Région délimitée Cognac – Récolte 2009 : Correcte sans être exceptionnelle

31 janvier 2010

Avec un rendement moyen de 111 hl vol./ha, la récolte 2009 s’inscrit dans la bonne moyenne régionale, correcte mais sans superflu. « Aujourd’hui, le potentiel de production régional réside sans doute dans ces eaux » notait récemment un observateur attentif du vignoble. Entre les maladies du bois, le vieillissement du parc viticole, les changements climatiques et une hétérogénéité de zones assez sensible, les très gros rendements charentais, réguliers et massifs, appartiennent sans doute à une époque révolue. Exit les somptueuses récoltes des années 70-80. Aujourd’hui et demain, il faudra sans doute apprendre à composer avec des niveaux de production plus erratiques. Evidemment, la grêle de mai 2009, en défaisant des territoires entiers, en a « rajouté une couche ».

Le TAV (titre alcoométrique volumique), autrement dit le degré, s’élève, en moyenne, à 10,29 % vol. La récolte 2009 se classe ainsi parmi les années à « + 10 », rejoignant le groupe des années 2003, 2005, 2007. Les degrés élevés seraient-ils l’apanage des années impaires ? En volume, la récolte cépages double fin charentaise 2009 s’établit à un peu plus de 8 millions d’hl vol. (8 237 363 hl vol.). Sur les vignes Cognac, le rendement en alcool pur atteint 10,41 hl AP/ha.

Une fois encore, dans les déclarations d’affectation des producteurs, le débouché Cognac rafle la mise. En moyenne, il capte 86 % de la récolte 2009, avec une amplitude variable selon les crus, de 97 % en Grande Champagne à 62 % en Bons Bois en passant par 87 % en Petite Champagne, 88 % en Fins Bois. Cette année, le fléchage massif de la récolte vers le Cognac tient moins au rendement annuel, contingenté à 8,12 hl AP/ha, qu’à la réserve climatique. Elle a été plébiscitée par les vignerons charentais. Il est vrai que, lors de sa mise en œuvre l’an dernier, elle n’avait pas vraiment pu s’exercer, faute de munitions. La récolte 2009 a donc résonné comme une sorte de mise en bouche. Plutôt copieuse. Selon les déclarations de récoltes – valant affectation – les volumes dévolus au Cognac atteignent 727 173 hl AP. Si, de manière théorique, sont soustraites de ce volume les quantités de Cognac liées au rendement annuel (8,12 hl AP/ha x 69 875 ha), reste pour la réserve climatique dans les 190 000 hl AP, sans doute un peu moins avec les pertes, les lies. « A la louche », on ne serait pas loin d’une réserve climatique de 2,5 hl AP par ha sur les 5 autorisés. « A ce jour, il n’y a plus de problème climatique en Charentes » souligne, caustique, un témoin. Les « Autres débouchés », objets de tous les enjeux régionaux avec le Cognac, dépassent de peu le million d’hl (1 125 572 hl vol.). Ils réalisent un score honorable tout en se situant plutôt dans la fourchette basse des prévisions. Avec 400 000 hl vol. chacun, Fins Bois et Bons Bois alimentent plus des deux tiers des quantités ciblées vins de table et jus de raisin. Au vu des déclarations de récolte, furent affectés aux « Autres débouchés » 3 629 ha.

Comme toujours, après dépouillement des déclarations de récolte, le service statistiques du BNIC a livré une moisson de chiffres, précieuse en terme de connaissance régionale (voir supplément d’informations en
page 50). Pour revenir à quelques données de base, le vignoble Vin Blanc Cognac en production couvre 74 113 ha (997 ha en non-production). Il est mis en valeur par 5 081 exploitations. En une année (2009 par rapport à 2008), la région a perdu 152 exploitations, soit 2,9 % de ses effectifs.

Le 18 décembre dernier, le Cognac a été officiellement reconnu par les autorités chinoises comme première IG (Indication géographique) étrangère. Une reconnaissance qui ouvre la voie à la reconnaissance d’autres IG européennes. Ce résultat est le fruit d’un investissement à long terme, d’un effort constant initié à partir de 1995 par le BNIC et le ministère de l’Agriculture français. Une coopération soutenue avec la Chine en aura été la meilleure des traductions. Cerise sur le gâteau, c’est l’année du centenaire de la délimitation de l’appellation Cognac que se concrétise cette longue et fructueuse collaboration. En janvier 2009, le président et le directeur du BNIC s’étaient rendus en Chine pour remettre officiellement à l’administration chinoise le cahier des charges de l’appellation Cognac, avec l’accord des autorités européennes.

Alain Philippe, directeur de l’interprofession, quitte ses fonctions le 1er janvier 2010. Cet homme qui ne venait pas du sérail cognaçais a embrassé la région et son produit, comme l’avait fait avant lui Jacques Fauré. Alain Philippe a mis son mandat sous le sceau de la défense de l’appellation avec, en interne, le souci d’excellence du BNIC. L’ingénieur issu du bâtiment n’a pas démérité de la « maison interprofessionnelle ».

En cette période de fêtes, notre journal souhaite à ses lecteurs beaucoup de joie, de satisfactions personnelles et professionnelles. A tous, bonne année 2010.

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