UGVC : Réunions d’information

19 avril 2012

« préparer l’avenir »

L’UGVC (Union générale des viticulteurs pour l’AOC Cognac) a tenu, du 20 au 29 février 2012, huit réunions de secteurs dans les différents crus de l’appellation. Objectifs : aller à la rencontre des viticulteurs, débattre des dossiers d’actualité, dont celui des droits de plantation.

 

 

p6.jpgCes réunions de début d’année restent toujours de mini-performances pour ceux qui les tiennent. Aux manettes cette année Christophe Forget, le président de l’UGVC et Stéphane Roy, le secrétaire général du syndicat. Ils animèrent chacune des huit réunions (1), avec, à deux reprises, un double rendez-vous dans la même soirée, à 17 heures et à 21 heures. A chaque fois, ils étaient assistés du vice-président du cru. En tout, se sont déplacés à ces rendez-vous environ 300 viticulteurs, un chiffre sans doute en deçà des espérances mais qui reste honorable. Surtout, des propos furent échangés, sans tabou, avec une grande liberté de paroles. Le format des réunions y aidait : un ordre du jour ramassé et des exposés sans
redondance.

Pourquoi adhérer à l’UGVC ? Pourquoi payer une cotisation ? A Saint-André (commune de Louzac-Saint-André près de Cognac), Béatrice Soucaret, la vice-présidente du cru Borderies, a répondu à la question qu’elle s’était elle-même posée. « Il est important de se fédérer si l’on veut faire entendre sa voix. L’union fait la force. Sans syndicat, il n’y a pas de développement possible. Nous ne pouvons que subir la situation. Le syndicat est force de propositions. Mais il a besoin de vous. Sans adhérent, le syndicat n’existe pas. »

Elle a parlé de l’organisation pyramidale de l’UGVC et des services proposés par le syndicat. Elle a terminé en lançant un « appel au peuple » : « Il y a 164 exploitations en Borderies. L’objectif est qu’il y est 164
dhérents à l’UGVC. »

Christophe Forget, le président du syndicat, a détaillé les bons chiffres du Cognac. Pour conclure qu’il fallait « préparer l’avenir ». Parmi les points à l’ordre du jour (gestion de la production, aides à la restructuration), il en fut un qui mobilisa plus que les autres le temps de parole : la libéralisation du droit de plantation.

« Sortons de notre microcosme »

« Sortons de notre microcosme. Faisons en sorte que la réflexion régionale s’insère dans une réflexion bien plus large » a appelé Ch. Forget au sujet des droits de plantation. Il a fait état de la motion interprofessionnelle votée en janvier 2011 par le BNIC. « A travers une gestion interprofessionnelle, avoir une régulation partagée de notre potentiel de production. » Au niveau européen, il a évoqué « un texte chapeau, sur lequel les Etats membres pourraient venir s’imbriquer, avec des modalités de gestion définies au niveau de chaque Etat membre ». « Nous avons besoin, a-t-il précisé, d’un texte transversal qui serve de cadre commun, afin qu’ensuite chaque spécificité régionale puisse s’exprimer. »

Mais, pour ce faire, faut-il encore que la Commission européenne réécrive son texte, texte qui, en 2007, libère les droits de plantation à l’horizon 2016. « La majorité qualifiée au Conseil des ministres européen est à portée de main, a noté Christophe Forget. Avec l’appui du Parlement européen, cette majorité qualifiée peut inciter la Commission à revenir sur la suppression des droits de plantation. Nous devons rester vigilants et totalement mobilisés jusqu’à fin 2012. »

« L’année 2012 va être déterminante pour le dossier des droits de plantation » a confirmé Stéphane Roy. Le secrétaire général de l’UGVC est convaincu d’une chose : « Les droits de plantation tels qu’on les connaît aujourd’hui, c’est terminé ! Il faut l’accepter. » La preuve de ce qu’il avance, il la trouve dans les aides à la restructuration. « Cet argent, que la viticulture a accepté, était la contrepartie de la libéralisation des droits. Les aides s’intégraient complètement au plan global de la nouvelle OCM. Un « deal » existait. Il faut bien garder cette notion présente à l’esprit. »

« Unanimité
viticulture/négoce »

S. Roy est revenu sur la motion votée par le BNIC « et validée par le conseil d’administration de l’UGVC ». « Le BNIC est la première interprofession française à avoir trouvé une unanimité viticulture/négoce sur la question des droits de plantation. Cela confère une grande force de proposition au BNIC. » Certes mais pour proposer quoi ? Réponse du professionnel : « Un système qui protège nos spécificités. Il n’est pas question de se faire imposer une solution qui ne nous correspondrait pas. » Le viticulteur en est arrivé assez vite au PAPE (Production annuelle par exploitation). « Le PAPE doit être partagé par l’ensemble de la filière. Il doit être co-piloté par les deux familles de la viticulture et du négoce. » Il a décrit le PAPE comme « un droit de plantation amélioré, qui prévoit effectivement une interdiction de planter des vignes de manière “sauvage” mais donne aussi de la souplesse économique, afin d’améliorer la compétitivité des exploitations. » En tout cas celles qui le désirent. Car le recours au PAPE est libre. L’idée rejoint à s’y méprendre celle du quota d’exploitation né du Plan Guionnet : pouvoir produire le même « quota » – le même volume – sur moins de surface, à des fins d’optimisation économique, de gestion plus facile du renouvellement du vignoble (plantations anticipées).

Au cours des discussions entre SGV et SVBC, durant l’année 2011, a été précisée la notion de lien au sol. Un ha = un droit à produire et pas davantage. « Avec un potentiel de 20 ha plantés ou en portefeuille, on pourrait avoir moins de 20 ha au sol mais pas plus de 20 ha. Sinon, cela signifierait que l’on accepta la libéralisation. »

Autre raison pour conserver le lien au sol. C’est ce lien au sol qui, dans le cadre des IG (Indications géographiques), légitimise le droit à produire, lui donne son assise juridique. Il est indissociable, fondateur de l’Indication géographique. L’autre déclinaison, c’est que le propriétaire du sol serait le propriétaire du droit, et lui seul. Dans le cadre du PAPE, il a été fait état de la volonté professionnelle d’interdire le transfert d’un cru à un autre.

Des doutes sur
la stratégie régionale

Dans la petite salle municipale de Saint-André, un viticulteur a pourtant émis des doutes sur la validité de la stratégie charentaise : « Je reste persuadé que se mettre en marge des autres régions françaises – qui demandent la réinscription d’un instrument juridique proche de celui des droits de plantation – est une position intenable. Ici, à Cognac, nous ne nous portons pas si mal. Nos spécificités sont-elles si grandes que l’on court le risque de faire capoter l’ensemble ? »

« C’est beaucoup de réflexions pour pas grand-chose » a estimé un autre vigneron. « Si les pays européens s’unissent pour aller contre la libéralisation des droits de plantation, pourquoi nous désolidariser ? »

Stéphane Roy a repris l’argument des aides à la restructuration. « La suppression des droits de plantation a été actée en 2008. En échange, nous avons accepté les aides à la restructuration. »

Le président de l’UGVC, Christophe Forget, a évoqué, quant à lui, la grande particularité charentaise qui consiste à produire une AOC, le Cognac, à partir d’un vignoble sans IG (sans indication géographique) ». « Il ne faudrait pas qu’un encadrement européen protège les vignobles IGP et AOP et laisse de côté les vignobles sans IG. » Et comme l’on est jamais si bien servi que par soi-même, autant être « force de proposition ».

Sur la dimension prospective de « préparer l’avenir », il a été dit qu’il fallait « que le potentiel de production soit adapté à la demande ». Et non l’inverse.

« Faudra-t-il planter un jour ? » s’est interrogée la salle. « C’est une question importante et nous devons nous la poser » a répondu Stéphane Roy. « Pour l’instant, nos 75 000 ha de vignes nous permettent de faire face. Avant de parler replantation, pensons d’abord à renouveler. Toutefois, si le marché devait grandir, le PAPE permettrait de développer le vignoble. » « Oui, a confirmé Christophe Forget, mais par le bais d’une réflexion collective et à la marge. Cela ne se traduirait pas, comme il y a quarante ans par 20 ou 30 % d’augmentation. »

(1) Archiac, Saint-André, Matha, Segonzac, Vaux-Rouillac, Gémozac, Mirambeau, Hiersac.

Les services proposés par l’UGVC

Le syndicat UGVC propose deux grands types de services : services à caractère économique (défense du revenu) et services à caractère juridique : aide au remplissage des déclarations, aide au suivi des plantations…

Emilie Chapalain anime la première catégorie. Les adhérents du syndicat peuvent profiter des négociations collectives sur le prix du gaz de distillation, sur différentes fournitures (tuyaux…). L’observatoire des prix du Cognac est une autre manière de se tenir informé.

Marlène Tisseire est responsable du service juridique. En période de dépôt de dossier, elle tient une permanence tous les mercredis après-midi. C’est le cas depuis le 22 février 2012, où une permanence a été mise en place pour le remplissage de la Déclaration de fabrication. Véritable pivot de l’appellation Cognac, la Déclaration de fabrication est un nouveau document. Pour les bouilleurs de cru à domicile, il remplace l’Après-travaux de distillation. Il concerne aussi tout ce qui est « retour à façon ». Plus globalement, il couvre la fabrication du rendement commercialisable ainsi que les réserves de gestion et climatique. C’est le document de revendication de l’appellation. C’est aussi lui qui permet au BNIC de vérifier qu’il n’y a pas dépassement du rendement.

« Des petites erreurs peuvent se glisser sur la méthode de calcul, la prise en compte des freintes… » explique Marlène Tisseire. Si ces erreurs ne sont pas corrigées, ce sont elles qui entraînent de légers dépassements et l’envoi de courriers. Sur la récolte 2010, plusieurs centaines de viticulteurs furent dans ce cas.

Début mars, ils étaient une quinzaine de viticulteurs à se présenter chaque mercredi après-midi à la Maison des Viticulteurs (avec ou sans rendez-vous), mais la directrice du syndicat prévoyait une montée en charge fin mars-début avril. Il est envisagé que le syndicat propose de telles permanences avant chaque date de dépôt : déclaration d’affectation, déclaration de récolte… Ce service est gratuit et ouvert à tous les adhérents.

L’offre syndicale se décline en trois versions, correspondant à trois niveaux de cotisations :

l Offre 1 : 5 €/ha + 10 € forfaitaires pour la lettre d’info. mensuelle Avenir du Cognac.
l Offre 2 : 5 €/ha + 40 € (Avenir du Cognac + revue de presse).
l Offre 3 : 5 €/ha + 50 € (service juridique, Avenir du Cognac, revue de presse). Dans ce cadre-là, le service juridique correspond à un service individualisé.

 

 

 

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