Réseau Mét »Observ : Des conseils personnalisés

2 mars 2017

La coopérative de Matha a développé depuis un an, un concept d’accompagnement technique novateur destiné à un public de viticulteurs demandeur de conseils plus pertinents au niveau de la protection du vignoble et des itinéraires agronomiques. La démarche repose sur l’observation fine des conditions météorologiques locales mesurées à partir 10 postes météo différents et spécialement conçus pour des usages professionnels en agriculture. La centralisation de toutes ces données et l’utilisation de divers OAD permettent aux techniciens d’aller beaucoup plus loin dans les connaissances du complexe parasitaire et les préconisations. Cela permet d’apporter aux viticulteurs des conseils en matière de protection du vignoble spécifiques plus en phase avec chaque environnement de production. Le réseau MétéObser a donné pleine satisfaction aux 30 premiers utilisateurs en 2016.

 

Les démarches de raisonnement de la lutte contre les principales maladies de la vigne mobilisent l’énergie de beaucoup de techniciens des chambres d’agricultures et des entreprises de distribution depuis maintenant une quinzaine d’années. Diverses initiatives ont débouché sur la constitution de groupe de lutte raisonnée locaux dont l’objectif est de promouvoir le concept du « traiter juste ». Le fondement de toutes ces initiatives repose sur l’utilisation de données météo locales les plus fiables possible. Or, très souvent, les techniciens sont obligés d’utiliser les données météo issues du poste le plus proche parfois situé à plusieurs dizaines de kilomètres. L’équipe de techniciens de la coopérative de Matha qui travaillait de cette façon, a décidé au début de l’année 2016 de se doter d’un réseau de collecte d’informations météorologiques représentatif de son aire activité en implantant 9 stations météo.

 


Apporter un conseil plus spécifique contribue à mieux respecter l’environnement

 

      Pourquoi avoir construit le réseau MétéObserv sur le territoire de la coopérative de Matha alors qu’il existe déjà un certain nombre de postes météo ? David Croizet le conseiller technique responsable du pôle viticole considère que l’origine de cette initiative a reposé sur la volonté d’apporter aux agriculteurs et aux viticulteurs une connaissance approfondie de leur territoire : « Le vécu des techniciens de terrain met toujours en avant le même argument :  L’ensemble de la conduite des cultures et tout particulièrement celle de la vigne est très dépendante des conditions climatiques au sein de chaque contexte de terroir local. Ce constat qui n’est pas nouveau, est devenu une préoccupation de premier plan avec la montée en puissance des exigences depuis une dizaine d’années. Le fondement des métiers de viticulteurs et des conseillers technique connaissent une profonde évolution. La recherche du meilleur compromis productivité qualité doit intégrer un élément nouveau, le respect de l’environnement. Cette nouvelle situation a amené l’équipe de techniciens de la coopérative à décider de réfléchir à de nouveaux moyens pour accompagner les viticulteurs. Le maillage des stations météo existantes était adapté aux exigences du grand public mais pas à notre utilisation professionnelle. Pour aller plus loin dans l’analyse fine des situations et ensuite, être en mesure de proposer des préconisations ciblées et différenciées au sein de l’aire d’activité de la coopérative, nous avions besoins d’un outil d’observation météo beaucoup plus puissant. C’est cette idée qui est à l’origine du réseau MétéObser ».

 

           

Aller dans la précision météo est un vrai plus 

 

      L’incidence de la climatologie pour une culture comme la vigne est déterminante vis-à-vis de la croissance végétative, du parasitisme, de la gestion des travaux et des conditions de maturité à partir de la véraison. La démarche MétéObser a été mise en place au début de l’année 2016 avec le triple objectif de disposer d’une meilleure cartographie de la climatologie, de fiabiliser les saisies de nombreuses données et d’apporter des éléments de réflexions nouveaux. D Croizet considère que l’obtention de données météo beaucoup plus précises permet aux techniciens et aux viticulteurs de pousser plus loin leurs réflexions et les conseils qui en découlent : « Aller dans la précision météo représente un vrai plus pour comprendre les différences de dynamiques de développement du mildiou ou de l’oïdium, raisonner avec plus de fiabilité les dates de traitements et essayer d’avoir une démarche plus prospective pour anticiper certains phénomènes ». Le réseau MétéObserv est constitué de 10 stations météo réparties sur l’aire d’activité de la coopérative de Matha qui en a acquis 7 nouvelles au printemps dernier. Les trois autres stations appartenaient déjà à des agriculteurs qui ont accepté de les intégrer dans le réseau. Après avoir consulté plusieurs fournisseurs, un partenariat a été conclu avec la société Promété pour installer des stations multiparamètres et créer une unité de gestion commune à l’ensemble des sites. Les stations ont été implantées en plein champ au cœur des vignes à Migron, Thors, Louzignac, Neuviq le Château, Le Cluzeau, Gourville et Cherbonnière.


Le poste de centralisation des données météo est équipé De divers OAD

 

      Les stations météo Promété utilisés par la coopérative de Matha fonctionnent de façon autonome grâce à des panneaux solaires. Elles sont équipées de différents capteurs mesurant les températures (T° mini, T° maxi, T° moyenne durant toute la journée, T° ressenties), l’hygrométrie (humidité relative, l’humectation foliaire), la pluviométrie (par plage horaire et cumulée), le vent et l’intensité des radiations solaires. Les données climatiques recueillies sur chaque site sont transférées par satellite directement au siège de la coopérative ou elles sont mises à disposition de l’équipe de techniciens. Le poste informatique centralisé comporte différents OAD permettant de suivre la dynamique épidémique du mildiou, de l’oïdium, du botrytis (à partir de modèles) mais aussi de réaliser des prévisions météo à 7 jours et d’estimer les plages de traitement idéales (en tenant compte de l’humectation du feuillage). Le fait que chaque station soit en mesure d’établir des prévisions météo dans un rayon de 5 à 10 km autour du point de mesure représente une véritable avancée. Les informations de prévisions météo sont remises à jour toutes les heures avec une fiabilité qui est très bonne à 48 heures. L’apport certaines données comme l’humectation du feuillage, la vitesse et l’orientation du vent, l’évolution de la couverture nuageuse s’avère intéressant pour réaliser les traitements dans de meilleures conditions.

 

Tenir compte des effets sites et des contraintes de chaque propriété

 

      D Croizet et ses collègues s’appuient sur les éléments fournis par réseau MétéObser et aussi sur les observations de terrain issues de parcelles témoins non traitées (dans les différents sites) pour établir des conseils personnalisés dans un rayon de 5 à 10 km autour de chaque poste météo. Toutes les préconisations sont communiquées de façons directes aux viticulteurs qui peuvent aussi consulter les données par le biais de messageries codées. Chaque semaine un message d’information écrit détaillé est transmis à chaque membre du réseau et des réunions bout de vignes régulières se sont déroulées sur les différents sites durant tout le cycle végétatif. D Croizet explique que l’objectif est d’apporter à chaque viticulteur un conseil sur-mesure : « Le plus de notre réseau MétéObser est de justement pouvoir réaliser des analyses à l’échelle de petits îlots de terroirs. Le dialogue que nous entretenons avec chaque viticulteur permet aussi d’intégrer toutes les contraintes d’organisation des traitements de chaque propriété. Nous personnalisons au maximum nos conseils mais les viticulteurs sont au final les seuls décideurs. L’apport des prévisions météo a aussi permis de gérer les applications de chélates au sol au printemps avec plus de justesse. À l’issue de cette première, nous sommes convaincus que MétéObser nous a apporté un véritable plus pour comprendre les différents événements et analyser avec justesse les niveaux de risque ».

 

Une prestation incluant différents niveaux d’accompagnement

 

      Le développement de cette initiative de conseils personnalisé représente une nouvelle approche de travail pour la coopérative de Matha qui a été abordée en déconnectant le service de conseils de la commercialisation des intrants phytosanitaires. L’adhésion au réseau MétéObserv est facturée sous la forme de prestations payantes incluant plusieurs niveaux d’accompagnement. Par exemple, l’accès aux seules données météo sans aucuns conseils et préconisations individuelles revient à 100 € HT. Le suivi le plus complet capté l’intérêt de 30 viticulteurs en 2016 qui représentent un potentiel de surface de1 500 ha. Lors des deux réunions de synthèse rassemblant les utilisateurs «pionniers» ont eu lieu  courant janvier, le vécu de cette première campagne est globalement positif.  Déjà de  nouveaux  viticulteurs souhaitent adhérer au réseau MétéObserv et il est probable que d nouvelles station météo soient installées dans les semaines à venir.

                                                 

 

 

 

Adapter le calendrier de protection « à l’effet site »

 

 

     Philippe Martineau exploite un vignoble d’une centaine d’hectares répartis en trois îlots principaux, un de 35 ha autour du siège de l’exploitation à Thors, un second à Migrons de 40 ha et un troisième dans le pays Haut. Ce jeune viticulteur qui gère lui-même l’organisation de tous les travaux était demandeur d’un accompagnement technique plus poussé pour maîtriser la protection du vignoble et l’entretien agronomique.

 

 Mieux appréhender les spécificités de chaque site de production

 

       À titre personnel, il était sur le point d’acquérir une station météo quand la coopérative a présenté son projet de réseau MétéObserv au début de l’année 2016. Cette initiative présentait l’avantage de pouvoir disposer de données spécifiques à chaque îlot de production. Ph Martineau considère que le fait d’avoir des données météo locales précises et en phase avec les spécificités du terroir permet d’aller plus loin dans la connaissance des spécificités de chaque propriété : « L’environnement climatique et de sols de mes trois principaux îlots de production distants de seulement 15 à 30 km est très différent. Les sols de pays bas desdeux vignobles de Thors et de Migrons confèrent aux vignes une belle vigueur, une sensibilité accrue au parasitisme et des contraintes d’assimilation des éléments fertilisants parfois fortes. À l’inverse dans les pays haut, les vignes se développent plus précocement et surtout plus régulièrement. Le fait de pouvoir disposer de mesures et de prévisions météo issues de stations toutes proches permet d’aller plus loin dans le raisonnement de la protection du vignoble et de la gestion agronomique. Cela vient conforter le travail d’observation dans les parcelles et nourrit ma réflexion personnelle pour mettre en place des interventions réellement adaptées à l’effet site ».

 

 Aller plus loin dans le raisonnement de la lutte

 

Une des stations météo du réseau MétéObser est installée dans les vignes de Ph Martineau à Thors et une autre est située à Mons à quelques kilomètres de Migrons. Ce viticulteur estime qu’en 2016, l’apport des données météo est venu en quelque sorte conforter l’analyse de la situation sur chaque site. L’utilisation des informations issues des modèles mildiou, oïdium, botrytis et des mesures d’hygrométrie au niveau du feuillage ont été très utiles durant la période très pluvieuse de mai et de juin. Ph Martineau pense que sa connaissance de l’état du vignoble a été bien meilleure : « Le fait de disposer de toutes ces nouvelles informations m’a permis d’aller plus loin dans l’appréciation du risque parasitaire sur chaque sites de production. L’interprétation des observations dans les parcelles témoins a été aussi mieux valorisée par l’apport des données météo. Tout cet ensemble d’éléments permet d’aller plus loin dans le raisonnement des stratégies de traitements. En 2016, j’estime avoir économisé deux traitements pendant la période de forts risques. L’accompagnement technique m’a aussi permis d’être plus efficace dans la mise en œuvre des traitements. Les chantiers de pulvérisation ont été gérés en tenant compte de l’hygrométrie du feuillage ».

 

 

      

Une météo fiable issue de Gourville et utilisée à Gourville

 

     Alain Falourds et Franck Meslier qui exploitent respectivement 30 et 20 ha de vignes sur la commune de Gourville ont adhéré à la démarche MétéObser en prenant une prestation de consultation aux données météo et aux OAD. Ces deux viticulteurs partagent le même souci de mettre en œuvre une protection du vignoble à la fois efficace et aussi respectueuse des enjeux environnementaux actuels.


L’accès à des données et à une prévision fiable est une avancée importante

      Leur adhésion au réseau MétéObserv a été motivée au départ par la possibilité de disposer d’informations météo issues d’un poste de mesure implanté à 5 km de chez eux. F Meslier et Alain Falourds sont de « friands » consommateurs d’informations météo : « Les conditions météorologiques sont une composante forte de notre métier. Essayer de bien appréhender l’ampleur des séquences de pluies, de chaleur, d’épisodes nuageux, d’humectation, ……. est très important. Nous consultons la météo tous les jours et parfois plusieurs fois quand on réalise des traitements. C’est devenu un réflexe quotidien et indispensable pour organiser tous nos travaux. Les sites de Météofrance et d’autres fournisseurs nous apportent des informations génériques intéressantes qui sont généralement issues de postes situés à 20 ou 30 km de chez nous. Durant la période hivernale, ces données sont suffisantes. Par contre, entre la mi avril et la fin octobre, nous avons besoin de données météo plus professionnelles issues du local car la climatologie fluctue énormément entre Cognac, Gourville et Matha. La prévision de l’arrivée d’une séquence pluvieuse instable en mai ou juin sur le département de la Charente peut apporter 30 mm de pluies à Jarnac et seulement 5 à Gourville. Le fait de pouvoir accéder à des relevés et à des prévisions météo fiables issus d’une station située à 5 km de chez nous, au Breuil de Gourville, représente une avancée importante. Cela nous apporte une connaissance fine de la variabilité de notre climat».

 

Pousser plus loin l’opportunité de la mise en œuvre de chaque traitement

      À l’issue de cette première année d’adhésion au réseau MétéObser, les deux viticulteurs sont pleinement satisfaits de la précision des informations météo que leur a apportée cet outil. La première partie du cycle végétatif de la vigne a été marqué par un printemps très humide et une forte pression d’oïdium sur le secteur de Gourville. Entre le début mai et la fin juin, ils ont fait preuve d’une grande vigilance dans la maîtrise de leur calendrier de traitements. Durant cette période, A Falourds et F Meslier ont consulté fréquemment MétéObser pour caler avec efficacité leur protection : « Cette année, le contexte de pression de parasitisme assez élevé en début de campagne ne nous laissait pas beaucoup de marge de manœuvre. L’accès très fréquent, parfois plusieurs fois par jour aux données météo, aux prévisions et aux informations des OAD nous a aidés à être plus attentif et plus réactif. Les prévisions des modèles mildiou, oïdium nous ont paru pertinentes. Tout cela nous a permis de pousser plus loin notre réflexion sur l’opportunité de mettre en œuvre chaque traitement. Les informations précises sur la vitesse du vent, l’hygrométrie, les points de rosées nous ont été très utiles pour optimiser les conditions de traitement. Cela nous a permis de déclencher les traitements  pendant les périodes les plus propices et on a sûrement gagné en efficacité ». Le coût de la prestation de conseil MétéObser leur paraît assez accessible et vite amorti quand ils économisent une application sur 20 ou 30 ha. Les deux viticulteurs considèrent aussi que l’adhésion à cette démarche est aussi une preuve tangible des efforts qu’ils déploient pour maîtriser  l’utilisation des intrants phytosanitaires.

 

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