Rendement Moyen Sur Fond De Demande élevée

28 avril 2009

La Rédaction

La récolte vin blanc Cognac 2007 ne fera pas rêver. Les chiffres délivrés lundi 17 décembre par les services du BNIC, juste après le dépouillement des déclarations de récolte, confirment ce que tout le monde pressentait : une petite récolte en partie rachetée par un bon degré. Sur l’ensemble de la région délimitée, le rendement vin blanc Cognac ne dépasse pas 86 hl vol./ha (85,80 hl vol.) quand le TAV moyen s’affiche à 10,25 % vol., soit un rendement en alcool pur de 8,82 hl AP/ha. Ces éléments classent la récolte 2007 parmi les trois plus faibles récoltes enregistrées en Charentes lors de ces trente dernières années. Elle est pourtant loin de battre le record de 1991 (48 hl vol./ha, 4,65 hl AP/ha) et reste supérieure de près de 2 hl AP/ha à la récolte de 1993, marquée par de forts volumes mais de faibles degrés (7 hl AP/ha). Avec le probable passage en chaudière de 620 000 hl AP (8,3-8,5 hl AP/ha), la fabrication Cognac 2007-2008 devrait représenter près du double de celle de la campagne 1999-2000 (325 000 hl AP). A proprement parler, elle ne s’assimile donc pas à une « petite récolte ». Et pourtant les vendanges 2007 dérangent pour au moins deux raisons : d’abord elles signent un coup d’arrêt avec « le rendez-vous permanent des 11 de pur ». En l’espace de six mois, tout le monde a pris conscience que ces 11 de pur n’étaient pas acquis ad vitam aeternam ! Et de se demander, avec un brin d’inquiétude si, par hasard, on ne rentrerait pas dans un cycle de récoltes déficitaires… Ensuite, cette production en demi-teinte tombe au plus mauvais moment, alors que la demande d’eaux-de-vie est au zénith. Par rapport aux prévisions de marchés, il manque à l’appel 150 000 hl AP. Saura-t-on les compenser sur les deux ou trois ans à venir ? Pour cela, les experts signalent que – mathématiquement – il faudrait s’orienter vers une production annuelle de 11,5 hl AP/ha. Face à un vignoble fatigué, souffrant d’un manque de renouvellement chronique, ces niveaux de production élevés inspirent cependant quelques doutes. Relever le challenge supposerait que la région dégageât des moyens importants, nécessitant une mobilisation de tous, acheteurs, banquiers… En sachant que, de toute façon, ce « Plan Marshall » de la viticulture ne portera ses fruits que dans trois ou quatre ans. Pour autant, l’heure est-elle à « l’inquiétude extrême » du côté des acheteurs ? « Il n’y a a pas de panique » assure-t-on dans les rangs. D’abord parce que le réalisme prime – « Rien ne sert de se lamenter. On n’en fera pas plus maintenant » – et ensuite parce que la politique contractuelle s’avère un allié précieux. Un bouilleur de profession témoigne : « Dans 90 % des cas, sauf récolte très déficitaire, les viticulteurs vont essayer de parer à leurs contrats. » Et ce même si les prix contractuels s’avèrent un peu en-deçà des prix du marché libre. « Ils “couinent” un peu sur les prix. Mais on leur rappelle que sur 40 ans, ils ont eu du bon et du moins bon. Qu’il leur est arrivé de vendre deux fois plus et deux fois plus cher que les autres. Ils l’acceptent. » Par contre le même admet que la partie non contractuelle – que les viticulteurs aient l’intention de la stocker ou de la vendre – sera difficile à « accrocher ». « Il y a de la concurrence ! » L’opérateur a parfois l’impression de se retrouver 17 ou 18 ans en arrière. « Des francs-tireurs se lèvent, des sous-marins des grandes maisons remontent à la surface. Manifestement, il y a un peu de tension dans le métier. »

Un rapide tour d’horizon des prix à mi-décembre prouve en effet l’existence d’une tension générale sur les cours. Si, globalement, les grandes maisons ont tendance à vouloir recoller aux prix du second marché, ce dernier, pour trouver de la marchandise, est obligé « d’en remettre une couche » D’où un tirage sur les prix. Ainsi, quand les bonnes fins 2005 grandes maisons cru Fins Bois oscillent entre 1 100 et 1 150 € l’hl AP, les prix atteignent facilement 1 200-1 500 € sur le marché libre. Un écart équivalent voire supérieur se constate sur les eaux-de-vie 2004 : 1 400-1 500 € l’hl AP prix grandes maisons contre 1 500 à 1 800 € cours du marché libre. Les 2003, quasi inexistantes sur le marché, se négocient aujourd’hui aux environs de 1 800 € et peuvent monter jusqu’à 2 200 €. Que se passe-t-il sur les comptes 10 ? Leurs prix de départ flirtent avec les 3 500 € et selon les qualités, l’âge, arrivent à 4 200, 4 500 voire 5 000 € l’hl AP et même un peu plus dans certains cas, quand même exceptionnels. Sur les vins Cognac non contractualisés, la profession s’attend à une « guerre des prix » pour les quelques volumes encore disponibles. « Actuellement le prix des vins libres tourne autour de 800 à 900 € mais il n’est pas impossible de le voir grimper à 1 000 € l’hl AP. Ce niveau de prix aura forcément un impact psychologique. Mais il ne faudra jamais oublier qu’il ne représente qu’1 ou 2 % du marché, l’immense majorité des vins Cognac étant pré-achetés. » A l’évidence, les cours les plus hauts se rencontrent aujourd’hui dans les secteurs peu ou non contractualisés, Bons Bois, Bois Ordinaires. « Ils jouent leur jeu, c’est normal » relate un courtier plutôt spécialisé dans les crus centraux. Un viticulteur de Bons Bois souhaite relativiser cette image d’opportunisme. Quand on lui demande s’il se sent « courtisé » par les acheteurs, il rectifie : « nous sommes sollicités ». Lui-même profite de la période pour s’engager dans une démarche de contractualisation, mais pas à n’importe quelle condition. « Nous souhaitons nous inspirer d’engagements qui fonctionnent dans le temps et non de contrats dénoncés au premier coup de vent. » S’il applaudit à la hausse des cours – « elle a motivé nos acheteurs traditionnels à revoir leurs prix » – il assure que ses collègues et lui-même « ne sont pas non plus des joueurs de bourse ».

Début octobre le journal Sud-Ouest a organisé un débat sur la question « A qui profite l’embellie du Cognac ? » Grosse contribution des journalistes locaux qui émaillèrent l’édition de la semaine d’articles tournés vers le Cognac, ses producteurs et ses exportateurs. César Compadre, chef de la rubrique vin à Sud-Ouest, animait la table ronde du 2 octobre. Un des moments forts est venu de Jean-Marc Olivier, invité à la table ronde. Il a soulevé le point technique du repli des ha Cognac vers d’autres débouchés (à quel niveau de rendement), toujours pas réglé juridiquement dans le cadre du projet d’affectation parcellaire. Le 16 novembre, le ministère de l’Agriculture a renvoyé une réponse à l’interprofession, jugée non satisfaisante par les professionnels. Dans la perspective d’un changement de régime en 2008, des éléments devront être apportés début 2008, au risque de rendre caduque l’ensemble. A la satisfaction évidente de certains, à la déception d’une autre frange. Sentiment général : « Nous nous sommes fait mener en bateaux depuis 3 ou 4 ans. »

Remarque qui n’a rien à voir : la petite campagne volumique rend plus douloureuse que d’ordinaire la livraison des prestations viniques. L’administration des Douanes rappelle pourtant que cette livraison est obligatoire, pour au moins 2 % des volumes vinifiés sur l’exploitation, sous peine de non-délivrance de l’AROC l’année suivante, voire d’encourir une amende.

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