Pour ces organisateurs de transports internationaux, dont le métier est d’acheminer la marchandise du propriétaire au destinataire final, le transport tend à devenir la partie la plus simple. Dans la chaîne logistique, les prestations annexes revêtent de plus en plus d’importance.
Directeur de DHL Danzas Cognac (1), Richard Vinçonneau a vu son métier évoluer au fil du temps. Alors que la partie transport pur représentait la prestation la plus importante, finalement, elle tend à se révéler la plus facile. Prennent le pas les prestations annexes (et non pas secondaires) telles que les formalités douanières, les produits liés aux assurances, toutes les questions relatives aux normes ISO, pour le transitaire lui-même mais aussi pour ses sous-traitants, l’aspect « tracing » lié à la possibilité de suivre les expéditions tout au long de leurs périples, à des fins d’informations statistique ou pour mieux gérer les stocks… « Toute la chaîne agroalimentaire et dans notre cas la chaîne du Cognac réclame un grand nombre d’opérations de commerce international. Cela ne s’improvise plus. Il faut être organisé et rigoureux. C’est peut-être la différence entre aujourd’hui et il y a quinze ans » explique R. Vinçonneau.
Formalités douanières à l’exportation, acheminement au port d’embarquement, transport maritime jusqu’au port de débarquement, formalités douanières d’importation, livraison finale… telles sont les quatre ou cinq phases essentielles d’une opération de transit international. Apparemment rien que de très classique. Mais le monde n’est pas figé. Les choses bougent en permanence. La nouvelle tombe : le port X ou Y est en grève pendant trois jours. Il faut dérouter le bateau vers un autre port. Ici, ce sont les droits de douanes qui ont évolué ou encore la TVA. Les Etats-Unis viennent de décréter une nouvelle loi sur le bioterrorisme. Il faut l’intégrer. A la croisée d’informations multiples liées à son métier, le transitaire se doit d’être réactif et exact dans sa réponse. Le directeur de DHL Danzas Cognac insiste sur l’importance, pour un organisateur de transports internationaux, de pouvoir s’appuyer sur un réseau mondial. « Notre société est installée dans tous les pays du monde. Grâce à cette toile, elle bénéficie d’une remontée rapide d’informations. » Dans la déontologie des transitaires existe un devoir de conseil et de renseignements sur les modifications en cours. Richard Vinçonneau constate que, paradoxalement, ce ne sont pas les plus gros chargeurs qui sont les plus demandeurs d’informations. Ils possèdent leurs propres réseaux. Les plus friands d’information se révèlent être les petits et moyens opérateurs, ceux qui constituent la trame de la clientèle, en nombre sinon en volume. Et de regretter presque que les « prospects » n’utilisent pas davantage les services du transitaire en terme d’informations.
En 1997, Danzas Cognac et Balguerie Bordeaux créent V & S logistics, une société destinée à s’occuper spécialement de la logistique de Vinexpo. Bordeaux mais aussi en alternance Hong Kong, Tokyo, New York, et bientôt Chicago en juin 2004… la société gère l’acheminement du matériel, des stands et bien sûr des caisses de bouteilles (10 à 12 par exposant). Ces trois jours de salon représente pour R. Vinçonneau un travail de plusieurs mois, ponctué par une foule de détails qui, à l’arrivée, prennent tous une importance capitale. Inutile par exemple de veiller au bon déroulement du transport par avion si, sur le tarmac, les caisses de Champagne attendent des heures sous un soleil de plomb. A Chicago, en juin, les températures peuvent très facilement grimper à 30-35 °. Il va donc falloir trouver un entrepôt réfrigéré à 16°. Et le responsable de V & S logistics sera présent le jour J pour s’assurer que les caisses seront bien déchargées au bon endroit.
(1) DHL Danzas est le fruit du rapprochement de deux sociétés, l’une américaine, DHL, spécialisée dans le transport des documents et petits colis, l’autre suisse d’origine française, Danzas, davantage tournée vers les grosses expéditions. Chacune des sociétés disposait d’un réseau mondial. Elles ont été rachetées à 100 % par la Deutsch Post pour devenir son partenaire logistique. Dans le jargon du métier, DHL Danzas est un « integrator », à l’instar d’UPS ou de FedEX. La compagnie dispose de sa propre flotte d’avions. L’un d’entre eux a essuyé un tir de missile en Irak.
