Un palissage robuste pour réduire les charges d’entretien

29 août 2016

La sarl La Couture à Chérac exploite un vignoble de 70 ha avec des vignes de toutes densités, 40 %  de parcelles à 2 m datant des années soixante et 60 % de vignes larges dont une proportion significative d’îlots plantés dans le courant de la décennie 70. Le renouvellement des plantations est devenu depuis dix plus important pour faire face aux maladies du bois. Jérôme Cocuaud, le responsable de la propriété aborde la mise en place des nouvelles parcelles en portant une attention particulière au renforcement des densités de plantations et l’établissement des vignes avec un palissage solide.

– Revue Le Paysan Vigneron : – Le taux de replantation de votre propriété a-t-il beaucoup fluctué au cours des 20 dernières années ?

 

– Jérôme Cocuaud : – Nous avons toujours eu une politique régulière de renouvellement du vignoble même pendant les périodes économiques difficiles. Jusqu’en 2006, le taux de replantation était de 2 % et depuis l’augmentation des surfaces, nous replantons 3 ha/an en moyenne. Les vignes larges à 3 m des années soixante-dix sont celles que nous renouvelons actuellement. Bon nombre de ces parcelles sont littéralement épuisées et les taux de manquants sont importants. Il est assez paradoxal d’observer que les vignes étroites à 2 m de la décennie 60 ont beaucoup mieux vieilli. Elles continuent de faire de bons rendements grâce un potentiel de souches encore élevé.

 

– Revue Le Paysan Vigneron : – Dans vos nouvelles plantations, quelles sont vos attentes en matière de palissage ?

 

– Jérôme Cocuaud : – Le choix de matériaux de palissage ayant une meilleure longévité est devenu pour nous une préoccupation importante. Nous avons décidé de resserrer nos densités de souches à l’hectare en plantant à 2,70 m X 1 m   afin de faire face aux taux de mortalité des ceps plus importants (liés aux maladies du bois). Notre souhait est aussi de repousser au maximum l’entretien du palissage et tout particulièrement le remplacement des piquets. Dans des jeunes plantations établies avec des piquets en pins injectés, les premiers remplacements  commençaient à partir de 12 ans. J’avoue que changer 30 à 40 piquets/ha dans des vignes aussi jeunes m’a interpellé.

 

– Revue Le Paysan Vigneron : – Comment avez-vous organisé l’entretien du palissage ?

 

– Jérôme Cocuaud : – Les travaux de d’entretien du palissage sont effectués après les vendanges par les salariés permanents de la propriété. Sur l’ensemble des 70 ha, les plantations de moins de 10 ans représentant environ 20 ha sont considérées comme étant en parfait état et nous n’y passons pas. On a ensuite coupé le vignoble en deux pour réaliser la remise en état parfaite chaque année de 25 ha. Dans ces vignes, nous vérifions tout, les amarres, les fils, les cavaliers, les fils, les piquets et les tendeurs. Nous vérifions seulement la solidité des amarres dans les 25 ha restants. L’entretien du palissage demande de la rigueur et de l’attention pour bien faire le tour de tous les rangs. Le fait d’entretenir le palissage chaque année d’ 1 ha sur deux nous donne satisfaction.

 

– Revue Le Paysan Vigneron : – Avez-vous chiffré les temps de travaux et les coûts d’entretien du palissage ?

 

– Jérôme Cocuaud : – En moyenne, l’entretien du palissage nécessite 10 heures de travail par hectare et 250 heures pour les 25 ha. Le coût de la main d’oeuvre se situe autour de 160 €/ha (en prenant comme base horaire 16 €). Nous mettons des piquets neufs en pin dans toutes les parcelles mêmes dans les vignes à 2 m. Chaque année, nous changeons en moyenne 1 500 piquets soit l’équivalent de 60 unités/ha. En prenant un prix moyen de 5 € ht le piquet en pin de 2,30 m, le coût hectare des fournitures se situe autour de 300 €. Il me semble que ces coûts devraient être en réalité répartis sur les 50 ha de vignes palissées ayant besoin d’être entretenu chaque année.

 

– Revue Le Paysan Vigneron : – Quelles sont vos attentes prioritaires au niveau d’un palissage neuf ?

 

– Jérôme Cocuaud : – Le palissage idéal est bien sûr celui qui va durer toute la vie de la vigne en ne réalisant aucune intervention d’entretien. Ce la me paraît encore impossible ! Les deux priorités d’un palissage me paraissent être la robustesse pour accroître sa longévité et la capacité à permettre une bonne aération de la végétation. La réflexion sur le mode d’agencement des amarres, des piquets de tête et de rang, l’optimisation de la tension des fils et l’utilisation de piquets fer avec des longuets bien réparties contribuent à minimiser les travaux annuels d’entretien et facilitent l’organisation des relevages. Avec les piquets fer, la présence de nombreux longuets permet de passer relever plus tôt. Cela limite considérablement l’essolage et facilite le passage des tracteurs. On passe ensuite une deuxième pour remonter les fils releveurs à leur niveau normal. Les deux interventions de relevage manuel sont rapides et limitent les phénomènes d’entassement de végétation. C’est aussi beaucoup moins fatigant pour le personnel.

 

– Revue Le Paysan Vigneron : – Quelle structure de palissage mettez vous en place dans vos nouvelles plantations ?

 

– Jérôme Cocuaud : – Nous utilisons que des piquets fer à la fois pour les têtes de rangs et dans le rang. Après avoir essayé une diversité de matériaux dans les vignes hautes, je crois qu’il faut surtout privilégier les aspects de robustesse. Les palissages portent une charge de végétation et grappes importante et parfois l’incidence du vent est forte. Vouloir économiser 0,50 € sur un choix de profil de piquet moins costaud est à mon sens un mauvais calcul. Les discussions que j’ai avec l’équipe de la coopérative de Chérac sur les matériaux de palissages sont toujours enrichissantes. Pour les piquets nous utilisons des Profil Alsace renforcés de 2,30 m et dotés de linguets pour les fils fixes qui une fois réappuyés, les bloquent définitivement. Les piquets sont enfoncés de 50 cm dans le sol pour traverser la couche de terre arable et les bloquer dans le sous-sol calcaire. Les piquets sont implantés généralement toutes les 5 souches et dans les parcelles soumises au vent, on les resserre tous les quatre ceps. Nous installons aussi quatre fils fixes ( Crapal 4)pour bien séparer la végétation lors des deux interventions de relevage. Au niveau des amarres, on utilise des Fer à T d’un mètre et des cablettes inox reliées avec des tendeurs Maxtensor. L’ensemble des fils fixes et des releveurs sont équipés de tendeurs gripple.

      – Revue Le Paysan Vigneron : – Avez-vous chiffré précisément le niveau d’investissement dans ces palissages robustes ?

 

Jérôme Cocuaud : – L’investissement global dans la structure de palissage que j’ai décrite revient en moyenne entre 5500 et 6000 € ht/ha. Le surcoût par rapport à des matériaux classiques est plus important mais nous avons déjà réalisé des économies significatives au moment de l’implantation du palissage. L’installation des ancrages des bouts de rangs, la pose des fils, leur tension ont été nettement plus rapides. Les premières vignes établies avec cette structure de palissage en 2007 n’ont pas encore bougé. Le très bon état actuel de ces jeunes parcelles me laisse penser que le premier entretien va être repoussé d’au moins 5 ans. Libérer les salariés permanents d’une partie des travaux d’entretien du palissage me paraît être judicieux. Leurs compétences seront mieux valorisées dans la préparation des entreplantations.

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