On se souvient du « bazar » occasionné par le dérapage des rendements des vins sans indication géographique (les « autres débouchés » en Charentes) lors de la dernière campagne : les Charentes soupçonnées d’alimenter la baisse des prix des vins de table, les autres régions de jouer le basculement des vins sans IG vers des vins avec IG… Pour remédier à cette situation, toutes les régions viticoles de France, réunies au sein du Conseil spécialisé de FranceAgriMer, se sont mises d’accord pour s’appliquer à elles-mêmes une règle de bonne conduite. Comment ? En demandant l’application du rendement physiologique de la vigne. Car, si l’Europe a décrété la libéralisation des rendements pour les vignes sans IG, le véritable juge de paix n’en reste pas moins le rendement physiologique de la vigne. Comme la plus jolie fille du monde, une vigne ne peut donner que ce qu’elle a, c’est-à-dire les raisins présents sur ses ceps et uniquement eux. Tout le reste s’assimile à une fraude. Dans un premier temps, les professionnels avaient pensé demander aux autorités de contrôle (Douanes, Fraudes) de venir constater le rendement des vignes – sur demande du viticulteur – lorsque ce rendement dépassait les normes régionales. Les Douanes n’ont pas voulu s’engager dans cette voie. Restait alors à travailler la piste d’un rendement physiologique « forfaitaire », fruit des études des instituts techniques. Sur cette base, FranceAgriMer a proposé un rendement de 180 hl vol./ha pour toutes les régions françaises à l’exception du vignoble des Charentes, qui se voit reconnaître un rendement physiologique de 250 hl vol./ha. Car toutes les références de la Station viticole du BNIC et des Chambres d’agriculture 16 et 17 le prouvent. Chaque année, un certain pourcentage de vignes de la région de Cognac est capable de produire 250 hl vol./ha D’où le niveau de rendement reconnu en Charentes le 8 septembre dernier. Par ailleurs, pour les destinations non-vin (jus de raisin), il a été admis que des vignes exceptionnellement chargées puissent dépasser les 250 hl vol./ha mais « tout en restant dans des limites raisonnables » et sans dépasser, bien sûr, le rendement physiologique de la vigne.
mesures de dissuasion
La nature humaine étant ce qu’elle est, les responsables professionnels ont pensé qu’il serait bon d’étayer ce code de bonne conduite d’une procédure de dissuasion, sous la forme de contrôles des Douanes et des Fraudes, avant et pendant les vendanges. Président de l’interprofession, Bernard Guionnet siège aussi au conseil spécialisé FAM. Lors de la journée des courtiers, le 13 septembre, il a expliqué que les contrôles d’avant vendanges concerneraient les viticulteurs ayant ignoré la notion de rendement physiologique de la vigne sur leurs déclarations de récoltes 2009. « Nous avons vu des rendements de 600, 700, 1 000, 1 200 et même 1 400 hl vol./ha ! Face à de telles aberrations, vous comprendrez que ces gens soient indéfendables. Qu’ils ne s’étonnent pas, dans ces conditions, de subir des contrôles musclés. Leur exploitation sera passée à la moulinette. » Quant à ceux qui se laisseraient aller à pareils débordements lors des prochaines vendanges, ils s’exposeront aux mêmes types de contrôles en 2011. Eux aussi seront dans le collimateur.
