquisitions : le Canadien Seagram en 2001 et Allied Domecq en 2005. En partie à cause de ces acquisitions, le capital de la société est très éclaté. Avant la prise de participation de Morgan Stanley, la famille Ricard, via la société Paul Ricard, en détenait 10,68 % (17,09 % des droits de vote), GBL (holding Albert frères) 6,17 %, suivi du Néerlandais Kirin international finance (3,7 %) et de la Caisse des dépôts et consignations (3,35 %). Environ 58 % sont dispersés dans le public. La famille Ricard tente de renforcer régulièrement sa position. Le groupe a réalisé pour l’exercice 2006-2007 un bénéfice net de 831 millions d’euros, en hausse de 30 %, pour un chiffre d’affaires de 6,4 milliards. Le prochain exercice prévoit une croissance de 10 % du résultat opérationnel courant. Les analystes détectent cependant deux handicaps potentiels : la faiblesse du dollar et la perspective de payer trop cher de nouvelles acquisitions, moins porteuses de valeur ajoutée que les précédentes. Car Pernod-Ricard est candidat au rachat de la Vodka russe Stolichnaya, valorisée autour de 2 milliards d’E, qu’il distribue déjà à l’étranger. Il convoite également Absolut Vodka, propriété de Vin & Spirit, groupe que le gouvernement suédois s’apprête à privatiser. La marque est valorisée autour de 5 millions d’euros et les rivaux de Pernod-Ricard, Diageo, Fortune Brands et Bacardi sont aussi sur les rangs.
(Reprise d’un article du « Monde » du 26 novembre 2007 sous la signature de Laetitia Clavreul)