Philippe Guérin, syndicat du Pineau

13 juin 2012

Quitte à dématérialiser, autant transformer l’obligation en opportunité. C’est la vision de la filière Pineau qui plaide pour la simplification administrative, la chasse aux redondances, l’enregistrement unique. Créer un outil au service des opérateurs, en se demandant ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.

La dématérialisation n’est pas étrangère aux opérateurs Pineau, dont un certain nombre pratique la vente directe.

p35.jpgEn effet, depuis le 1er janvier 2011, tous ceux qui expédient en Europe (hors France) passe par la plate-forme numérique du BNIC, Concerto. De même, notre clientèle est de plus en plus demandeuse de dématérialisation, que ce soit pour les bons de livraison ou la facturation. Mais si l’informatique est rentrée dans nos vies, cela ne veut pas dire que la gestion s’en trouve allégée. Au Pineau, nous évoquons depuis longtemps la question de la simplification administrative. Comment faire que l’informatique aide au pilotage de nos entreprises ? La dématérialisation, nous y sommes favorables, mais à condition qu’elle serve à la simplification administrative.

De quelle façon ?

En évitant par exemple les doublons d’enregistrement. Qu’un enregistrement unique vienne alimenter toutes les cases, au lieu de saisir plusieurs fois les mêmes données. On peut également se demander si toutes les obligations administratives sont bien nécessaires ? A-t-on besoin d’un registre d’élaboration à côté d’un cahier de chai ? Pourquoi les deux ? Ne serait-il pas plus simple d’avoir un unique cahier de chai, amplement suffisant pour assurer la traçabilité. Par contre, il a certainement des mises à jour à faire. Dans le registre de comptabilité matière par exemple, les réserves de gestion, climatique et de production n’apparaissent pas. De même, ne serait-il pas bon de définir quelle information sert à quel organisme ? Il est plus facile de mettre un filtre sur un outil informatique que sur un outil papier afin d’éviter la surabondance d’informations qui ne servent à rien. En résumé, que la dématérialisation soit l’occasion de passer en revue tout notre environnement déclaratif. La PAC a renouvelé notre vision de l’exploitation. D’un clic, nous envisageons différemment le parcellaire. C’est un peu dans ce même esprit que nous envisageons la dématérialisation. Qu’elle soit un outil de progrès.

Vous parliez d’outil de pilotage ?

Oui, aujourd’hui, tout interfère sur tout. On pourrait imaginer que l’opérateur possède un dossier personnalisé, où toutes ses données seraient sauvegardées. A partir de là, il pourrait remplir l’ensemble de ses obligations administratives, Douanes, récolte, fabrication, ODG… Mais, pour cela, il faut une vraie volonté de filière. Car, derrière, existent des enjeux financiers. Et il ne faut pas se « louper ». Prenons le temps de bien faire les choses. Cela nécessitera peut-être plusieurs étapes.

Estimez-vous la concertation suffisante ?

En tout cas, elle doit être la plus large possible, pour que chacun puisse apporter son expérience, sa vision des choses. La typologie des opérateurs est beaucoup plus diverse qu’on ne l’imagine souvent. D’où l’intérêt de pratiquer les tests à la plus grande échelle possible.

Jean-Louis Barraud, président du Syndicat des vins de pays charentais
« Des chiffres fiables »
p35b.jpgEn tant que président d’Ugnicognac, la filiale viticole de Charentes Alliance, Jean-Louis Barraud sait ce que coûte la dématérialisation. Sa coopérative est en train d’installer un logiciel qui servira d’interface entre celui du BNIC et le système informatique de l’entreprise. Objectif ? Gérer plus facilement les obligations déclaratives des adhérents. A terme, l’investissement devrait simplifier les démarches. Pour l’instant, il se traduit par un effort financier supplémentaire, pas forcément rémunéré. « C’est un coût prélevé sur la marge de l’entreprise et donc, quelque part, sur la rémunération des adhérents. »
Qu’attend le président du Syndicat des producteurs de vins de pays charentais de la dématérialisation ? Lui aussi parle de souplesse. « Quand un camion viendra chercher du Vin de pays et qu’il y aura un incident quelconque, il faudra pouvoir rectifier. Nous travaillons sur du vivant. »
Ce qu’il espère surtout, c’est obtenir des chiffres fiables sur sa filière. « Aujourd’hui, on ne sait pas si nos vins partent en vins de pays charentais, en vins de pays de l’Atlantique, en vin sans IG. La mention de cépage est rarement renseignée sur les DCA. » Ces informations, il les attend de pied ferme, pour permettre à l’ODG de mieux travailler. Plus généralement, il souhaite que tout le monde puisse accéder à l’outil informatique, « que ce ne soit pas réservé à une élite. » « J’y veillerai. C’est mon rôle de syndicaliste. »

 

 

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