Réactions et témoignages d’élus et de viticulteurs

14 octobre 2019

Patrick Raguenaud, président du BNIC

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Ce rendement s’appuie sur les prévisions de récolte définies par la Station Viticole, et sur l’objectif de production de 922 000 hlAP, tel que défini par le Business Plan. Ce rendement nous permettra de nous approcher de cet objectif.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Les outils de pilotage du Business Plan ont été considérablement améliorés ces dernières années, il me semble, qu’aujourd’hui, le mode de fonctionnement est bon. Il est prévu un plan sur trois ans, et, en cours de plan triennal, en cas d’accident de parcours, nous avons des indicateurs qui peuvent nous amener à réétudier notre plan. Actuellement, nous ne sommes pas dans cette perspective.

 

Comment vivez-vous la gestion de la part commerciale et la part climatique des différentes récoltes ?

Aujourd’hui, les besoins de production se traduisent par des rendement hectare qui limitent la possibilité de mise de Cognac en réserve climatique. Il est important de satisfaire au mieux les besoins de mise en stock, c’est ce choix qui a été validé par les professionnels.

 

Christophe Véral, président de l’UGVC, viticulteur à Saint-Servers, Fins Bois

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Le rendement est issu du Business Plan, et donnait 16 hlAP/ha (100 000 hl de moins que les 920 000 nécessaires à mettre en stock). Ce calcul fut voté par l’interprofession, la viticulture et le négoce. Quand ce chiffre fut présenté par Stéphane Roy, il était inconcevable éthiquement de proposer un rendement à 16 hlAP/ha, avec un passage de réserve climatique de 7 à 10 hlAP/ha. Le rendement butoir 16 hlAP/ha rendait impossible de constituer une réserve climatique. Cette décision de le ramener à 14,64 hlAP/ha (soit une diminution de 12 000 hl AP) fut surtout une décision politique, et une partie du négoce voyait cela d’un bon œil, afin de consolider l’unité viticole de la région, notamment vis-à-vis des viticulteurs qui subirent les aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse). Je suis régalien, et, dorénavant, nous travaillons avec Stéphane Roy, pour affiner ce calcul sur nos prévisions à 15 ans. C’était une décision exceptionnelle pour une situation exceptionnelle, et la nécessité de conserver l’unité viticole et syndicale de la région.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Avec l’équipe du BNIC et le négoce, Stéphane Roy un gros travail. Le Business Plan se déroule sur une mandature, trois ans, à propos des contingents et des rendements. (Cette année fut sa première mise en place, d’où un étalement sur deux ans.) Cela donne de la visibilité au viticulteur par rapport à ses investissements, à ses relations avec les pépiniéristes.

Les outils sont plus précis et les alertes en place nous alertent en cas de manque d’eau-de-vie, des manques, des baisses de production, etc., ces paramètres nous permettent de voir si ces paramètres influent sur les contingents, est-ce une crise conjoncturelle ou structurelle. Ce système nous permettra de l’analyser.

 

Quelle est votre position sur la part commerciale et part climatique de la production ?

Il faut vraiment que nous mettions tout en œuvre, et c’est pour cela que les contingents sont importants pour les futures ventes sur le Business Plan, et que le rendement moyen puisse baisser pour faire de la climatique. Avec 14,64hl AP, il est impossible de faire de la climatique. C’est une assurance personnelle pour chaque entreprise : après l’assurance des aléas climatiques, cela sécurise l’entreprise. La réserve climatique permet d’assurer le viticulteur et les débouchés pour le négoce ; malgré le gel ou la grêle, les ventes ne baisseront pas. Lorsqu’il y a des aléas climatiques, cela pénalise l’entrepreneur et le négociant pour les futures ventes ; si les ventes baissent, il y aura moins d’investissement, les ventes se tasseront et nous perdront des deux côtés.

Il faut absolument que le rendement baisse, et se mettre de côté cette réserve climatique. Nous créons de l’emploi, de la richesse, et aidons au développement des sous-traitants : transports, chais de vinifications, étiquettes, etc. C’est un ensemble et nous avons un devoir de responsabilité, nous viticulteurs, pour notre bassin d’emploi, et notre économique, Nous coupons le Cognac, la région est terminée. Nous devons sécuriser avec cette réserve climatique, sans oublier qu’elle appartient aux viticulteurs. L’important sont les contingents et les plantations, afin de pourvoir aux besoins des entreprises et aux négociants. Il faut se donner les moyens pour donner les moyens aux autres.

 


Patrice Pinet, Directeur-Général de Courvoisier, président du SMC (Syndicat des Maisons de Cognac),

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Le premier sens est le besoin de mise en stock correspondant à un peu de plus de 900 000 hlAP défini par le Business Plan exprimé par le négoce afin de tenir ses engagements de développement. Pour les mettre en sock, il faut prendre la capacité de la région à produire. Initialement, en prenant compte des hectares de vigne exploités et en production, le rendement était de 11,77 hlAP/ha, ce qui n’est pas le cas à la suite des aléas climatiques. La dispersion mesurée par la Station viticole est forte, un peu plus forte que l’an dernier. Après discussion avec la viticulture, nous sommes partis sur le rendement de l’année passée en tenant compte de la dispersion ; en 2018 nous avions obtenu un peu plus que ce que nous avions prévu, a priori, cette année ce sera un peu moins. Il y a tellement d’incertitude, mais nous avons un an pour stabilier le rendement.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Au niveau du Business Plan, les indicateurs fonctionnenent bien, il n’y a pas eu d’alertes ni sur la production, les expéditions ou les stocks par rapport à la récolte 2018. Les vendanges de l’année 2019 seront utilisées pour valider le bon fonctionnement de tous les indicateurs. J’aborde cela avec une certaines confiance, l’outil de la dispersion étant le seul outil que nous ne maîtrisons pas complètement, nous apprenons de cet outil théorique, de ces indicateurs, que nous allons pouvoir affiner avec la récolte 2020. Le Business Plan est retravaillé tous les trois ans, donc nous aurons tous nos chiffres à mettre à niveau en mars-avril 2020. Ainsi, servons des 2018 à 2020 pour caler encore quelques indicateurs qui sont plus sensibles, comme la dispersion.

 

Comment vivez-vous la gestion de la part commerciale et la part climatique des différentes récoltes ?

Nous subissons le surcoût des accidents climatiques. Il sera important de constituer une réserve climatique, j’espère il y ait une année sans accident climatique, permettant un niveau de rendement prévu pour tous les viticulteurs, 11,77 hlAP/ha, il y aurait eu la possibilité de mettre en stock des réserves conséquentes entre 11,77 et 16 hlAP/ha. Nous nous sommes donnés des outils pour le futur afin de piloter de bonnes récoltes et de petits ralentissements des ventes pour, dans les deux cas, reconstituer la réserve climatique. Si nous l’avions eu, nous serions restés à un rendement de 11,77 hlAP/ha. Pour le moment la réserve climatique est faible, mais nous avons quelques années devant nous pour reconstituer un stock commercialisable ou une réserve climatique.


Jérôme Durand, directeur-général de la Maison Larsen

 

Que vous inspire la définition d’un rendement à 14,64 hlAP/ha. ?

C’est la preuve d’une vision de confiance à long terme cohérent par rapport à tous indicateurs actuels. Les rendements économiques et non agronomiques, on se posera la question de l’écart de la nature et de l’économie, pour le moment cet engagement est cohérent par rapport Business Plan.

 

Quel est votre point de vue sur les outils de contrôle du Business Plan ?

Tout ce qui permettra de piloter cette région en confiance correspond à des outils importants, afin que les deux familles, négoce et viticulture, puissent s‘accorder. Je souhaite qu’il y ait une meilleure compréhension mutuelle afin d’amener de la confiance dans la région.

 

Partie Marché et Réserve climatique

La réserve climatique est une bonne manière de lutter contre les aléas climatiques, cela existe dans déjà d’autres régions et permet de limiter les effets extérieurs non souhaités. Nous verrons lorsque la mise en œuvre sera effective, mais, théoriquement, c’est un outil très intéressant.

 

Anonyme (38 hectares en Grande Champagne)

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Je viens de découvrir le pourquoi des rendements. Je trouvais cela ridiculement, pourquoi ne pas être libre de produire ce que nous voulions, en dépit des aléas pour certains. Je suis installée depuis deux ans et je ne comprenais pas ce système de quotas, je les comprends par rapport aux visions de nos grandes maisons qui peuvent elles investir, et je comprends les bénéfices que cela peut apporter. Je revois un petit peu mon avis, il faut que je décante un petit peu tout cela, mais je trouve que plus le quota est haut mieux c’est car il faut nous laisser produire. Il faut nous laisser avoir un petit peu de chiffre d’affaires.

Je trouve que c’est bien qu’il fasse ces réunions et que nous nous retrouvions et qu’il y ait plusieurs dates. À Cognac, il y a davantage de langue de bois, dans des réunions comme à Archiarc, il y a peut-être plus d’interaction, plus de gens qui vont donner leur avis. C’est intéressant postitivement, car nous sommes toujours porter par un seul syndicat et nous nous demandons toujours sur le fait qu’il n’y en ait qu’un seul ce ne serait pas un petit monarchique mais finalement, ils ont l’air d’être plutôt dans la vocation de représenter la viticulture et dans notre diversité. Cela leur fait une bonne publicité.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

C’est nécessaire et en même temps, ce qui est un peu dommage, c’est qu’en tant que viticulteurs, nous n’avions pas une vision stabilisée. Mais je le comprends car nous sommes portés par les grandes maisons. Par rapport aux investissements que nous mettons dans la vigne, nous avons besoin de savoir les necessités de production, car si nous avons des temps de crise, de réduction de production, il faut beaucoup d’argent pour entretenir, donner à manger aux vignes pour qu’elles produisent beaucoup, nous allons nous retrouver avec un delta de chiffre d’affaires au final. Il faudrait que nous ayons des choses davantage perénisées, même si c’est difficile pour eux de le faire, mais nous n’investirions pas de la même façon sur les intrants : engrais, produits phytosanitaires, si nous produisons moins, nous allons moins nourrir la vigne.

 

Part climatique et part commerciale ?

C’est important que nous puissions faire de la climatique, mais que chacun assure, à sa manière, la gestion de sa partie commerciale.


Anonyme, 25 hectares en Petite Champagne à Jonzac.

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

C’est le minimum. Les calculs arrivaient à 16 hlAP/ha. Aux yeux de la viticulture, 14,64 hlAP/ha est un bon compromis pour ne fâcher personne. Nous savons très bien que la nature va faire quelque chose, mais, maintenant, nous verrons bien. Ce n’est pas atteignable sur ma propriété, il y a eu des zones gelées. Si nous n’avons pas d’eau – et c’est ce qui se profile à l’horizon –, il n’y aura pas de surprise.

En moyenne la prévision de la station viticole et entre 90 et 100 hl.

À l’intérieur, le potentiel des grappes, des jeunes vignes, est impacté par le botrytis et avec l’eau, cela pourrait éclater

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

C’est plutôt sain et donne une bonne lecture, une bonne vision.

 

 

Guillaume Duluc, viticulture à Touzac, 70 hectares 1/3 en Petite Champagne, 2/3 en Grande Champagne, membre du conseil d’administration et du bureau de l’UGVC, président des JA du canton de Segonzac.

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Je pense que c’est une décision responsable vis-à-vis de la filière, afin de pouvoir subvenir aux besoins de commercialisation de l’ensemble des acteurs de la région ; la viticulture et le négoce travaillent. Donc il faut arriver à ce que nous, viticulteurs, arrivions à fournir les besoins du négoce pour pouvoir développer la vente du Cognac et poursuivre l’expansion actuelle, autour de 3% de moyenne tous les ans.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Le Business Plan est un outil indispensable à la région. Au bout  d’un moment, nous ne pouvons pas piloter un secteur aussi grand que le Cognac sans outil mathématique, et il est nécessaire d’avoir des règles. Certes, il n’est peut-être pas parfait, il demande peut-être à être plus précis, mais tous les ans la viticulture et le négoce essayent d’ajouter des facteurs permettant d’être plus efficient sur le pilotage de la filière à l’avenir.

 

Part climatique et part commerciale ?

Les mises en réserve climatique ne sont pas possible dues à une demande trop forte de Cognac de commercialisation, avec des rendements très élevés comme cette année. Et plus le rendement est élevé moins nous avons la possibilité de mettre en réserve ; le fait des impacts climatiques des dernières années empêche forcément d’arriver à la pleine productivité de notre vignoble. Nous avons mis du temps à planter les vignes, ainsi tout le potentiel de production n’est pas, non plus, disponible immédiatement. Il va falloir attendre quelques années, et attendre que l’ensemble des vignes plantées il y a deux ans arrivent en production pour arriver à diminuer ce rendement. En baissant ce rendement commercialisable, nous pourrons augmenter notre réserve climatique et donc sécuriser au mieux nos entreprises.

Anonyme, Petite Champagne, 40 ha.

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Je ne suis pas tout à fait contre si cela peut limiter les autorisations de plantation. Il vaut mieux partir sur des quotas forts plutôt que sur des plantations nouvelles élevées, si cela peut compenser la demande. Le quota est une chose réversible en une année, en passant de 14 hlAP/ha à 12 hlAP/ha, alors qu’une fois plantées, les nouvelles parcelles vont forcément produire.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Nous leur faisons confiance, la viticulture s’est un peu faite enrhumé au début, nous ne croyions pas à cette augmentation, et finalement, l’économie va quand même bien. Ces augmentations, nous les constations tous les ans. Aujourd’hui, nous sommes obligés de faire le constat qu’ils ont eu raison.

 

Comment vivez-vous la gestion de la part commerciale et la part climatique des différentes récoltes ?

J’intègre la réserve climatique petit à petit dans mes contrats 00, c’est un superbe outil. C’est un peu compliqué de s’en servir avec les quotas de rendement actuels et la multiplication des aléas climatiques, mais c’est le meilleur outil qu’il n’ait jamais  crée. Je possède un peu de réserve climatique de côté mais cette année, je vais en débloquer.

Anonyme, Verrières (16), 40 ha Grande Champagne, 5 ha Petite Champagne

 

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

C’est l’influence des négociants, de la peur de manquer de jus et de stocks. Cela me semble excessif, car peu de gens vont le produire, et une minorité va toujours en profiter. Les stocks augmentent rapidement et dans la nature peu de gens atteindront ce rendement.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Les calculs se font en fonction des besoins du négoce, avec les mathématiques, on leur fait dire ce que l’on veut. Si l’on change les paramètres, on peut obtenir ce que l’on veut ; je pense encore aux négociants, qui font évoluer les critères par rapport à ce qu’ils veulent.

 

Part climatique et part commerciale ?

La réserve climatique est importante à condition de ne pas mettre des rendements aussi élevés, et seule une minorité pourra produire. L’idée est très bonne mais à condition de produire moins.

 


Stéphane Palissier, EARL des Moulins de Poupot, à Saint-Fort-sur-Gironde, 46 hectares de Fins Bois, membre de la Coordination Rurale 17 et élu Chambre d’Agriculture 17

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Nous sommes bien obligés d’avoir un revenu minimum. S’il y a la demande, je suis d’accord. Et ce n’est pas une mauvaise chose que le rendement soit haut, même si tout le monde ne l’atteindra pas ; ou bien on nous met un rendement plus bas et on nous paie plus cher. Il faut un revenu minimum par hectare, car les contraintes techniques et environnementales se multiplient, les rendements baisseront, il faudra monter les prix. Les gens qui suivront leurs vignes correctement feront le rendement, les autres seront pénalisés. Dans la course à l’agrandissement des domaines, cela va peut-être calmer certaines ardeurs et la folie sur le prix des vignes.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Il est bon de les renégocier, mais soyons prudents quant aux replantations de vigne. Il faut d’abord exploiter au mieux la surface dont nous disposons dans la région, avant de s’enflammer. J’ai peur d’un éventuel surplus : qu’en ferions-nous ? Il y aura des volumes énormes sur les marchés, avec des surfaces supplémentaires et des jeunes vignes qui feront 15 hlAP/ha. Le Business Plan à terme, qui pourra nous dire que nous développerons les vignes dans 10 ans ? Pour le moment, prudence.

 

Part climatique et part commerciale ?

Avec des rendements hauts, il est délicat de produire de la réserve climatique, mais c’est le jeu. Nous ne pouvons tout avoir. La réserve climatique est un très bon outil ; produire 10 hlAP/ha tous les ans, dans notre région, sans les accidents climatiques, cela se fait couramment. La vision de l’UGVC cherche à diminuer les rendements hectares, nous serons moins sujet à débloquer de la climatique. Il y a des assurances qui peuvent pallier. Il faut s’adapter à la météo.

Nous devrions à rester dans les clous vis-à-vis des autres régions viticoles, car certains viticulteurs dans la course à l’agrandissement sont peu corrects et multiplient leurs droits de plantation en multipliant les CVI, en montant des sociétés afin de récupérer des ares aux voisins. Ce n’est pas correct.

 


Anonyme, Fins Bois, 50 ha.

 

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

Le sens de ce rendement a une explication rationnelle, assez claire, mais une incohérence dans le sens des engagements environnementaux. J’ai eu l’occasion de le dire à l’UGVC mais il a été choisi une stratégie d’accompagner le négoce coûte que coûte. Le rendement d’outil de calcul était de 16 hlAP/ha – qui était très choquant pour beaucoup de viticulteurs, il fut ramené à 14,64 hlAP/ha car il était intenable politiquement. Mais c’est incohérent avec le sens de l’histoire et les engagements environnementaux pris par la filière.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Le Business Plan en lui-même est un outil très utile et performant, mais ce n’est pas la Bible. Nous devrions pouvoir l’utiliser et également savoir s’en détacher quand il tend à la prise de décisions non tenables. C’est un outil indispensable mais il ne faut pas sacrifier le politique pour autant. Le Business Plan doit nous aider à piloter la filière, comme le pilotage automatique d’un avion, mais quand il nous mène droit dans l’orage, nous avons le droit de le débrancher pour contourner le nuage et éviter de se faire secouer. Alors que pour certains, il ne faut pas s’en détourner.

Comme il a été dit en réunion publique, certains étaient prêts à rester à 16 hlAP/ha alors que c’était très choquant d’annoncer un tel rendement. C’était tendre le bâton pour se faire battre, notamment avec la pression médiatique sur les engagements environnementaux.

 

Part climatique et part commerciale ?

Nous avons de la chance d’avoir 1,4hlAP/ha de réserve climatique de faisable. Une grande partie va être libérée, mais peu en feront cette année. La réserve climatique permet de faire face à des carences, il faut en avoir, et essayer d’en développer au maximum sur les exploitations, mais elle doit rester une assurance pour les exploitants et pas uniquement un stock réservoir à aller chercher à tout prix quand nous avons peur de manquer de jus avec un rendement commercialisable trop élevé.

Au-dessus de 13 hlAP/ha, il n’y a pas un besoin économique de libérer de la réserve climatique pour faire tourner son exploitation, ce n’est pas très cohérent, mais nous sommes dans une conjoncture particulière ; nous n’avons peut-être pas planté assez tôt. Nous avons connu des périodes de crise assez forte dans la région, nous savons planter mais pas arracher. C’est ce qui fait peur dans la région. Pour autant, il ne faut pas se fermer les yeux, nous arrivons au maximum du potentiel de production de notre vignoble avec sa surface actuelle. La croissance de la demande nécessite son extension.

Selon moi, un rendement commercialisable plafonné serai un vrai message d’engagement environnemental et n’aurai que très peu d’impact sur la viabilité économique de nos exploitation.

 


Philippe Devers, viticulteur à Neuvicq, 38 hectares dont 30 hectares de Bons Bois, ancien membre de l’UGVC

 

 

Quel sens donnez-vous à ce rendement Cognac, 14,64 hlAP/ha ?

 

C’est un peu fou. La nature n’est pas aussi généreuse. D’une part, cela complique la tâche des domaines qui n’atteignent pas les rendements, et d’autre part cela va à l’encontre des problèmes de limitations des traitements. Il nous est demandé de polluer le moins possible tout en continuant de faire des rendements plus importants. Ce sont des petites choses, qui, mises bout à bout, font beaucoup de mal à la viticulture.

 

Les outils de pilotage du Business Plan pour la renégociation potentielle ?

Tant que les grands groupes sont en progression, ça va très bien. En soi, je crains le jour où les marchés s’inverseront, ou même diminueront, et qu’il n’y ait plus de progression alors que nos aurons planté de nombreuses parcelles de vigne. Nous nous retrouverons avec des rendements plus bas et nous aurons des soucis des rentabilité. Nous avons un coût de production important, des besoins de personnel, si nous descendons les volumes et les prix nous serons en difficulté.

 

 

Comment vivez-vous la gestion de la part commerciale et la part climatique des différentes récoltes ?

Entre le rendement de 14,64 hlAP/ha et les 16 hlAP/ha du rendement agronomique, il est pratiquement impossible de faire de la climatique. Nous aurons toutes les peines du monde à atteindre les 14,64 hlAP/ha, alors faire de la réserve climatique s’avère compliqué. J’ai du stock mais je n’ai pu faire de la climatique.

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