Patrice Pinet, le fil directeur

23 mai 2019

Méfiances et investissements du patron de Courvoisier

 

En conclusion des assemblées générales de Sica XV des Borderies et l’ACBC, Association Coopérative des Bouilleurs de Cru, puis de la Sica des Baronnies, les 9 et 11 avril derniers, Patrice Pinet, président directeur-général de Courvoisier, a pris la parole pour présenter ses conclusions du dernier exercice, et présenter les fils directeurs de la maison à propos du vignoble charentais : l’actualité mondiale, le climat et les vignes.

 

Les mêmes mots pour un axe défini. Patrice Pinet, patron de Courvoisier, a présenté la direction de la maison de Jarnac pour les mois et les années à venir, via photos et vidéos, les événements de Courvoisier à l’export : États-Unis, Russie, Afrique, Asie – jusqu’à la venue de clients voire d’ambassadeurs chinois de la marque napoléonienne. Il en a profité pour développer trois lignes de travail et de prudence « même si le temps est au beau fixe. »

 

L’International, sujet de prudence

 

« Pour Courvoisier, le premier nuage est le Brexit. Dans quelles conditions nos amis anglais vont-ils s’éloigner de l’Europe, ou pas ? Quel sera l’impact sur nos ventes ? Ce sera bien difficile à prévoir. Nous restons très actifs sur ce marché, pour passer cette étape dans les meilleures conditions. Nous animons bien nos ventes et avons mis en stock suffisamment de produits en ce début d’année pour voir venir. Cela nous a créé pour les trois premiers mois de cette année, pour autant nous sommes très vigilants sur ce qu’il va se passer sur le marché anglais, bien que Courvoisier soit présent au Royaume-Uni, et ce bien avant la création de l’UE. Nous trouverons bien le moyen de continuer à commercer avec nos amis anglais même si les conditions changent.

Un risque, qui vient des États-Unis, de rétorsion sur les vins et spiritueux, mis en place par l’administration Trump, à la suite à un litige sur les conditions de financement d’Airbus. Il faudra être vigilant vu l’importance de notre commerce avec les  États-Unis. Nous allons agir pour influencer nos administrations afin qu’elles soient aussi raisonnables dans ce qu’elles mettent en place en terme de rétorsion commerciale vis-à-vis des États-Unis. Nous allons essayer d’influer pour qu’il n’y ait pas d’impact sur nos marchés.

Depuis le début d’année, le ralentissement de la croissance mondiale, qui pour autant reste positive. Il faudra être attentive à ces données lors des prochains mois, et voir l’impact que cela pourrait avoir sur notre Business Plan. »

 

Conditions climatiques et enjeux environnementaux

 

« Les phénomènes climatiques extrêmes ont tendance à s’accélérer et rares sont les années où une partie de notre vignoble n’est pas touchée. Nous avons mis en place un formidable outil dans la région, qui est la réserve climatique. Il va falloir la reconstituer dans les années à venir. C’est pourquoi, il ne faut pas être inquiet sur nos programmes de plantations nouvelles, sur les 3474 ha supplémentaires pour le Cognac décidés l’an passé. Ces hectares sont là pour assurer la croissance des ventes telles que celles-ci ont été prévues dans le Business Plan, mais aussi pour la reconstitution des réserves, et notamment la réserve climatique. Avec un plan très progressif de plantations nouvelles, nous pourrons réagir rapidement si besoin. De plus, nous ne pourrons avoir des rendements à plus de 14hl AP ha tous les ans, et dans l’avenir, il faudra revenir à des rendements bien plus limités. Il va falloir mettre en parallèle des nouvelles conditions de production pour diminuer notre impact environnemental. »

 

Vignoble : l’essai de cépages alternatifs

 

« Le monbadon, avec le conservatoire du vignoble charentais, croisement de folle blanche et d’ugni blanc. Nous avons fait la première récolte cette année. Michel Raoux partenaire clé de toutes ces expérimentations, a fait la première distillation de ce cépage avec des résultats probants : un degré plus faible que l’ugni blanc, un très bon rendement, une très bonne acidité, un résultat qualitatif intéressant. Ce cépage est prévu en cas de changement climatique important. C’est peut-être un cépage d’avenir ; cette première récolte est positive. Il faut maintenant faire vieillir le produit pour voir comment il sera dans les prochaines années. C’est un indicateur intéressant pour de nouvelles conditions climatiques.

En 2018, le Vidal 256 avec le conservatoire, vieux cépage mis en place avec la fondation Fougerat [N.D.L.R. : située à Graves-Saint-Amand, elle œuvre dans la recherche et développement viticole], qui est un cépage recroisé d’ugni blanc, nous permet de voir des résistances à l’oïdium et au mildiou. Nous verrons les résultats dans les prochaines années.

2019, nous allons planter des cépages avec la station viticole, notamment le 3B12, bien résistant à l’oïdium et au mildiou, et deux autres cépages en test, pour voir ce qu’ils vont donner en résistance aux maladies (1D10 & 2E5).

Nous nous engageons financièrement en mettant ces expérimentations en place, pour préparer l’avenir. Ce sont peut-être des cépages que nous ne verrons pas avant 10 ou 15 ans en production, mais il faut préparer maintenant l’avenir pour être sûr que nous aurons toujours des conditions de production adéquate pour le futur. »

 

 

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