Réserve de gestion Cognac : Campagne 2011-2012 : Une rallonge de 0.5 HAP / HA, libérable en C/10

17 novembre 2011

Le 5 octobre 2011, le comité permanent du BNIC a voté une « rallonge » de réserve de gestion de 0,5 hl AP/ha, applicable à la campagne 2011-2012, libérable en compte 10. Cependant, pour être effective, cette décision doit être entérinée par les autorités compétentes.

C’est le 3 novembre 2011 que le Comité national INAO est appelé à se prononcer de façon définitive sur l’ensemble des rendements des régions viticoles françaises. C’est donc à cette date que l’on saura officiellement si, oui ou non, le supplément de réserve de gestion de 0,5 hl AP/ha, libérable en compte 10, s’appliquera aux Charentes. Si personne ne souhaite jouer les « Mme Soleil », le doute n’est pas immense. La proposition était dans les tuyaux depuis le printemps mais elle ne fut dévoilée que très tardivement, à une ou deux semaines de la fin des vendanges. Pourquoi un tel retard à l’allumage ? La demande de 0,5 émanant du négoce, la viticulture souhaitait apparemment en faire un levier de négociation sur les prix. « Nous voulons bien être gentils mais nous avons aussi besoin d’un retour financier, ne serait-ce que pour avoir les moyens de mettre en stock. »

Selon les maisons, augmentation de prix de 4,6 à 5,8 %

Début octobre, sont tombés les dernières indications de prix des cinq-six grandes et moyennes maisons de négoce. La fourchette d’augmentation va de 4,6-4,7 % à 5,5 % pour les eaux-de-vie 00 (eaux-de-vie de la récolte 2011). Globale satisfaction de la viticulture. « Nous réclamons deux choses, précisait Jean-Bernard de Larquier, chef de famille de la viticulture au BNIC, lors d’une réunion d’information sur l’UGVC (1) à Gémozac, une compensation des coûts de production qui, cette année, augmentent de 3,56 % et un rattrapage des années passées. En 20 ans, la viticulture a perdu, en euros constants, 17 % de la valeur de son produit. Certes, ce manque à gagner n’a pas vocation à être compensé en une seule fois mais il doit être comblé, petit à petit, à coup d’augmentations de 1,5-1,9 %, en plus de la progression normale liée aux coûts de production. » Une fois de plus, il a exhorté tous les viticulteurs à s’emparer du sujet prix. « Nous n’y arriverons pas tout seul. C’est vachement important que vous marteliez le message auprès de votre courtier, votre marchand en gros, votre bouilleur de profession. Dites-leur que non seulement vous voulez des volumes mais aussi un prix. C’est la multiplication des hl par le prix qui fait le revenu. Si ce message est entendu 500 fois par la même personne, il fera tilt. Nous sommes en Charentes. C’est long. Mais nous y arriverons. »

Pour revenir à la réserve de gestion de 0,5 hl AP/ha, libérable en compte 10, sa justification s’appuie sur plusieurs éléments : la progression des ventes d’XO, de + 30 % sur l’année mobile à fin août, le passage de l’XO du compte 6 au compte 10 et, plus généralement, la reconstitution des stocks à la viticulture. Les négociants « ont fait marcher les calculettes ». Au printemps, manquaient à l’appel 29 000 hl AP pour les XO compte 10. A la fin des vendanges, les calculs furent refaits. Compte tenu de la progression soutenue des XO, le déficit potentiel atteindrait cette fois-ci 47 000 hl AP. La viticulture a donné son feu vert pour accompagner la montée en puissance du marché des qualités vieilles, dopé par les ventes en Asie.

J.-B. de Larquier a décrit l’accord de la viticulture comme « un signe positif, à resituer dans une phase de construction, à la fois au sein de la viticulture, avec la naissance de l’UGVC et avec le négoce. »

Prise de risque

A Gémozac, les viticulteurs ont cependant évoqué une « prise de risque ». « Oui, ont admis les responsables syndicaux mais il s’agit d’un risque mesuré. Si les 0,5 sont actés, nous ne produirons au mieux que 30 à 35 000 hl AP supplémentaires, sur un volume de distillation estimé à 760 000 hl AP. Par ailleurs, aucun volume des récoltes 2002 à 2006 ne montera en compte 10. C’est pour cela que nous ne courrons pas un risque énorme. » Qui plus est, il faut bien savoir que la réserve de gestion n’est pas une production « en plus ». Au moment de sa libération, elle est prise en compte dans le calcul du rendement de l’année. En principe, il n’y a donc pas d’effet boomerang à redouter. La viticulture a également subordonné sa réponse à un certain nombre de conditions : que la réserve de gestion ne soit en aucun cas contractualisée, « sinon ce serait un rendement déguisé. Elle perdrait l’esprit de la réserve de gestion, qui est de prévoir l’imprévisible, pour permettre aux ventes de progresser sans perturber le marché » ; ensuite qu’il n’y ait aucun dérapage dans sa gestion. « Nous avons demandé au comité permanent du BNIC d’allouer les moyens humains et financiers nécessaires pour réaliser un suivi magistral. »

Bien sûr les viticulteurs sont revenus sur l’annonce très tardive des 0,5. « C’est dommage d’apprendre ça après les vendanges. Des viticulteurs qui ont fait le choix qualitatif de trier les petits degrés, l’acidité, peuvent se retrouver pénalisés. Ils ne disposeront pas des volumes suffisants. » Les responsables viticoles ont rappelé qu’ils avaient obtenu du ministère de l’Agriculture de pouvoir utiliser la réserve climatique pour alimenter la réserve de gestion (voir Le Paysan Vigneron n° 1122). Quid de ceux qui ont grêlé ou qui ne possèdent pas de réserve climatique ? « Quelle que soit la décision, nous ferons des mécontents » ont admis les représentants viticoles. Sans se satisfaire de la situation, Olivier Louvet, du SVBC, a demandé « de ne pas oublier d’où l’on venait ». « Durant des années, on ne connaissait pas le rendement avant le 25 novembre. Les 0,5 furent un bon levier pour faire bouger les prix. » Et personne n’avait prédit que la récolte serait tellement en avance.

Sur la reconstitution des stocks à la viticulture, tout le monde s’est accordé sur le fait « que la migration d’un million d’hl AP de stock ne se ferait pas du jour au lendemain ». « Par contre, a souligné Christophe Véral, président de la FVPC (Fédération des viticulteurs producteurs de Cognac), on ne peut pas demander à un producteur qui vend 6 de pur de réaliser un effort de portage de stock à 10 ans. C’est quand les volumes sont déjà assez conséquents qu’il peut se permettre cet investissement. » Le SVBC a insisté sur les effets pervers de la raréfaction, y compris et surtout dans les crus périphériques. « Les Bons Bois / Bois Ordinaires servent de variable d’ajustement au négoce. Quand on raréfie le produit, la situation, à terme, se retourne toujours contre les viticulteurs de ces crus. » La salle est restée globalement dubitative. « Déjà, à 10,52, on ne raréfiait pas trop. Même dans les Fins Bois, 60 % des viticulteurs s’en sortent et 40 % sont dans la m… »

(1) Le futur nouveau syndicat viticole (voir pages suivantes).

 

 

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