Traiter le mildiou avec des micro-algues : le projet ambitieux et sérieux d’ImmuRise

17 janvier 2018

La découverte des vertus d’une micro-algue marine va-t-elle constituer dans un avenir proche, la base de fabrication d’un nouveau concept de fongicide biostimulant anti-mildiou  100 % naturel ? Les premiers résultats scientifiques tendent à prouver que cette piste de travail  est sérieuse. Deux jeunes chercheurs entrepreneurs se sont investis à 200 % dans ce projet en créant une entreprise pour développer un concept de protection du vignoble véritablement innovant. Les premiers essais de terrain réalisés en 2017 ont conforté l’intérêt de la démarche.

ImmunRise-Biocontrol fait partie de ces nouveaux acteurs de l’agrochimie du futur qui abordent la protection des cultures en ayant des concepts novateurs issus de la nature. Les deux créateurs de la société, Lionel Navarro directeur de recherche au CNRS et Laurent de Crasto, agronome-entrepreneur ont mis en commun leurs compétences pour développer des solutions de biocontrôle adaptées spécifiquement à la lutte contre les principales maladies de la vigne, le mildiou, l’Oïdium et le botrytis. L’entreprise est l’émanation de l’institut de Biologie de l’École Normale Supérieure de Paris (IBENS) ou L Navarro occupe la fonction de chercheur responsable scientifique de la plateforme PlantAlgue.

Photo 4715 : La formulation liquide de l’extrait de micro-algue Immunrise avant son incorporation dans un pulvérisateur

 

Les bio-pesticides n’ont jamais été réellement travaillés

      Tout a commencé suite à des discussions informelles entre les deux hommes sur l’intérêt que pouvaient susciter certains micro-organismes vis-à-vis de divers pathogènes de la protection des cultures. Ils en sont arrivés à la conclusion que la plupart des acteurs de l’agrochimie actuel n’ont jamais exploité le sourcing des substances naturelles pour proposer des solutions de protection des cultures novatrices. Les rares initiatives de développement de bio-pesticides n’ont, pour l’instant, jamais permis d’atteindre des niveaux d’efficacité équivalents à ceux des intrants phytosanitaires de synthèse. Pourtant, le principal intérêt des bio-pesticides réside dans le fait qu’ils s’avèrent beaucoup plus respectueux de l’environnement, un sujet qui mobilise beaucoup actuellement.  Ils sont issus d’extraits naturels ou d’organismes vivants (des microbes, des végétaux, des animaux) dont l’exploitation des potentialités fait appel à des connaissances poussées dans l’univers de la biologie. Les leaders de l’agrochimie ont jusqu’à présent préféré concentrer leurs moyens sur d’autres domaines d’activité.

 

 

Une société dédiée uniquement au développement de solutions de biocontrôle

       Tous ces constats ont été l’élément déclencheur de la création de la société ImmunRise en avril 2015. L de Crasto et L Navarro ont, eux, décidé de créer une PME exclusivement dédiée à l’expertise scientifique des substances naturelles pouvant être en mesure de développer des solutions de biocontrôle spécifiques. Les deux associés se sont appuyés sur le capital de connaissances déjà acquis dans le cadre des recherches menées par les équipes de l’IBEN à Paris. L’un des créneaux les plus porteurs concerne la grande famille des algues marines et tout particulièrement certaines familles de micro-alges brunes. L’identification à la fin de l’année 2015 d’une souche spécifique de micro-algue marine (l’extrait D) qui présentait des potentialités intéressantes, est venue couronner « le flair » des deux entrepreneurs.

 

Une volonté de maîtriser seul l’avenir de la découverte

      Cette découverte a été l’élément déclencheur du développement d’un projet de recherche scientifique d’envergure visant à créer un bio-pesticide totalement novateur. L’acquisition des premières connaissances sur ce micro-organisme a révélé une efficacité en tant que bio-fongicide en priorité sur le mildiou de la vigne. La petite équipe d’ImmunRise a fait le choix de se donner les moyens de maîtriser seule et totalement l’avenir de sa découverte. Un projet d’entreprise a été mis en place pour continuer les recherches, finaliser le produit, penser et créer un process de production et commercialiser une gamme complète de bio-fongicides. La spécificité de cette jeune PME réside dans son vivier de compétences internes constitué d’experts en biologie spécialisés dans la recherche de micro-algues efficaces contre les parasites des cultures. Le savoir-faire de cette équipe qui est indéniable, a déjà fait l’objet de convoitise mais ImmunRise souhaite assumer son indépendance.

 

Un concept de protection construit en tenant compte des attentes des viticulteurs

      L’aboutissement de la première découverte, l’extrait D, a suscité beaucoup d’intérêt auprès des professionnels de la viticulture et aussi des approches intéressées de divers observateurs de la filière d’agrochimie. Chaque fois que les potentialités des extraits D ont été présentées à des techniciens viticoles et à des responsables de propriétés viticoles, l’intérêt a toujours été fort. De véritables attentes existent pour des fongicides d’origines naturelles efficaces bien sûr chez les viticulteurs bios et surtout chez les viticulteurs travaillant de façon conventionnelle. L’un des axes de développement d’ImmunRise a toujours été d’associer les utilisateurs-vignerons au développement du projet pour en expliquer les spécificités, les différences et bien prendre en compte les réalités de la mise en œuvre de la protection du vignoble. L De Crasto explique que la recherche d’un dialogue avec les viticulteurs contribue à faire avancer le projet de manière beaucoup plus réaliste : « Notre souhait de dialoguer avec les viticulteurs est pour nous essentiel pour valider et adapter notre concept de protection novateur aux réalités du terrain. Notre expertise scientifique de biologiste ne pourra aboutir que si elle correspond aux attentes des vignerons. Le projet ImmunRise doit être construit en ayant une bonne connaissance des attentes des futurs utilisateurs de nos produits. Le fait de connecter nos travaux scientifiques aux réalités du vignoble est dans l’ADN de notre jeune société ».

 

L’utilisation en tant que fongicide de l’extrait D est protégée

      La stratégie d’indépendance d’ImmunRise a commencé par la protection de la première découverte. L De Crasto ne cache pas que les démarches de protection de substances d’origines naturelles sont beaucoup plus complexes à gérer que celles des molécules issues de la chimie de synthèse. En effet, les matières vivantes ne sont pas brevetables mais par contre les applications spécifiques qui en découlent le sont. Dans le cas très précis de la micro-algue brune d’ImmunRise, l’utilisation en tant que fongicide avec divers spectres d’action a fait l’objet de plusieurs dépôts de brevets. L’autre problématique importante était la production de la micro-algue qui nécessite un process spécifique et fiable. La première étape consiste à mettre en culture l’espèce de micro-algue brune dans de l’eau de mer. Ensuite, les micro-organismes sont récoltés et transformés en une poudre ayant une odeur iodée qui a été appelée l’extrait D. C’est ce produit qui possède des propriétés fongicides sur divers champignons pathogènes attaquant des cultures, comme la vigne, le blé et le maraîchage.

 

Une validation externe en laboratoire par l’INRA de Bordeaux

      Les niveaux d’efficacité très élevés observés sur le mildiou au laboratoire par l’équipe d’ImmunRise devaient être étoffés avant d’engager la phase de développement réelle du produit. Au cours de l’année 2016, des travaux scientifiques au laboratoire ont été conduits par les équipes de l’INRA de Bordeaux. Les propriétés antifongiques intéressantes sur le mildiou ont été confirmées et des effets ont été observés aussi sur le botrytis et plusieurs champignons responsables de l’ESCA. Les conclusions positives de cette démarche de validation externe ont été l’élément accélérateur du projet de bio-fongicide. L’équipe d’ImmunRise a décidé d’engager la phase opérationnelle de développement d’un bio-fongicide à base d’extrait D. Durant l’hiver 2016, 2017, une mini-structure production a été imaginée et construite dans les locaux de Pessac pour produire les tout premiers litres d’extrait D.

 

Une volonté de connecter les études scientifiques aux essais de terrain en 2017

       Au cours de l’année 2017, la stratégie a été de concentrer les efforts à la fois sur la mise en place, d’études de faisabilité scientifiques plus approfondies et des premiers essais de plein champs. L De Castro considère que le développement scientifique de l’extrait D devait intégrer un volet d’essais de terrain : « « Notre produit très performant lors des tests de laboratoire devait confirmer ses potentialités dans les vignes. La prise en compte des attentes des utilisateurs est une préoccupation essentielle pour l’équipe d’ImmunRise. Il nous a semblé important de nous appuyer sur quelques retours d’expériences de terrain pour commencer à mieux définir notre concept de protection. Les niveaux d’efficacité élevés observés au laboratoire sur le mildiou seraient-ils confirmés dans en présence d’une végétation abondante ? Quelle dose de produit faudra-t-il mettre au cours du cycle végétatif ? Quelle sera la rémanence des traitements ? …. Il fallait aussi tester la fonctionnalité de notre première formulation liquide en recueillant des avis sur des aspects très pratiques comme la conservation du produit, sa facilité à se diluer dans l’eau et à se mélanger avec d’autres produits,….  . On a souhaité également commencer à réfléchir à la faisabilité économique de notre projet en réalisant une mini-étude de marché auprès d’utilisateurs potentiels ».

 

Trois essais de terrain avec trois objectifs bien différents

L’unité de production de laboratoire du site de Pessac a permis de produire des volumes limités de produit à partir du début printemps 2017. Ils ont été utilisés pour la poursuite des recherches scientifiques et la mise en place de trois essais de terrain. L’équipe d’ImmunRise a décidé de mettre en place trois démarches d’essais dont les objectifs permettaient de tester le produit dans des situations très différentes. L’intérêt de ces premiers retours d’expérience de plein champ était de « nourrir » les travaux scientifiques de laboratoire en cours. Le premier essai a concerné une stratégie de traitements curative sur des épidémies de mildiou déclarées. Le second a été positionné dans un domaine prestigieux du Médoc qui réfléchit à la mise œuvre de pratiques de protection du vignoble plus respectueuses de l’environnement. Le troisième correspond à une utilisation dans un vignoble conventionnel à forte productivité en Charente.

 

 Une efficacité curative pas confirmée dans l’essai du vignoble des vignerons de Tutiac

      L’étude d’une stratégie de lutte curative a été mise en place suite à des observations de laboratoire qui avaient mis en évidence des effets curatifs variables. L’essai s’est déroulé dans le vignoble expérimental des Vignerons de Tutiac à Marcillac dans les Côtes de Blaye. Jérôme Ossard, le directeur technique de la cave a présenté les résultats. La parcelle expérimentale de merlot a été touchée par le mildiou assez tardivement en saison à partir du début du mois de juillet. Une épidémie de mildiou sérieuse s’est développée le 11 juillet avec une bonne intensité, des taches bien fructifiées et des niveaux de sporulation abondants. Le traitement curatif à base d’extrait D est intervenu le 12 juillet. Les premières notations deux jours après les traitements indiquaient aucune efficacité. La seconde notation, le 21 juillet dans la modalité traitée a révélé une absence d’efficacité curative sur une épidémie déclarée. Ce résultat a amené les ingénieurs à concevoir un nouveau protocole d’utilisation curative qui sera testé l’année prochaine sur plusieurs sites.

 

Une stratégie de lutte préventive qui a donné satisfaction au château Dauzac

            Le deuxième essai qui a eu lieu au Chateau Dauzac dans l’appellation Margaux, avait pour objectif de positionner le produit dans une stratégie de protection en biodynamie. À l’origine, un dispositif en grandes parcelles (avec l’utilisation du pulvérisateur de la propriété) devait être implanté mais le manque de disponibilité de produit, a limité l’étude à des mini-parcelles. Le dispositif expérimental a été mis en place (blocs de 50 souches avec des témoins 0), sur les deux cépages, le merlot et le cabernet sauvignon. Un cycle de 5 traitements a eu lieu à partir du 23 juin avec au départ une cadence de 14 jours. Suite aux pluies abondantes de début juillet, des attaques de mildiou importantes sont apparues à partir du 10 dans le témoin et la modalité traitée avec les extraits d’algues a très bien résisté. Seules quelques rares tâches étaient présentes sur les feuilles. Suite aux pluies de la première quinzaine de juillet, les cadences de traitement ont été resserrées entre 8 à 10 jours. L’utilisation de l’extrait D a permis de bien contrôler le mildiou.

 

Un essai de lutte en stratégie conventionnelle en Charentes

      Le troisième essai s’est déroulé en Charente dans le vignoble de Christophe Brandy à Saint Saturnin. Le contexte de production de la région de Cognac représente une situation d’essais privilégiée pour tester un nouveau concept de lutte contre le mildiou. Durant, l’hiver 2016/2017, dès que Ch Brandy a eu connaissance de la démarche d’études d’ImmunRise, il a perçu que l’Extrait D représentait une nouvelle alternative de lutte prenant en compte les exigences environnementales actuelles et futures. Ce viticulteur très soucieux de limiter au maximum l’utilisation des intrants phytosanitaires est un passionné de la thématique protection du vignoble. Tous les ans, il consacre une parcelle d’un hectare Ugni blanc (une vigne haute, vigoureuse et large de 3 m sur 1,20 m) à la mise en œuvre d’essais de diverses stratégies de protection conventionnelles à partir « d’outils fongicides » nouveaux. Les discussions et les rencontres avec l’équipe d’ImmunRise ont débouché sur l’implantation d’un essai de lutte avec l’extrait D durant tout le cycle végétatif.

 

Une stratégie de traitements durant tout le cycle végétatif

      L’expérimentation qui a été mise en place chez Chr Brandy en 2017 s’apparente à une démarche d’utilisation de plein champs correspondant aux conditions de mise en œuvre de la protection du vignoble dans la région de Cognac. La parcelle d’essais, une vigne d’ugni blanc haute et large homogène en vigueur (plantée en 1999), est scindée en différents blocs de 0,15 are sur lesquels sont appliquées différentes stratégies de traitements. Les traitements sont effectués avec le pulvérisateur de l’exploitation, un appareil pneumatique KWH. Au cours du cycle végétatif 2017, l’essai en conditions réelles a permis de comparer trois stratégies de traitements préventives, le programme de traitements conventionnel de l’exploitation, un concept SDN de la société Gaïgo, le programme ImmunRise et bien sûr un témoin 0. Les applications d’Extrait D ont été effectuées à une cadence de 10 jours durant les premiers traitements et ont été allongées à 14 jours en fin de saison.

 

Le très bon comportement préventif du produit

      Un dispositif précis d’enregistrement de la météorologie (et de prévision) et de suivi du développement des épidémies de mildiou (avec des OAD) fonctionne depuis plusieurs années sur cette propriété à partir des équipements de la société Promété. La philosophie de Chr Brandy est de positionner chaque traitement en faisant preuve d’un maximum de technicité. Le début du cycle végétatif n’a pas été propice au développement du mildiou puisqu’au 15 juin, la maladie ne s’était pas développée dans le témoin. C’est à la suite des pluies abondantes de fin juin début juillet (60 mm) que la pression de parasitisme a brutalement augmenté. Une sortie de tâches importante est apparue le 5 juillet dans le témoin. Le traitement « ImmunRise » qui avait été positionné le 26 juin juste avant les pluies, s’est avéré très efficace. De nouvelles contaminations se sont produites fin juillet et en fin de saison, les attaques sur le feuillage et les raisins étaient fortes sur le témoin. Le dernier traitement ImmunRisea été réalisé le 5 août et l’état du feuillage s’est très bien tenu même très tard dans la saison.            

 

Des molécules actives sur la germination des spores pendant 8 à 12 jours

      La synthèse de toutes les études scientifiques et des essais de terrain a permis à l’équipe d’ImmunRise de valider la bonne efficacité préventive de leur produit sur le mildiou dans diverses situations. Les notations ont aussi révélé une efficacité partielle sur botrytis et parfois une réduction de l’expression de symptômes de maladies. Le mode d’action du produit commence à être mieux connu. Les molécules actives se fixent sur les spores de mildiou et les empêchent de germer. Les divers essais ont démontré que ce produit de bio-contrôle avait une rémanence de 8 à 12 jours. L De Crasto et Lionel Navarro ont décidé au mois d’octobre dernier de finaliser le développement de leur concept de protection pour la viticulture au cours des deux prochaines années. La mise en place d’un prototype de fabrication industrielle de l’extrait D a été finalisée à Pessac avec la construction d’un bassin extérieur d’élevage de la micro-algue. D’ici la fin du mois de janvier, le site de production pilote sera en mesure de produire des volumes de produit beaucoup plus importants. Ils seront utilisés en 2 018 pour réaliser des essais scientifiques officiels plus nombreux et également, mettre en place d’application de terrain beaucoup plus nombreux sur l’ensemble des aires de production viticoles de la région Nouvelle Aquitaine.

 

La procédure d’homologation, un objectif souhaitable et presque inaccessible à court terme

      Les acquis techniques solides obtenus depuis deux ans doivent désormais être valorisés par la mise en œuvre d’une démarche d’homologation. L De Crasto ne cache pas qu’un tel projet représente un investissement lourd et presque disproportionné pour la PME ImmunRise : « Nous sommes pleinement conscients qu’à terme, il sera indispensable d’obtenir une homologation de notre produit mais une telle démarche nécessite de gros moyens financiers et demande 4 à 5 ans d’études. Le mode d’action de l’extrait D laisse espérer que ce produit pourrait être intégré dans la catégorie des biostimulants. Le cadre réglementaire de cette famille d’intrants est fixé par les instances communautaires mais les états semblent avoir la possibilité d’intervenir dans les procédures d’origines. Notre souhait serait de pouvoir bénéficier d’un régime dérogatoire (transitoire) de mise en marché pendant quelques années. Cela permettrait à notre jeune PME de développer rapidement son activité et de dégager les moyens financiers nécessaires à l’engagement dans une procédure d’homologation complète. Nous espérons que les pouvoirs publics seront réceptifs à nos arguments et à ceux d’autres PME qui investissent aussi pour développer les bio-pesticides du futur. Nous pensons qu’il est aujourd’hui de créer une filière économique prospère et 100 % made in France, au cœur de nos régions de notre grande région».

                                  

 

Le produit d’ImmunRise a donné de bons résultats en 2017 chez moi

 

      L’implication de Chr Brandy dans l’utilisation du produit d’ImmunRise s’inscrit dans une démarche plus large de réduction d’utilisation des intrants phytosanitaires. Depuis dix ans, ce viticulteur s’est beaucoup intéressé à une diversité de stratégies de lutte et d’outils technologiques pour acquérir une meilleure maîtrise de la protection du vignoble. Son objectif est réduire le nombre de traitements sans mettre en péril la productivité de son vignoble.

 

     Ch Brandy revendique une culture de la curiosité pour toutes les pratiques qui permettent à la plante à la fois de vivre mieux dans son environnement et d’être en mesure de résister aux agressions du complexe parasitaire. Il s’est intéressé au bio mais n’a pas adhéré à cette philosophie de production. Son souhait a toujours été de réfléchir à tous les moyens permettant d’optimiser les pratiques viticoles dites conventionnelles.

 

Un viticulteur expérimentateur soucieux de moins traiter

      Cet homme sensible aux enjeux qualitatifs et environnementaux de la protection du vignoble a eu la volonté de tester des stratégies de lutte et de nouveaux produits avec des résultats très variés. Une parcelle de son exploitation est dédiée à la réalisation d’essais dont les retours d’expérience lui ont permis de faire évoluer ses méthodes de traitements. La première étape de son cursus de viticulteur-expérimentateur a été de participer à la mise au point à partir de 2007, de la mise au point des stations météo et des outils d’OAD Promété. Ensuite, l’outil Optidose lui a permis d’aller plus loin dans la modulation les doses de produits en fonction de l’importance de la végétation et de la pression de parasitisme. Il s’est aussi intéressé à l’emploi de divers produits de fertilisation dont les effets indirects permettaient de réduire les doses de fongicides de synthèse. Des résultats assez intéressants ont été obtenus mais le fait de remplacer une partie de la dose de fongicide de synthèse par un apport d’un autre produit ne lui convenait pas.

 

La synergie viticulteurs chercheurs « a fonctionné à plein »

       En dix ans, la couverture phytosanitaire sur le vignoble de Ch Brandy a été réduite de presque 50 % avec en moyenne 8 IFT/an au lieu de 15. Néanmoins, son souhait était d’aller plus loin : Pourquoi ne pas remplacer carrément les fongicides de synthèse par des bio-pesticides. Chr Brandy a engagé une première démarche d’essais avec la société Gaïago pour tester des fongicides d’origine naturelle. Des résultats encourageants ont été obtenus avec plusieurs formulations en 2014, 2 015 et 2 016 avec des stratégies 50 % et même 100 % substances naturelles. Techniquement, les produits semblaient efficaces mais leur coût était élevé. Au début de l’hiver 2016, la rencontre avec l’équipe d’ImmunRise a tout de suite débouché sur un projet de collaboration fructueux. Le viticulteur très sensible à la réduction d’utilisation des intrants phytosanitaire avait déjà un passé d’expérimentateur de terrain aguerri dont les jeunes scientifiques ont tout de suite compris l’intérêt. Il s’est alors produit « un phénomène de synergie » entre un viticulteur à la recherche des fongicides « verts » et des obtenteurs d’une micro-algue aux vertus prometteuses.

 

L’extrait D a eu en 2017 un niveau d’efficacité aux fongicides de synthèse

      La possibilité de tester l’efficacité de l’extrait D dans les conditions réelles d’utilisation durant tout un cycle végétatif était une opportunité que Chr Brandy a su saisir. Il avoue aujourd’hui que les premiers résultats sont à la hauteur de ses espérances : « L’année 2017 a été marquée par une pression de mildiou faible en début de saison mais, à partir de début juillet, elle est devenue plus forte jusqu’à la fin de l’été. Ce n’était pas un millésime à mildiou comme 2007, 2 008 ou 2013, mais, chez moi, le champignon s’est montré agressif durant toute la deuxième partie de la saison. Dans l’essai, le produit d’ImmunRise s’est aussi comporté que les fongicides conventionnels et la modalité de produit SDN de la société Gaïago. Le mildiou a été bien contrôlé en ayant réalisé seulement 8 traitements (le dernier au 5 août). L’un des autres constats est aussi la bonne résistance au lessivage de l’extrait D. Suite aux pluies abondantes de début juillet, le traitement a empêché le développement de la maladie qui par contre était bien présente dans le témoin. J’ai également observé un effet stimulant sur la végétation dont l’aspect était très vert jusque très tard en saison. Au moment de la récolte, le niveau des TAV potentiel de la modalité ImmunRise était supérieur de 1,2 % vol par rapport aux autres modalités traitées. L’utilisation pratique du produit n’a entraîné aucun problème de marquage (sur feuilles et grappes) lors des mélanges ».

 

 

 

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