Le Conseil des Ministres de l’agriculture de l’Union européenne a validé le 28 juin matin « l’accord de principe conclu en trilogue vendredi avec le Parlement européen et la Commission européenne sur la nouvelle Politique agricole commune pour la période 2023-2027 », avec, notamment, « une articulation adéquate avec les ambitions européennes en application du Pacte vert. La part de l’enveloppe des paiements directs dédiée à l’écorégime est fixée à 25%. Par ailleurs, 35% du développement rural devra être consacré aux mesures environnementales et climatiques du second pilier, en tenant compte à hauteur de 50% des dépenses liées à l’indemnité compensatoire de handicaps naturels », explique le communiqué du ministère de l’Agriculture.
« La France a veillé à maintenir les flexibilités associées à la mise en place de l’éco-régime notamment durant les deux premières années de la programmation (2023 et 2024) afin d’encourager les Etats-membres à être ambitieux dans les mesures proposées, sans crainte de perdre les crédits qui n’auraient pas été utilisés. La France s’est assurée que la conditionnalité tienne compte des pratiques culturales : c’est ainsi que la diversification pourra être reconnue comme pratique équivalente à la rotation des cultures au titre de la BCAE 8 [ndlr : Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales, une exigence de base de la conditionnalité des aides]. »
L’OBJECTIF DE L’AUTONOMIE PROTÉIQUE
« Le plafond des aides couplées est consolidé à hauteur de 15 % de l’enveloppe des paiements directs et la France a obtenu la base juridique qui sécurise le développement des plantes riches en protéines et rend éligibles les mélanges de légumineuses et d’herbe. Ces dispositions soutiendront la stratégie ambitieuse que la France a mise en place pour accroître son autonomie protéique et réduire sa dépendance aux protéines importées. Par ailleurs, les seuils retenus dans le compromis, qu’il s’agisse du taux de paiement redistributif fixé à 10% de l’enveloppe des aides directes, du taux d’écorégime, du niveau de convergence du paiement de base à 85%, ou de l’enveloppe de 3% consacrée à l’installation et au renouvellement des générations, confirment les choix faits pour la déclinaison nationale de la future PAC. »
LES AUTORISATIONS DE PLANTATIONS DE VIGNES PROLONGÉES JUSQU’EN 2045
« Le dispositif des autorisations de plantations de vignes a été prolongé jusqu’en 2045, soit une prolongation supplémentaire de cinq ans par rapport au compromis d’octobre. Cette disposition assurera la visibilité nécessaire aux opérateurs économiques de la filière pour planifier leurs investissements. »
IG ET SPÉCIFICITÉS DES FILIÈRES
Également, « l’extension des mécanismes de régulation de l’offre à tous les produits sous indications géographiques, le renforcement des observatoires des marchés, la facilitation de la mobilisation des mesures de crise, la prise en compte des spécificités de contractualisation au sein de la filière viticole sur les délais de paiement, l’élargissement du champ d’action des interprofessions pour mettre en oeuvre des outils de gestion des risques… La possibilité de prendre en compte les objectifs de durabilité dans les indications géographiques a été également reconnue.
Au plan social, le compromis conforte le choix effectué par la France d’un paiement redistributif doté de 10% de l’enveloppe, et la conditionnalité sociale, promue par la France au cours des négociations, pourra être mise en place, en incluant pour la première fois le respect de certaines exigences européennes en matière de conditions de travail et de protection des salariés pour bénéficier des aides ainsi que la protection des travailleurs, selon des règles uniformes dans l’Union européenne, dans la PAC.
Par ailleurs, la prise en compte de la transparence des groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC) sera maintenue. »
LE « DROIT À L’ERREUR » ET LE RENFORCEMENT DES NORMES POUR LES PRODUITS IMPORTÉS
« La France a fait inscrire dans le règlement la reconnaissance légale au niveau européen du « droit à l’erreur », qui permettra de prendre en compte les erreurs de bonne foi commises par les bénéficiaires. […] L’importance d’appliquer les normes de production de l’Union européenne aux produits importés, notamment en matière environnementale et sanitaire afin de garantir des conditions de concurrence équitables entre les producteurs des pays tiers et ceux de l’Union européenne. »
Un rapport de la Commission est attendu pour le premier semestre 2022.
Pour Julien Denormandie, « cette nouvelle PAC répond à une triple ambition : économique, environnementale et sociale. Economique, car elle préserve les revenus des agriculteurs. Environnementale, car les ambitions défendues permettent d’accompagner la transformation durable des exploitations. Sociale, enfin, grâce à une organisation commune des marchés et des mesures d’accompagnement permettant plus de justice dans un marché commun. Je me félicite de cet accord qui est un bon accord pour la France, un bon accord pour l’Union européenne. Cet accord donne une visibilité pour les sept prochaines années, au service de la compétitivité durable de notre agriculture de la souveraineté alimentaire de l’Union européenne, et du financement des transitions environnementales et sociales ».
Mais se pose toujours la question de la place de l’agriculture dans le modèle de société actuelle, et notamment la rétribution directe à hauteur du travail des agriculteurs, du vrai coût, du vrai prix du travail agricole. Un nouveau téléphone tous les ans à plus de mille correspond à bien des produits agricoles locaux.