Proposition de rendement cognac : 9.52 + 1

7 juin 2011

L’assemblée plénière du BNIC, réunie le mardi 24 mai dernier, s’est accordée sur une proposition de rendement Cognac à 9,52 hl AP/ha, assorti d’une réserve de gestion de 1 hl AP (le double de l’an dernier), ce qui porterait le rendement total Cognac à 10.52 hl AP/ha. Le record n’est pas battu. En 2007, le rendement Cognac avait atteint les 10,87… pour redescendre à 8,12 l’année suivante. Comme lors de la dernière récolte, la réserve de gestion serait libérable à partir du compte 4. Naturellement, à ce stade, il ne s’agit que d’une proposition. Dans un premier temps, elle devra être soumise à la section ODG Cognac avant d’être examinée par le Comité national vins et eaux-de-vie de l’INAO. Bien sûr, il y a de fortes chances que l’avis des professionnels soit suivi. S’agit-il d’une proposition définitive ? En l’état actuel des choses, oui. Mais tout le monde connaît la part d’impondérable qui existe en ces matières. Ce n’est qu’une fois publié au Journal officiel que le rendement acquière son caractère définitif.

On s’attendait à un accouchement difficile. L’accord s’avéra finalement plus facile que prévu. Il faut dire que les 9,52 n’ont pas vraiment prêté à discussion. Ils découlent de l’application pure et simple de l’outil de calcul du BNIC. Sur les besoins Pineau, l’affectation un an à l’avance éliminait toutes contestations. Les négociants Cognac communiquèrent, quant à eux, leurs prévisions de vente, qui semblent raisonnables dans le contexte actuel : + 3 % sur les quatre prochaines années, + 2 % la cinquième. Furent « rajoutés au pot » 53 000 hl AP pour rattraper le différentiel 2010 entre prévisions et sorties réelles (prévisions de ventes de + 5, réalisations à + 15,7 %). A l’ha, cela se traduit par un gain de 0,75 hl AP. Par contre s’éteignent en 2011 les
0,60 hl AP/ha destinés à compenser le passage de l’XO du compte 6 au compte 10.

Comme attendu, là où les échanges se focalisèrent, ce fut sur la réserve de gestion, hors du champ de l’outil de calcul. Destiné à « anticiper quelque chose que nous ne sommes pas capables de prévoir », elle se prête difficilement aux algorithmes. Selon ses règles de fonctionnement, on sait qu’elle peut jouer entre 0,5 et 1,5 hl AP/ha. Une partie du négoce aurait bien vu qu’elle grimpa jusqu’à 1,5 hl AP/ha. La viticulture unanime, en fédération comme en famille, a souhaité ne pas aller au-delà d’1 hl AP. Trop, pas assez ? « Une partie de la viticulture va juger que c’est trop, une autre considérera que nous sommes dans une phase de reconstruction, aussi bien de notre stock que du dialogue viticulture/négoce. Par ailleurs, il faut bien dire que cette position contribue à l’unité viticole. » Même tonalité chez un autre responsable professionnel : « Le rendement libre de 9,52 n’est pas ridicule, loin de là. Il permettra au viticulteur de faire son stockage sur l’hl supplémentaire. » Quant à aller plus loin, le prix des eaux-de-vie a joué manifestement le rôle de butoir. La viticulture attend un « message fort » du négoce. « Nous sommes très satisfaits de voir nos partenaires négociants vendre plus de XO, plus de qualités supérieures ; de voir le chiffre d’affaires de la région passer de 1,5 à 1,947 million d’e. Maintenant nous attendons un juste retour. » Le discours sur les prix a d’ailleurs tendance à devenir envahissant ces derniers temps. Comme si le niveau d’insatisfaction atteignait la cote d’alerte.

lors de l’assemblée plénière du BNIC, la famille de la viticulture a décidé de ne pas demander le remplacement de Bernard Guionnet, à aucun de ses mandats. Ils iront tous à leur terme. Conséquences : les mandats s’exerceront par intérim. Philippe Coste, président par intérim du BNIC, a salué l’attitude de la viticulture. « C’est une marque de respect pour l’œuvre de Bernard Guionnet et aussi pour l’homme, que nous apprécions beaucoup. »

Droits de plantation : la course contre la montre

2012-2013 – C’est dans ce fuseau horaire que vont jouer les négociations sur la réforme de la PAC (Politique agricole commune). Et ce sont justement dans ces négociations PAC que la viticulture européenne souhaite s’insérer pour obtenir la réinscription des droits de plantation dans l’OCM vitivinicole. Droits de plantation qui, si les choses restent en l’état, disparaîtront à l’aube du 1er janvier 2016. Passée 2012, la viticulture européenne sait que le calendrier ne jouera pas en sa faveur : ministres de l’Agriculture des 27 englués dans les tractations PAC, renouvellement de la Commission européenne en 2014, changement possible de contexte économique… Attendre la dernière minute – 2014 ou 2015 – pour défendre le maintien des droits de plantation lui paraît un pari fou. Qu’elle ne veut ab-so-lu-ment pas courir.

D’ici à 2016, la réforme de la PAC est le seul texte agricole inscrit à l’ordre du jour » a martelé Pascal Bobillier-Monnot le 24 mai dernier à l’assemblée générale du SGV Cognac. Le directeur de la CNAOC* n’a pas cherché à peindre la situation en rose. L’heure est grave, la partie pas gagnée, loin de là. Première chose : la Commission européenne n’a pas changé d’avis. En 2007, elle fut celle qui inscrivit dans le projet de nouvelle OCM vin l’abandon des droits de plantation. Elle le fit dans le même élan qui la poussa à programmer la disparition des quotas laitiers, des quotas sur le sucre. En fait, se retrouvèrent dans le collimateur de la Commission européenne, tous les instruments de régulation, y compris les droits de plantation, assimilés à des quotas de production. Aujourd’hui, la Commission persiste et signe. Certes, Dacian Ciolos a remplacé Mariann Fischer-Boel au poste de commissaire européen à l’Agriculture. Mais, sur le fond, la Commission européenne n’a pas bougé. Deuxième chose : les ministres européens de l’Agriculture se verraient bien « rattraper le coup », en tout cas ceux chez qui la viticulture pèse. Ils sont conscients qu’en 2008, en votant en l’état la proposition d’OCM, ils furent au mieux légers, au pire aveugles…ou obnubilés par d’autres sujets, la chaptalisation en Allemagne, la distillation alcool de bouche en Espagne, les moûts de vinif. en Italie. « Les sous, les sous, toujours les sous » a commenté P. Bobillier-Monnot. Les ministres de l’Agriculture réalisèrent, un peu tard, quelle bombe à retardement recelait l’OCM vin. Pour autant, ils s’accordent tous sur une stratégie commune : d‘abord conduire à leur terme les négociations PAC et ensuite s’attaquer aux droits de plantation. Lier les deux ne leur semble pas une bonne idée. Manque de courage politique !

Une des grandes questions qui se pose aujourd’hui est donc de savoir comment les amener à changer leur calendrier de négociations. Pour l’y aider, la viticulture européenne compte beaucoup sur les élus (députés, sénateurs) et sur la mobilisation de tous, y compris la société civile. Des élections sont en vue, un peu partout en Europe. En France, les présidentielles se tiendront en 2012, suivies des législatives. Il faudra agir sur les candidats et s’assurer de leur soutien. Dans quel but ? Obtenir des gouvernements qu’ils exercent une pression suffisante sur la Commission, afin qu’elle accepte de rouvrir la discussion sur les droits de plantation. C’est ce qui va se jouer dans les mois qui viennent.

Pour aider les gouvernements, la viticulture européenne vient d’émettre une proposition d’ouverture. « Notre demande principale consiste bien à intégrer les droits de plantation dans la réforme de la PAC. Cependant, compte tenu de la difficulté des débats budgétaires, nous souhaitons a minima que la Commission s’engage devant le Conseil sur un calendrier précis de réouverture du dossier avant 2016. » Ferme mais pragmatique. C’est tout l’art de la négociation.

* CNAOC : Confédération nationale des producteurs de vin et eaux-de-vie de vin à appellations d’origine contrôlées.

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