Plus d’expertise technique pour espérer moins traiter

7 juin 2011

Traiter moins, réduire l’utilisation des intrants phytosanitaires sont devenues des préoccupations de pleine actualité. La démarche Ecophyto fixe à moyen terme un objectif de réduction des consommations de produits phytosanitaires de 50 %, ce qui suscite beaucoup de commentaires dans l’univers viticole. Lors d’années à pression parasitaire faible à moyenne, minimiser la protection est bien sûr possible et déjà un nombre croissant de viticulteurs s’est engagé dans cette voie. Par contre, le vécu récent de la protection en 2007 et 2008 montre que dans ces contextes, choisir de minimiser le nombre de traitements engendre des pertes de récolte considérables. Aller plus loin dans un pilotage plus raisonné de la protection du vignoble va nécessiter des investissements conséquents en technicité et en recherches pour réellement mieux connaître le parasitisme et apporter des conseils de traitements spécifiques liés au contexte de chaque exploitation. Cela passe par le développement de travaux scientifiques, au niveau de la modélisation, de l’appréciation de la climatologie à l’échelle des communes, de la technologie de pulvérisation et de la mise au point de nouveaux outils d’aide à la décision pour caler les traitements. Le procédé Pod Mildium, imaginé par Philippe Cartolaro et Laurent Delière, deux ingénieurs de l’INRA, représente une de ces nouvelles initiatives qui commence à être testée dans plusieurs vignobles.

 

 

La protection du vignoble est entrée dans une nouvelle phase de son développement avec la montée en puissance de procédures de respect de l’environnement et de la santé humaine beaucoup plus formalisées. Ces préoccupations ne sont pas réellement nouvelles car, pour des raisons économiques, une majorité de vignerons utilisent les produits phytosanitaires avec modération depuis longtemps. Contrairement à un message trop facilement véhiculé par des personnes peu en phase avec les réalités du vignoble, les viticulteurs ne sont pas d’ardents promoteurs des pratiques d’agrochimie. Ils doivent simplement faire face à un complexe parasitaire qui, certaines années, est en mesure de leur faire perdre une partie significative de leur récolte. 20 à 30 % de rendements en moins peuvent mettre en péril l’équilibre économique de beaucoup de propriétés.

Un travail d’expertise technique indépendant depuis 25 ans

Traiter de façon systématique en privilégiant des stratégies de lutte dites d’assurance est une philosophie de travail qui est de moins en moins fréquente. L’enjeu pour les viticulteurs est d’apprécier de façon juste les niveaux de risques, les conditions météorologiques et leurs contraintes d’organisation des travaux pour positionner judicieusement les traitements. Les sources d’informations pour gérer la protection du vignoble sont assez nombreuses mais, très souvent, les relations de proximité entre fournisseurs et viticulteurs s’avèrent déterminantes. La prise en compte d’informations régionales et des spécificités du contexte local débouche sur la mise en œuvre de programme de traitements différents dans des propriétés distantes de 10 à 15 km.

Pour mieux appréhender les risques parasitaires, les responsables professionnels des Chambres d’agriculture, de l’IFV et des interprofessions ont souhaité depuis 20 ans mettre en place des recherches, des initiatives techniques et des expérimentations pour mieux connaître les maladies et les ravageurs, se doter d’outils d’aide à la décision et tester de nouvelles méthodes de lutte. La volonté de traiter moins n’est donc pas apparue en 2008 avec la présentation du plan Ecophyto mais depuis la fin des années 80, en se donnant les moyens de développer une expertise scientifique et technique indépendante des fournisseurs de produits phytosanitaires. Les avancées en matière de connaissances biologiques des parasites, le développement des différents modèles de prévision des risque, l’attention portée au niveau des réglages et de l’utilisation des pulvérisateurs, les observations plus fouillées au vignoble attestent des efforts réalisés par la profession. Des progrès considérables ont déjà été réalisés surtout dans les régions confrontées à un contexte économique difficile. La diminution des coûts de protection est devenue progressivement une préoccupation dans beaucoup de propriétés. Néanmoins, se contenter des acquis existants et refuser d’aller encore plus loin dans la recherche de moyens nouveaux pour optimiser l’utilisation des intrants phytosanitaires seraient une hérésie. Tous les vignerons partagent le même objectif : « traiter leurs vignes le moins possible et de façon judicieuse pour obtenir une récolte abondante et de qualité ».

Un environnement parasitaire complexe et les contraintes d’organisation des travaux

En viticulture, les problématiques parasitaires sont quand même complexes à gérer par rapport à d’autres cultures, compte tenu de la diversité des maladies et des ravageurs, des fortes variations du parasitisme d’une année à l’autre, de l’importance du contexte local, des spécificités du vignoble (mode de conduite, sensibilité des cépages…) et des contraintes d’organisation des propriétés.

Le développement d’initiatives de recherches dans le long terme est fondamental pour faire face à un complexe parasitaire large. Les attentes sont aussi très variables d’une propriété à l’autre selon le type de production et l’effet surface. Une exploitation de moins de 20 ha peut être traitée facilement en une petite journée, ce qui permet d’envisager d’appliquer la protection avec une grande réactivité même dans le cadre d’années au climat capricieux comme 2007 et 2008. Par contre, dès que les surfaces dépassent 30 ha, la gestion de la protection du vignoble et la réalisation des traitements doivent tenir compte des contraintes d’organisation des travaux propres à chaque exploitation (la capacité de traitement quotidienne des pulvérisateurs, le calendrier des travaux manuels, les délais de réentrée dans les parcelles, les horaires de travail du personnel salarié…). Les efforts d’organisation des travaux sont directement liés à des objectifs de recherche de productivité et de rentabilité qui sont devenus incontournables. Ensuite, deux maladies, le mildiou et l’oïdium, représentent le volet majeur du parasitisme et aussi 60 à 70 % de la consommation d’intrants phytosanitaires. En années de fortes pressions de mildiou ou d’oïdium, un décalage de traitement de seulement 1 à 2 jours se transforme en voie d’entrée privilégiée pour les parasites qui sont en mesure de provoquer des attaques sur grappes virulentes. La lutte contre ces deux maladies s’effectue de manière conjointe (du stade boutons floraux séparés à la fermeture de la grappe) en raison d’une volonté de rationalisation du travail et des frais de mécanisation. Tout cet environnement ne simplifie pas le raisonnement de la protection du vignoble et les viticulteurs et les techniciens considèrent que pour s’engager dans des approches de réduction de l’utilisation d’intrants maîtrisée, une grande technicité est nécessaire. La mise en œuvre de suivis précis de l’évolution du parasitisme à l’échelle de la région mais aussi dans de plus petits secteurs et au sein du parcellaire d’une propriété s’avère toujours riche d’enseignements. Les effets conduite du vignoble, nature des sols, topographie et environnement des parcelles accentuent ou pas le développement d’épidémies d’oïdium, au mildiou, au black-rot…

POD Mildium, un outil de décision raisonnée de traitements mildiou-oïdium

Les réflexions des équipes de l’INRA, Unité de santé végétale de Bordeaux (MM. Laurent Delière et Philippe Cartolaro) et du Cemagref de Montpellier (M. Olivier Naud) ont été justement de construire une démarche de lutte optimisée combinant à la fois les stratégies contre l’oïdium et le mildiou. Les premiers travaux commencés à Bordeaux au milieu des années 2000 avaient comme objectif de proposer un nouvel outil d’aide à la décision adapté à la situation de chaque propriété. L’idée était d’aider les vignerons à déclencher les traitements au moment opportun en ne tenant pas seulement compte d’un niveau de risque potentiel. La décision de traiter repose sur divers éléments d’informations à la fois extérieurs et propres à chaque exploitation.

La finalité de Pod Mildium (processus opérationnel de décision) est bien sûr de diminuer de manière significative l’utilisation des intrants par une réduction du nombre de passages tout en assurant une production optimale sur les plans quantitatifs et qualitatifs. La philosophie de ce processus de décision est de maîtriser le parasitisme durant toute une campagne sans rechercher des niveaux de tolérance 0. La présence de quelques symptômes de mildiou ou d’oïdium en fin de saison est acceptée dans la mesure où la qualité des raisins n’est pas altérée. La protection est fondée sur une réduction du nombre d’applications, un investissement dans des observations au vignoble à des périodes clés et un couplage de la lutte mildiou et oïdium.

Pod Mildium se décompose en 7 étapes qui correspondent au nombre d’applications maximum permettant de lutter contre les deux pathogènes.

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Une stratégie de lutte construite autour de quelques traitements obligatoires

Plus concrètement, le protocole de fonctionnement de Pod Mildium prévoit au maximum 7 applications contre le mildiou dont 2 obligatoires, l’une à la mi-floraison et l’autre à la véraison. Au niveau de l’oïdium, la protection maximum comptera 5 traitements dont 2 obligatoires, l’un au stade début des boutons floraux séparés et l’autre à la mi-floraison. La lutte contre les deux maladies sera réalisée de façon couplée au maximum en 7 applications. Les traitements obligatoires interviennent à des stades clés pour faire face à des épidémies de faibles intensités. La réflexion technique pour optimiser la lutte contre le mildiou au cours de la saison (et déclencher les traitements supplémentaires) repose à la fois sur la prise en compte des données climatologiques, des observations au vignoble et des niveaux de risques exprimés par la modélisation (à l’échelon local et régional).

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Au niveau de l’oïdium, la décision de raisonnement des applications supplémentaires repose essentiellement sur les observations au vignoble car les chercheurs considèrent que les données de la modélisation ne sont pas encore aussi fiables que celles du mildiou.

 

 

 

 

 

 

 

Une évaluation de l’efficacité tout au long de la campagne

Un suivi de l’évolution des deux maladies dans les parcelles est mis en place à partir d’un protocole rigoureux. Ce travail nécessite une bonne formation pour reconnaître les symptômes et être en mesure d’évaluer objectivement la situation sanitaire du vignoble. La reconnaissance des dégâts foliaires et sur grappes de mildiou est beaucoup plus facile que ceux liés à l’oïdium, surtout en début de saison. L’identification de symptômes foliaires d’oïdium sur des jeunes rameaux en pleine croissance n’est pas toujours facile, surtout sur des cépages blancs. L’implantation d’un essai de lutte Pod Mildium doit être effectuée sur une surface minimum de 0,5 à 1 ha comparée à la stratégie de traitement habituelle de l’exploitation. La recherche de symptômes se déroule dans les parcelles traitées et aucun témoin 0 n’est implanté pour suivre l’évolution des pathogènes sans aucun traitement. Les trois séries d’observations ont lieu aux stades 5-7 feuilles, 8-10 feuilles et en pré-véraison. L’investissement en temps et en technicité pour réaliser les observations est réellement important puisque une centaine de souches sont explorées à chaque intervention. Lorsque des traitements complémentaires sont déclenchés, ils sont appliqués sans réduction de dose avec le matériel de pulvérisation des viticulteurs.

Au cours de la saison, une évaluation de l’efficacité de la protection interviendra à trois périodes : la nouaison (recherche de rot gris), en pré-véraison (recherche de rot brun et d’oïdium sur grappes) et juste avant les vendanges pour quantifier l’intensité des dégâts sur feuilles et grappes. Au moment des vendanges, une quantification du volume et de la qualité de la récolte sera effectuée afin de mesurer le degré de satisfaction de la démarche Pod Mildium.

Les essais de plein champ ont commencé en 2007 en Gironde

La mise en œuvre au niveau des propriétés de stratégies de lutte intégrant le processus Pod Mildium nécessite un encadrement technique important et depuis quelques années l’équipe de l’INRA de Bordeaux a souhaité le tester dans les conditions de la pratique. Des expérimentations parcellaires ont été développées dans la plupart des régions viticoles françaises en nouant des partenariats avec les équipes de techniciens des Chambres d’agriculture. Au cours des campagnes 2009 et 2010, 54 parcelles « Pod Mildium » ont été implantées dans toutes les régions viticoles. En Gironde, la Chambre d’agriculture conduit les premiers essais en 2007 et en 2008 à l’échelle d’un réseau de 5 parcelles réparties dans le Médoc et dans le Libournais, en collaboration avec les ADAR. Durant ce millésime, la pression de mildiou a été très forte et plus particulièrement dans le Libournais, et la présence d’oïdium avait été quasiment inexistante. Cependant, des accidents climatiques et physiologiques, gelées de printemps, coulure et millerandage ont aussi impacté les rendements et parfois de façon plus marquée que les dégâts liés au mildiou. En fin de saison, 60 % des parcelles présentaient un niveau d’attaque inférieur à 5 % qui n’ont pas d’incidence sur l’objectif de production. Toutefois, une partie de ces parcelles n’avait pas atteint le rendement de l’appellation en raison de pertes liées au gel et à la coulure. Seuls, 20 % des parcelles ont eu un niveau d’attaque jugé préjudiciable par les viticulteurs.

A l’issue de cette campagne de forte pression, les techniciens avaient soulevé un point faible concernant les traitements de début de saison. En effet, le protocole ne prévoyait pas d’anticiper le premier traitement optionnel sans avoir réalisé d’observation au vignoble, ce qui a conduit en 2008 à appliquer une première intervention sur des épidémies déjà déclarées.

En 2009, le protocole a été modifié et sur deux parcelles du Libournais, un traitement optionnel a été déclenché avant la première observation en s’appuyant sur le suivi de la modélisation. Cette stratégie un peu plus préventive a permis de maîtriser la protection sans entraîner une augmentation du nombre de traitements. Au cours du cycle végétatif 2009, les parcelles Pod Mildium ont reçu en moyenne 5,4 traitements alors qu’en 2008, leur protection avait été assurée avec 5,8 traitements. Les techniciens estiment que la mise en œuvre de cette nouvelle procédure de décision suscite un certain nombre de réflexions et d’à priori. Dans les modalités traitées, la présence de quelques symptômes de maladies sur feuilles et sur grappes suscite de la part des viticulteurs une insatisfaction visuelle alors que le volume et la qualité de la récolte ne sont nullement affectés.

La stratégie de lutte Pod Mildium a comme objectif de contrôler le parasitisme pour le maintenir en dessous le seuil de nuisibilité mais pas de permettre une absence totale de maladie. Les viticulteurs sont-ils prêts à accepter une telle situation ? Une étude socio-économique est en cours pour étudier le comportement des viticulteurs face à la mise en œuvre de toutes les techniques innovantes.

Deux années de recul en Charente-Maritime

La Chambre d’agriculture de Charente-Maritime a mis en place des expérimentations Pod Mildium en 2009 sur une parcelle et en 2010 sur deux parcelles, l’une située à Floirac et l’autre à Mortagne-sur-Gironde. Les essais conduits par Magdalena Girard, la technicienne viticole de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime ont été implantés sur deux parcelles de 0,5 ha de terres de champagne. Du fait de la proximité de l’estuaire, le site de Mortagne-sur-Gironde est naturellement beaucoup plus sensible à l’oïdium qu’au mildiou. Celui de Floirac, avec des terres plus profondes engendrant une bonne vigueur, est propice au mildiou. Le viticulteur de Mortagne-sur-Gironde est déjà engagé dans des démarches de suivis techniques pour raisonner la protection du vignoble depuis de nombreuses années alors que son collègue de Floirac commence juste à s’investir.

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Toutes les observations au niveau des parcelles ont été effectuées par M. Girard, ce qui a permis de caler le calendrier de traitements d’une manière différente des stratégies des deux propriétés. Les applications ont été réalisées avec les pulvérisateurs des viticulteurs utilisés dans leurs conditions habituelles. Au cours du cycle végétatif 2009, l’expérimentation n’a concerné que le site de Mortagne et la stratégie Pod Mildium a donné satisfaction tout en engendrant un nombre de traitements moindre.

En 2010, le cycle végétatif a été peu propice au parasitisme mais la stratégie Pod Mildium a tout de même permis de limiter l’utilisation des intrants phytosanitaires. Le site de Mortagne a montré une sensibilité à l’oïdium légèrement supérieure mais pas au point d’engendrer des pertes de récolte. Le mildiou discret en 2010 a limité le nombre d’interventions au cours de la saison.

 

 

 

 

 

 

Deux expériences différentes qui interpellent sur les plans technique et économique

resultats_environnementaux.jpgLes performances des stratégies Pod Mildium sont tout à fait satisfaisantes par rapport aux programmes de lutte des viticulteurs. Les niveaux d’attaques très faibles n’ont pas pénalisé la productivité, la qualité de la récolte et le fonctionnement du feuillage. Les rendements correspondent aux attentes des viticulteurs et l’écart observé sur le site de Floirac est dû à un problème d’hétérogénéité parcellaire (taux de mortalité plus élevé). Sur la parcelle de Mortagne, l’oïdium demeure présent sur le feuillage en fin de saison mais pas sur les grappes. M. Girard, qui considère ces niveaux d’attaques comme marginales, s’interroge tout de même sur les conséquences d’un effet d’accumulation d’inoculum chaque fin de saison. Au niveau du mildiou, la lutte s’est avérée efficace dans un contexte de faible pression mais dans le cadre d’années à fortes pressions de mildiou comme 2007 ou 2008, la stratégie à 7 traitements serait-elle suffisante ?

D’un point de vue économique, la stratégie Pod Mildium révèle que sur l’exploitation de Mortagne, les économies concernent surtout l’oïdium (1,2 traitement de moins) alors que sur le mildiou, l’IFT (l’indice de fréquence de traitement) s’avère supérieur de 0,2 traitement. Cette situation s’explique par le fait que le viticulteur fortement engagé dans une démarche de raisonnement de la protection pratique le sous-dosage à chaque traitement mais par contre le nombre d’applications de sa stratégie est plus élevé de 2 traitements. Le site de Floirac, beaucoup plus vigoureux, incite le viticulteur à prendre moins de risques dans la mise en œuvre de son calendrier de traitement, ce qui explique la diminution de 3,5 traitements dans la stratégie Pod Mildium. Là aussi, l’écart le plus important est observé au niveau de la protection contre l’oïdium, ce qui génère une économie/ha substantielle.

Une seule campagne de recul en Charente

essai_pod_mildium.jpgLa Chambre d’agriculture de la Charente a aussi mis en œuvre une expérimentation Pod Mildium en 2010 chez un viticulteur de Segonzac. La parcelle, d’une surface de 0,70 ha, implantée sur des terres de champagne a été suivie par Laura Mornet, la technicienne viticole de la Chambre d’agriculture de la Charente. La pression de parasitisme dans cette zone a été relativement faible et au final la stratégie Pod Mildium a permis d’assurer un très bon contrôle de la situation. La productivité de la modalité expérimentale a été équivalente à celle du programme de protection du viticulteur qui avait réalisé une couverture globale de
9 IFT. Dans la modalité Pod Mildium, la couverture mildiou a été réalisée avec seulement 4 traitements (représentant 3,75 IFT) et celle contre l’oïdium avec 3 traitements (représentant 2,08 IFT). La réduction d’utilisation d’intrants phytosanitaires sur ce site a été importante et a généré une économie de 66 €/ha.

L. Mornet considère qu’en 2010, année de faible pression parasitaire, la stratégie de lutte a été performante mais il convient de rester prudent avant de généraliser une telle pratique. L’absence de symptômes d’oïdium l’a interpellée car le calendrier de traitement n’a pas assuré un encadrement complet de la période de sensibilité maximale boutons floraux séparés fermeture de la grappe. Cela amène à s’interroger sur le bien-fondé de cette préconisation et sur l’efficacité des couvertures réduites en situation de fortes pressions.

Le produit va évoluer grâce aux réalités du vignoble

La prise en compte de tous ces résultats d’expérimentations de plein champ a conforté les concepteurs de Pod Mildium dans le bien-fondé de leur démarche. Dans des conditions de pressions de parasitisme faibles ou moyennes, l’approche donne satisfaction dans la mesure où les viticulteurs tolèrent la présence de quelques symptômes visuels (sans conséquences pour la productivité) en fin de saison. Dans des contextes de fortes pressions comme ceux de 2007 et 2008, le manque de recul ne permet pas de cerner le niveau de performance de Pod Mildium. Par contre, le fait d’envisager une lutte de manière conjointe sur les deux maladies correspond aux réalités des exploitations. La mise en œuvre des démarches d’observations dans les parcelles (fondamentales pour déclencher les traitements optionnels) repose sur un investissement de compétences et un protocole de travail rigoureux est facilement maîtrisé par les techniciens. Par contre, on peut se demander si un viticulteur ou un chef de culture seraient en mesure de réaliser les observations ? L’absence de témoin 0 traitement (sur 50 ou 100 souches) dans ces essais est également un peu surprenante car, dans de telles conditions, cerner de façon précise l’intensité de la pression de parasitisme du site est difficile.

La démarche Pod Mildium est actuellement dans une phase de validation dans la plupart des régions viticoles françaises, ce qui va permettre à ses concepteurs de faire évoluer leur produit.

 

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