Une floraison terminée le 30 mai : C’est historique

7 juin 2011

Le millésime 2011 restera gravé dans la mémoire des viticulteurs de par sa précocité de début de saison. Les niveaux de températures exceptionnelles et une absence de pluies depuis début mars ont véritablement stimulé le cycle végétatif qui, en cette fin de mois de mai, possède trois semaines d’avance. Une floraison des Ugni blancs terminée au 30 mai, c’est du jamais vu ! La vigne a jusqu’à présent bien supporté l’état de sécheresse prolongé mais certaines parcelles commencent à « avoir soif ». La phase de maturation va se dérouler à une période habituellement chaude et ensoleillée qui peut aussi accélérer la fin de cycle. Aussi, le scénario de vendanges très précoces tout début septembre commence à être envisagé sérieusement si aucune période de fraîcheur en juillet et en août ne vient ralentir le cycle.

 

 

Le début de cycle végétatif 2011 va-t-il être une nouvelle référence en matière de précocité ? Le déroulement de la floraison avec 15 à 20 jours d’avance tend à le prouver pour l’instant. La plupart des viticulteurs ont été stupéfaits par la vitesse de développement de la végétation dans les parcelles depuis le débourrement. Après un hiver plutôt froid, un net réchauffement des températures depuis le début mars a permis aux bourgeons d’éclore à une date comparable à la moyenne des dix dernières années. C’est à partir de début avril que le cycle végétatif a été accéléré par une séquence climatique quasiment estivale pendant quatre semaines. Tous les observateurs, techniciens et viticulteurs pensaient vraiment que début mai, une période plus fraîche et pluvieuse viendrait tempérer l’ardeur de la vigne. Notre région est généralement soumise à une influence océanique en avril-mai propice à l’alternance de séquences climatiques accélérant et ralentissant le développement de la végétation. En 2011, une période de beau temps sec non-stop s’est installée jusqu’au 26 mai (la date de rédaction de l’article) et la vigne a tiré pleinement profit de ce climat exceptionnel. La croissance des rameaux a été très précoce, rapide et continue. Le suivi de phénologie de la FREDON de Cognac sur un réseau d’une cinquantaine de parcelles d’Ugni blanc permet d’observer qu’en moyenne, les rameaux avaient atteint une longueur de 40 cm au 2 mai. Ensuite, la croissance hebdomadaire est restée forte (de plus 20 cm par semaine) et le 16 mai la longueur moyenne des rameaux avait atteint 80 cm. L’observation du 23 mai met en évidence une diminution des allongements des rameaux qui sont sûrement les premiers signes des effets de la sécheresse. Le cycle végétatif de la vigne a trois semaines d’avance et les travaux de palissage ont commencé vers le 20 mai dans beaucoup de propriétés de la région.

Une précocité exceptionnelle au 20 mai

Le cycle végétatif à la mi-mai était à un stade d’avancement que l’on peut qualifier d’exceptionnel. Des Merlot, des Colombard, des Sauvignon en pleine fleur au 16 mai et quelques boutons floraux éclatés d’Ugni blanc, c’est vraiment du jamais vu. Le contexte de ce début de cycle végétatif est d’une précocité historique. En 2011, on est quasiment passé de l’hiver à l’été sans période de transition. Il n’y a pas eu de printemps et la vigne a su pleinement tirer profit de trois mois ininterrompus de beau temps. Un viticulteur commentait la situation avec bon sens : « Cette année, j’ai l’impression que l’on a toujours eu une saison d’avance. En mars on avait des températures de fin avril, en avril on se croyait au début du mois de juin et depuis la mi-mai, les températures correspondent à celles de juillet. » Des niveaux de températures au-dessus de la moyenne, un ensoleillement exceptionnel et l’absence de pluies ont véritablement marqué le climat depuis début mars et ce n’est pas un hasard si tous les vignobles de la façade atlantique ont au 25 mai une précocité de 15 à 20 jours.

La floraison des merlot terminée les 22-23 mai en Gironde

croissance_ugni_blanc.jpgEn Gironde, les Merlot étaient en pleine fleur au 17 mai et en situation précoce la nouaison avait même déjà commencé. Les 22-23 mai, la floraison se termine dans de bonnes conditions mais les deux semaines à venir vont être déterminantes vis-à-vis de la tenue des baies sur les grappes. La charge d’inflorescences correcte dans les Merlot avec des charpentes plutôt importantes laisse espérer un beau potentiel de production, mais il convient de rester prudent avec ce cépage très sensible au millerandage. Une période plus fraîche pourrait provoquer des pertes de baies. L’écart de floraison entre les Merlot et les Carbernet (8 à 10 jours) s’est resserré puisqu’au 20 mai, la plupart des parcelles de ce dernier cépage commençaient à fleurir. Le beau temps aidant, la plupart des Cabernet auront terminé leur floraison au 25 mai et le potentiel de grappes s’annonce très correct. Quand aux Sauvignon blancs, ils ont fleuri dans l’Entre-deux-Mers et le Blayais entre le 18 et le 23 mai dans de bonnes conditions et la charge de grappes s’annonce supérieure à celle des deux dernières années.

 

Les premières fleurs d’ugni blanc en Charentes, les 16 et 17 mai

En Charente, les Chardonnay ont terminé leur floraison le 20 mai et à priori les premières observations laissent espérer une charge de grappes intéressante. Les Colombard et les Merlot à mi-floraison au 20 mai devraient tirer profit des bonnes conditions climatiques pour confirmer un potentiel de production intéressant. Les Sauvignon ont fleuri avec quelques jours de décalage, mais le processus de fécondation s’est à priori déroulé vite. La floraison des Cabernet, commencée quelques jours après celle des Merlot, s’est effectuée rapidement. Les premières fleurs d’Ugni blanc ont été repérées les 16-17 mai et le 23 mai, le stade mi-floraison dans l’ensemble de la région délimitée est atteint. On peut penser qu’avec le beau temps annoncé dans la semaine 21, la floraison sera terminée à la fin du mois de mai dans la très grande majorité des parcelles. Cette année, l’écart de précocité entre les terroirs précoces et tardifs s’est aussi resserré et la floraison se déroule d’une manière assez homogène, même si un décalage de quelques jours existe entre la frange côtière du vignoble et les secteurs plus au nord-est.

Un potentiel de grappes plutôt faible sur les ugni blancs

La charge d’inflorescences dans les Ugni blancs au niveau de l’ensemble de la région paraît cette année assez contrastée. Certaines parcelles s’avèrent chargées alors que d’autres sont plus maigres. Le niveau de mortalité des souches, l’âge respectable de certaines parcelles et leur état agronomique sont des éléments qui influencent directement la productivité. Le potentiel d’inflorescences en 2011 s’annonce comme moyen et inférieur à celui de l’année dernière. Des phénomènes de filage durant la première quinzaine de mai se sont produits dans de nombreuses parcelles, mais la structure des inflorescences est bien charpentée. Des jaunissements foliaires apparentés à de la chlorose sont apparus dans des secteurs très calcaires, ce qui est surprenant compte tenu de la climatologie chaude et sèche. Vincent Dumot, de la Station Viticole du BNIC, estime que ces phénomènes ne correspondent pas une chlorose ferrique véritable mais plutôt à une des premières conséquences indirectes de la sécheresse : « Dans les situations de coteaux sur des sols superficiels, l’état de sécheresse depuis deux mois a pu entraîner une nette diminution de l’hygrométrie des sols qui ralentit l’activité des bactéries assurant la transformation de l’azote organique en azote minérale. Les jaunissements foliaires et certains phénomènes de filage sont peut-être à relier à un déficit d’assimilation azotée alors que la croissance est rentrée dans une phase très active. » Par ailleurs, un certain nombre de parcelles entretenues en non-cultures (enherbées au niveau des interlignes et
désherbées sous le rang) depuis 15 ou 20 ans ont été récemment travaillées mécaniquement. Le passage d’outils mécaniques à proximité des souches, dans une zone où se situe 60 % des racines dans les vignes larges, a pu sectionner des racines assurant l’alimentation des souches. Dans une période aussi sèche, cela peut perturber l’alimentation hydrique et minérale et provoquer une réaction de la plante sous la forme d’une chlorose. Les résultats des comptages d’inflorescences réalisés par la Station Viticole du BNIC sur le réseau maturité viennent de confirmer un nombre d’inflorescences plutôt faible. Il se situe à 54 000 grappes/ha soit un niveau inférieur à 6 % à la moyenne décennale et de 10 % à celui de 2010. Le potentiel de récolte estimé au 23 mai serait plutôt faible mais la donnée issue des comptages d’inflorescences ne constitue qu’un aspect de la démarche de détermination du volume de production. La qualité de la floraison, l’intensité du tri des baies durant la nouaison et l’évolution du poids des grappes pendant la maturation interfèrent fortement sur la détermination du rendement final. En 2009, un nombre d’inflorescences faible (51 000 grappes/ha) au départ n’a pas empêché d’atteindre des rendements très corrects car un poids des grappes élevé avait compensé.

Qualité de floraison, qualité de nouaison et alimentation azotée

Dans les situations les plus précoces, la floraison a commencé vers les 16-17 mai et se déroule dans des conditions sèches et ensoleillées. Le stade mi-floraison a été atteint vers les 22-23 mai et à priori la pollinisation devrait s’effectuer normalement et rapidement même si certaines températures matinales fraîches sont une source d’inquiétude. La floraison devrait se terminer dans les derniers jours de mai, ce qui constitue un record de précocité pour notre région. Les prévisions météorologiques à 12 jours prévoient la continuité d’un beau temps ensoleillé un peu plus frais. Jusqu’aux 4-5 juin les températures minimales seraient comprises entre 6 et 10 °C et il n’est toujours pas prévu de pluies abondantes. Les mesures de captures de pollen de la Station Viticole du BNIC apporteront à la mi-juin une information juste sur la qualité du déroulement de la floraison. La situation de sécheresse va donc se prolonger et tout le monde se demande si le cycle végétatif ne va pas en pâtir ? Les techniciens et les viticulteurs commencent à observer quelques parcelles qui souffrent mais jusqu’à présent ces situations restent marginales. Le contexte climatique de début juin va être déterminant vis-à-vis de la tenue des baies sur les grappes. Si la nouaison stabilise le potentiel de baies, les perspectives de productivité pourraient être revues à la hausse. Vincent Dumot considère que la bonne alimentation azotée dans la période de post-floraison est pour l’instant le problème principal de l’année : « Les conditions de fécondation lors de la floraison jouent un rôle majeur vis-à-vis du bon déroulement de la nouaison. Mieux se passe la floraison, plus le taux de nouaison est important et plus les baies auront ultérieurement une aptitude à grossir. La crainte de l’année se situe au niveau de l’alimentation azotée dans la période de post-floraison qui correspond à une phase de forte demande. L’état de sécheresse prolongé des sols en 2011 risque de perturber l’assimilation de l’azote dans cette période clé et entraîner une chute de la croissance et une migration moindre d’azote dans les grappes durant la phase de maturation. Dans la situation actuelle, il est compréhensible que la crainte des conséquences directes des effets de la sécheresse sur le grossissement des baies durant l’été commence à préoccuper l’esprit de beaucoup de viticulteurs. Le fait que visuellement une vigne souffre ne signifie pas que l’alimentation hydrique soit profondément affectée. En effet, le vignoble charentais possède des caractéristiques qui lui confèrent une aptitude naturelle à résister à la sécheresse. La forte proportion de vignes larges limite les phénomènes d’évapo-transpiration par rapport à des vignobles à plus forte densité. Ensuite, la nature d’une grande partie des sols argilo-calcaires de la région avec des sous-sols fissurés et possédant des réserves hydriques conséquentes confère aux vignes bien racinées une bonne résistance au stress hydrique. »

Les effets de la sécheresse affectent encore peu la vigne

Le ralentissement de la croissance végétative constatée dans la semaine du 16 au 23 mai traduit probablement les premiers effets d’une sécheresse persistante à laquelle le vignoble est confronté. La dernière séquence pluvieuse véritable dans la région délimitée remonte au début du mois de mars et la crainte d’une insuffisance de l’alimentation en eau pendant la phase estivale est réelle. La situation de sécheresse, qui jusqu’à présent a peu affecté le développement de la vigne, suscite par contre beaucoup d’inquiétudes chez les éleveurs et les céréaliers. Le déficit de précipitations depuis le début de l’année pénalise le développement des prairies, des céréales, des oléagineux et des maïs. Les interdictions d’irrigation déjà en vigueur dans les deux départements suscitent une profonde inquiétude auprès des exploitants qui voient dépérir leurs récoltes. L’équilibre économique de bon nombre de propriétés va en être fragilisé. Toutes les plantes annuelles et pérennes ont un cycle de développement dont le déroulement est lié à une somme de températures. C’est pour cette raison que la nature « exprime » le réchauffement climatique. Les pairies, les céréales, les oléagineux, les arbres fruitiers et la vigne sont d’excellents marqueurs de l’évolution climatique. En 2011, les moissons vont être avancées de trois semaines et la vigne a aussi une avance considérable.

Le scénario de vendange très précoces est à envisager

Au niveau de la vigne, le bienfait de cette sécheresse persistante de début de saison concerne la protection du vignoble. Le mildiou est absent des parcelles et beaucoup de viticulteurs ont très peu traité. Faire l’impasse d’une protection mildiou était vraiment possible en 2011 au cours de cette première partie de cycle végétatif. L’oïdium a été le déclencheur des premières applications au stade boutons floraux séparés et les observations des techniciens en début de floraison ont permis de repérer les premières tâches foliaires. Le maintien d’une couverture sérieuse jusqu’à la fermeture de la grappe est conseillé. Les économies au niveau du mildiou sont si importantes qu’à la fin de cette campagne, une partie des besoins en phytos pour 2012 sera pourvue. La grande inquiétude du moment demeure l’absence de pluies car bon nombre de viticulteurs se demandent si les vignes auront la capacité à assurer une alimentation hydrique normale de la végétation et des raisins durant les trois mois à venir. Si l’avance actuelle de trois semaines n’est pas ralentie par une phase de nouaison longue ou un stress hydrique majeur, la véraison des premiers raisins d’Ugni blanc pourrait intervenir autour du 15 au 20 juillet et les vendanges seraient très précoces dans les premiers jours de septembre. Les conditions climatiques du mois d’août seront déterminantes vis-à-vis de la date de récolte du millésime 2011. Si ce scénario venait à se confirmer, vendanger à cette époque posera des problèmes inédits en matière de vinification.

Flavescence Dorée De La Vigne : Dates De Traitements Insecticides Obligatoires 2011
Conformément aux dispositions prévues par l’arrêté portant organisation de la lutte contre la maladie de la flavescence dorée et contre la maladie du bois noir de la vigne pour l’année 2011 pour les départements de la Charente et de la Charente-Maritime en date du 18 mars 2011, il est prévu que des traitements insecticides soient effectués contre l’insecte vecteur de cette maladie, la cicadelle Scaphoïdeus titanus.
Les traitements insecticides sont à positionner comme suit :
– 1 mois après l’apparition des premières éclosions des œufs, afin de lutter contre les larves ;
– 15 jours après le premier traitement, afin de lutter contre les larves résiduelles ;
– 1 mois après le second traitement, afin de détruire les adultes.
En fonction de la biologie de l’insecte, les dates retenues en 2011 pour la réalisation de ces traitements sont les suivantes :
● Traitement N° 1 = T1 : entre le 30 mai et le 5 juin (semaine 22).
● Traitement N° 2 = T2 : entre le 13 juin et le 19 juin (semaine 24).
● Traitement N° 3 = T3 : fin juillet, 15 jours après l’apparition des formes adultes ailées de la cicadelle de la flavescence ; période d’apparition communiquée au travers du bulletin de santé du végétal Vigne Charentes accessible sur le site internet de la Direction Régionale de l’Alimentation ,de l’Agriculture et de la Forêt Poitou-Charentes http://draaf.poitou-charentes.agriculture.gouv.fr/ rubrique « la DRAAF vous informe ».
Les 3 traitements T1, T2 et T3 sont obligatoires sur l’ensemble des communes contaminées.
Les 2 traitements T1 et T3 sont obligatoires sur l’ensemble des communes du périmètre de sécurité et des communes en cours d’assainissement.
Pour connaître le statut de votre commune, se référer à l’arrêté portant organisation de la lutte contre la maladie de la flavescence dorée et contre la maladie du bois noir de la vigne pour l’année 2011 pour le département de la Charente.
La liste des spécialités autorisées contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée est consultable en libre accès sur le site http://e-phy.agriculture.gouv.fr (catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France).

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