Prospecter 100% du vignoble pour maîtriser la flavescence dorée

2 septembre 2015

Le top départ des prospections contre la flavescence dorée va être donné dès les derniers jours d’août dans toute la région de Cognac. Les professionnels ont souhaité mobiliser des moyens importants pour que les techniciens chargés de ce dossier mettent en place un plan d’action des prospections 2015 très mobilisateur et ambitieux. Des réunions d’informations et de nombreuses animations bout de vignes vont avoir lieu pour sensibiliser les viticulteurs à la mise en œuvre des prospections. Chercher la présence de symptômes dans toutes les parcelles de vignes de la région délimitée est le seul moyen de lutte efficace pour assainir durablement le vignoble. A l’inverse, ne pas faire de prospection c’est à la fois prendre un risque personnel et le faire partager à son environnement. On ne pourra vaincre la flavescence dorée que si 100 % des surfaces sont durablement prospectées.

 

 

La flavescence dorée est une maladie insidieuse qui affecte le vignoble charentais de manière importante depuis maintenant une quinzaine d’années. La méconnaissance et la difficulté à identifier les symptômes à la fin de chaque été ont été pendant longtemps un gros handicap pour détecter précocement la présence de la maladie. La plupart des foyers identifiés présentaient un gradient d’intensité élevé qui attestait d’une implantation de la FD depuis au moins 3 à 4 ans. La puissance des épidémies avait laissé le temps à la maladie de diffuser son pouvoir de nuisance sans aucune contrainte dans un environnement de 10 à 20 km2. La flavescence dorée semblait avoir toujours une longueur d’avance mais, heureusement, une dynamique de lutte cohérente à l’échelle des deux départements a été mise en œuvre depuis le début des années 2010. Les professionnels ont décidé de mettre en place un véritable plan de bataille qui mobilise l’énergie des techniciens. Le fondement des nouvelles stratégies de lutte a reposé sur un constat : la gravité des foyers identifiés est à relier à une insuffisance des recherches de symptômes.

Des accompagnements techniques pour responsabiliser les viticulteurs

Des actions importantes sont conduites depuis trois ans pour créer chaque fin d’été une dynamique de recherche des symptômes la plus large possible auprès des viticulteurs. Les professionnels ont décidé de mettre en place des accompagnements techniques d’envergure pour que les viticulteurs réalisent eux-mêmes le travail de prospection des symptômes. L’objectif des prospections est d’établir un état des lieux de la situation sanitaire sur l’ensemble des 75 000 ha de vignes. L’enjeu de ce challenge est capital pour protéger durablement le capital souches de la région de Cognac. L’identification des ceps porteurs de l’agent infectieux (le phytoplasme de la FD) et la destruction des souches infestées repré-sentent les seuls moyens d’éliminer l’ino-culum infectieux des parcelles. Ces actions de prospections doivent s’accompagner de la lutte au sein du PLO contre le vecteur, la cicadelle de la FD. La réalisation d’une couverture insecticide à des dates précises empêche les risques de dissémination de la maladie par l’insecte qui s’est nourri sur des ceps contaminés.

Des résultats encourageants en 2013 et 2014

La stratégie de responsabilisation des viticulteurs dans la mise en œuvre des prospections semble avoir donné des résultats encourageants depuis trois ans, mais la totalité du vignoble n’est pas encore prospectée. Les résultats des prospections 2013 et 2014 ont été en nette augmentation dans pratiquement tous les secteurs de la région délimitée, au sein du PLO et en dehors. La « traque » aux symptômes de FD trouve désormais sa place dans le calendrier des travaux de la première quinzaine de septembre des propriétés. En conclusion, plus on cherche des symptômes, plus on en trouve et plus cela justifie l’intérêt d’intensifier les efforts de prospection. Au cours des automnes 2013 et 2014, les vignes prospectées ont représenté 62 et 63 % (59 000 ha) de l’ensemble des surfaces de la région délimitée. Ces chiffres sont à la fois encourageants et perfecti-bles ! En effet, en 2010, moins d’un hectare sur deux était prospecté (40 % de la surface). Les découvertes beaucoup plus nombreuses de petits foyers de seulement quelques ceps sont aussi un indicateur de l’efficacité du travail de prospection. En 2013, 340 analyses de feuilles ayant extériorisé des symptômes ont été réalisées et en 2014, 512 analyses ont été effectuées. Durant l’automne 2015, le potentiel d’analyses de contrôle de l’identification des phytoplasmes de la FD réservée à la région de Cognac a été porté à 600. Cet élément témoigne aussi de l’amélioration qualitative des prospections qui ont permis de repérer un nombre plus important de foyers de faibles intensités.

Atteindre l’objectif des 100 % des surfaces prospectées en 2015

Les campagnes d’information et les animations de terrain réalisées en 2013 et en 2014 ont été organisées avec beaucoup plus d’efficacité, ce qui a permis d’améliorer la pertinence du PLO 2015. Ce constat positif ne doit pas pour autant faire croire que « la partie est gagnée ». Les 75 000 ha n’ont pas été encore totalement prospectés, ce qui laisse à penser que l’état sanitaire présenté au printemps dernier s’affine mais n’est pas encore pleinement représentatif de la situa-tion réelle. L’établissement du PLO 2015 a débouché sur deux niveaux de risques : des zones à risques élevés (les communes au cœur et limitrophes d’un foyer soumises à trois traitements insecticides obligatoires) et des zones à risques modérés (communes ne touchant pas directement un foyer soumises à deux traitements insecticides). Le PLO 2015 a intégré 131 communes dans les zones à risques élevés alors qu’en 2014, il n’en comptait que 80. Les professionnels ont décidé de relancer un plan d’action encore plus ambitieux en 2015 pour à la fois accroître les surfaces prospectées, passer le cap des 80 % de vignes explorées, atteindre l’objectif des 100 % et améliorer la qualité des démarches de reconnaissance des symptômes. Une nouvelle CVO de 2,39 €/ha a été levée pour financer le plan d’action des prospections 2015.

7 zones d’animations prioritaires couvrant 35 000 ha

Le plan des prospections 2015 s’appuie sur les acteurs techniques de terrain, les Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime, la Station viticole du BNIC, la FREDON et l’UGVC. La synthèse de la situation FD à l’issue des prospections 2014 a permis d’établir le PLO 2015 et les arrêtés préfectoraux qui encadrent la lutte. La liste des communes intégrées dans le PLO, leur niveau de risque et les exigences en matière de couverture insecticide sont accessibles et consultables en ligne sur le site www.flavescence
charentes.com. En 2014, un système de zones d’animations prioritaires avait été testé sur 5 secteurs intégrant des zones à risque élevé. L’efficacité de ce dispositif a amené les techniciens à renouveler et à intensifier cette action. Cette année, 7
zones d’animations prioritaires (essentiellement des zones à risque élevé) ont été établies afin de renforcer les démarches de prospection des symptômes dans des secteurs « sensibles ». Elles couvrent un territoire de 35 325 ha, soit 40 % de surface en plus par rapport à l’année dernière.

Des animateurs opérationnels dès la fin août

Au sein de chaque zone, l’animateur va avoir la charge d’organiser des prospections de manière exhaustive dans chaque commune en s’appuyant sur les délégués communaux FD de l’UGVC et de la FDGDON 17. La mission des animateurs est d’incarner un rôle de référent FD sur leur secteur et de créer de bonnes conditions d’information et de dialogue entre les viticulteurs qui soient propices à la mise en œuvre de prospections collectives. C’est un travail qui va mobiliser l’énergie de sept personnes durant tout le mois de septembre. Leur travail ne commencera pas avant la fin août ; la période où les symptômes de FD deviennent plus visibles. Jean-Christophe Gérardin et Michel Girard, les deux techniciens viticoles des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime, et Laetitia Sicaud, l’animatrice FD rattachée à la Station viticole du BNIC, auront en charge la formation et l’encadrement des sept jeunes animateurs. Dès leur recrutement au 17 août, ils suivront une formation pendant une semaine pour être en mesure de maîtriser la reconnaissance des symptômes et d’organiser leur travail.

Accroître la dynamique de prospection en dehors du PLO

L. Sicaud, J.-Ch. Gérardin et M. Girard, les animateurs techniques du plan des prospections 2015, considèrent que le déroulement de la campagne de recherche de symptômes dans quelques semaines doit être abordé de façon encore plus ambitieuse : « Les efforts réalisés au niveau des prospections en 2013 et en 2014 sont réels et très encourageants. Les moyens mis en œuvre ont permis de beaucoup mieux cerner le développement de la maladie dans divers secteurs de la région, mais on doit faire mieux en 2015. Il faut dire les choses de manière objective : les états des lieux des deux dernières campagnes sont nettement meilleurs mais pas encore suffisants pour établir une situation sanitaire représentative de la réalité. En deux ans, 20 % de surface en plus ont été prospectées mais maintenant on doit passer à l’étape supérieure en dépassant en 2015 le niveau de 80 % et pourquoi ne serait-il pas envi-
sageable d’atteindre 100 % ! Au sein du PLO, les efforts d’information et d’animations sur le terrain ont aussi permis de réaliser des progrès au niveau de la qualité des prospections. Les viticulteurs sont globalement plus réceptifs au danger FD
alors que dans des secteurs présumés sains, le discours a moins d’audience. Or, nous considérons que c’est dans les zones extérieures au PLO qu’il faut intensifier les prospections. »

Ne pas réaliser trop tôt les prospections

La révélation tardive des symptômes en fin de saison (à partir de la fin août) est un réel handicap car, à cette période, les viticul-teurs n’effectuent plus de travaux dans les vignes. La période idéale pour réaliser les prospections est la première quinzaine de septembre. La réalisation de prospections trop tôt dans les parcelles (courant août) n’est pas conseillée. L’expression des symptômes se révèle progressivement à partir de début août et se poursuit jusqu’à la fin septembre. Vouloir détecter tôt les symptômes fait prendre le risque de passer à côté de souches contaminées qui n’ont pas encore extériorisé la maladie. Par ailleurs, les premiers jaunissements de feuilles et le non-aoûtement des bois sont nettement plus difficiles à identifier au 10 août qu’au 15 septembre. L’évolution progressive des symptômes au fil des semaines de l’été contribue à rendre le travail de prospection plus facile par le cumul des manifestations sur feuilles, rameaux et grappes. Cela facilite considérablement la reconnaissance et évite les risques de confusion avec d’autres maladies ou carences.

Prendre en considération les aspects qualitatifs des prospections

L’aspect qualitatif de la réalisation des prospections est aussi quelque chose de très important. Les viticulteurs connaissent bien les symptômes de mildiou, d’oïdium, d’eutypiose, d’esca BDA, car ils en voient dans le vignoble fréquemment depuis des années. La flavescence dorée est une ma-ladie récente et beaucoup moins connue qui en plus sur les cépages blancs est plus difficile à détecter. Par exemple, les risques de confusion des tout premiers symptômes foliaires (en août) sont réels dans des parcelles touchées par exemple par la chlorose ou marquées par des carences en magnésie ou en potasse. Les viticulteurs n’ont pas le coup d’œil aussi aguerri que les techniciens des Chambres d’agriculture et de la Fredon pour identifier des symptômes douteux avec certitude. Les Chambres d’agriculture ont proposé fin juillet un cycle de 14 réunions d’information sur la connaissance de la maladie et l’identification des symptômes dans des parcelles affectées. Des formations d’une journée sont organisées début septembre pour mieux appréhender l’organisation concrète des prospections (voir encadré). La réalisation d’une prospection nécessite environ 2 heures/ha de travail quand on prend le temps d’observer toutes les faces de rangs. C’est un travail qui demande de l’attention et qui est assez monotone. Il est toujours préférable de les réaliser à deux par séquence d’une demi-journée. L’idéal est de privilé-gier les prospections collectives dans le PLO et aussi en dehors.

Déclarer un nouveau foyer est un acte pleinement responsable

Suite à une prospection, les viticulteurs qui pensent avoir repéré des souches affectées ou ayant un aspect végétatif douteux doivent solliciter l’aide d’expert pour valider ou infirmer leurs craintes. Dans le PLO, les prescripteurs techniques FD de terrain (L. Sicaud, J.-Ch. Gérardin et M. Girard) et les animateurs des secteurs prioritaires sont les personnes référentes pour apporter des conseils individuels et collectifs. L’organisation beaucoup plus rigoureuse mise en place depuis deux ans donne d’ailleurs pleine satisfaction dans le PLO. La réalisation des prospections en dehors du PLO est tout aussi importante car cela permet à la fois de situer les secteurs sains et d’identifier de nouvelles zones contaminées qui seront intégrées dans le PLO 2016. Avoir la volonté de signaler la présence de quelques souches contaminées est un acte pleinement responsable à titre personnel et collectif. À l’inverse, repérer des ceps porteurs de la maladie, les arracher sans avertir les services officiels accen-
tuent le risque d’expansion de la maladie. En effet, la présence au sein d’une zone actuellement saine de 5 à 10 souches contaminées en 2015 signifie que, malheureusement, la maladie est déjà présente dans l’environnement proche depuis plusieurs années et qu’elle a déjà diffusé sans contraintes son inoculum infectieux.

Lutter efficacement et assainir le vignoble, c’est possible avec 100 % de prospections

En dehors des PLO, les viticulteurs soucieux d’obtenir des informations sur l’organisa-tion des prospections et des avis sur des ceps douteux peuvent prendre contact avec les délégués FD de l’UGVC, L. Sicaud, J.-Ch. Gérardin en Charente et M. Girard en Charente-Maritime, qui sont « les pilotes » du plan de prospections 2015. L. Sicaud, l’animatrice FD recrutée par le BNIC, se tient à la disposition de tous les viticulteurs de la région pour tous types d’informations. La présence de la flavescence dorée n’est pas une maladie honteuse mais un grave problème qui touche déjà beaucoup de propriétés de la région où les vignobles sont conduits de manière sérieuse. Être confronté à quelques souches contaminées dans une parcelle est toujours la conséquence d’une situation à risques qui n’a pas suffisamment été anticipée dans l’environnement local. L’assainissement durable de l’état sanitaire dans le vignoble charentais nécessite une forte mobilisation des viticulteurs et de tous les acteurs et intervenants techniques pour prospecter les symptômes durant le mois de septembre prochain dans 100 % des surfaces en vignes. Cet objectif peut paraître ambitieux mais c’est le seul moyen de lutte permettant de contrôler et à terme d’éradiquer un mal pernicieux et incurable.

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Les réunions bout de vigne en Charente-Maritime
La Chambre d’agriculture de la Cha-rente-Maritime propose 4 rendez-vous dont les lieux ne sont pas encore fixés. Il faudra attendre l’apparition des foyers pour déterminer les lieux des 4 réunions. A partir de la fin août, Michel Girard sera en mesure de communiquer cette information (06 84 54 32 28).
l Lundi 7 septembre à 14 heures
l Lundi 7 septembre à 17 heures
l Mercredi 9 septembre à 16 h 30
l Vendredi 11 septembre à 16 h 30
Programme :
– Réunion ouverte à tous les viticulteurs et les salariés.
– Visite de parcelles infestées.
– Reconnaissance de symptômes.
– Présentation des méthodes d’organisation des prospections.

Les réunions bout de vigne en CharenteLa Chambre d’agriculture de la Cha-rente propose 4 rendez-vous dont les lieux ne sont pas encore fixés. Il faudra attendre l’apparition des foyers pour déterminer les lieux des 4 réunions. A partir de la fin août, Jean-Christophe Gérardin sera en mesure de communiquer cette information (06 13 18 12 23).
l Lundi 7 septembre à 9 heures
l Lundi 7 septembre à 14 heures
l Vendredi 11 septembre à 9 heures
l Vendredi 11 septembre à 14 heures
Programme :
– Réunion ouverte à tous les viticulteurs et les salariés.
– Visite de parcelles infestées.
– Reconnaissance de symptômes.
– Présentation des méthodes d’organi-sation des prospections.

Formation : mieux connaître la maladie et prospecter
Programme de la journée :
– La maladie, ses conséquences sur le vignoble.
– La cicadelle, son cycle et surtout son pouvoir contaminateur.
– La lutte avec les stratégies insecticides et les prospections.
– La réglementation, la lutte obligatoire.
Cette formation aura lieu dans les vignes pour identifier les symptômes et les foyers. Elle est ouverte aux viticulteurs, mais aussi aux salariés d’exploitations viticoles. Ces formations sont soutenues par le VIVEA ou le FAFSEA et la Chambre d’agriculture.
Planning des jours de formation :
– Salariés (FAFSEA) : 1er septembre à Saintes
– Viticulteurs (VIVEA) : 3-4 septembre à Saintes
Renseignements et inscriptions auprès de votre Chambre d’agriculture : 05 46 48 10 79.

 

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