Passions et Passionnés … Charles Lebecq , »Passionné de découvertes »

28 août 2019

Dans leur beau vignoble familial de Grande Champagne, Charles Lebecq, comme l’avait déjà fait son père avant lui, est à l’écoute de toutes les nouvelles techniques, qu’il aime décortiquer et comprendre afin de les adapter aux besoins de l’exploitation.

Les 50 hectares du vignoble Lebecq sont surtout plantés en ugni blanc, à l’exception d’un hectare de folle blanche « On l’a planté il y a dix ans, explique Charles Lebecq : on voulait participer à la sauvegarde de ce cépage oublié et peut-être produire, grâce à lui, des eaux-de-vie plus typiques, mais on a compris pourquoi il avait été délaissé : il plus difficile à cultiver et produit moins. »

 

Maîtriser et comprendre, deux mots clés

 

Le vignoble compte aussi deux hectares de merlot plantés début 2000, au moment de la crise. « Nous avons choisi de les conserver pour continuer à faire du vin rouge. C’est même une activité que l’on a développée depuis 2013, après mon stage de BTS viticulture chez un 3ème grand crus du Médoc, pendant lequel j’ai beaucoup appris sur le vin. J’ai eu envie de maîtriser la totalité du process et de le comprendre, alors qu’auparavant, la production partait dans une cave coopérative. »

  

Depuis plus de 15 ans, son père Alain et lui sont concernés par une viticulture plus responsable. Fin des années 90, début des années 2000, Alain Lebecq s’inscrit dans le groupe de viticulture raisonnée animé par la Chambre d’Agriculture. A cette époque difficile pour le cognac, son but est d’abord économique. L’idée est de réduire les coûts, mais, petit à petit, la problématique environnementale prend une part de plus en plus importante dans leur démarche. Ils poursuivent donc dans cette voie de pratiques plus raisonnables, mais sans se braquer contre la chimie, « en allant prendre dans le bio tout ce qui était réalisable à notre échelle. 

En plus, entre ceux du groupe d’origine de la Chambre d’Agriculture qui sont restés, il y a une sorte de compétition saine, une émulation. Et surtout, on échange beaucoup :  pendant les années un peu compliquées, comme l’an dernier avec le mildiou, échanger ça permet de se rassurer. Nous échangeons sur tout ce qui est traitement, mais aussi sur le matériel, ce qui permet de découvrir plusieurs types de machines et d’avoir des avis d’utilisateurs, donc des avis éclairés. »

Les vignobles Lebecq pratiquent donc une viticulture raisonnée, ne traitant que si besoin est et en suivant les modélisations de la Chambre d’Agriculture plutôt que les avis du vendeur de produits phytosanitaires. « On ne s’interdit pas la chimie, mais si la pression est faible, on va tester des produits alternatifs de bio contrôle. C’est important de tester, d’anticiper pour préparer les changements. » Les vignobles sont aussi équipés de panneaux récupérateurs pour une pulvérisation confinée depuis quatre ans. « Nous avons profité d’un matériel à renouveler pour sauter le pas. En plus d’être plus respectueux de l’environnement, ils nous ont permis, dès la première année, de baisser nos apports de phyto de 40 à 50%, sans baisse de productivité. C’est un excellent investissement. Mais là encore nous les avions découverts avant chez un collègue. »

 

Pour baisser les quantités d’herbicides, les Lebecq travaillent depuis 10 ans avec des lames interceps, « mais c’est très compliqué de travailler tout le vignoble comme ça : à certains endroits, on mettait peut-être moins d’herbicide mais on passait trois fois plus avec le tracteur, ça ne faisait que déplacer le problème. Aujourd’hui on a opté pour une pratique mixte, mais dès que c’est possible, on travaille en mécanique. »

 

Un avis pointu sur le matériel


Avant son brevet viticulture, Charles Lebecq a passé un DUT en génie mécanique, « parce qu’à l’époque, le marché n’était pas porteur et que la propriété ne faisait que 22 hectares. Mas c’était surtout la mécanique agricole qui m’intéressait et c’est pendant mon stage mon stage chez STHIK, les bennes à vendanger, que je me suis rendu compte que je n’avais pas envie de passer mes journées derrière un ordinateur. Mais ce DUT m’est très utile aujourd’hui pour avoir un avis pointu sur les matériels. Les fabricants travaillent de plus en plus sur des outils mieux adaptés à une viticulture raisonnée. Je suis toujours très attentif à tout ce que l’on nous propose, même si la multiplication de l’offre rend quelque fois le choix difficile. De plus en plus, ils organisent des démonstrations. Comme nous étions parmi les premiers à acheter les panneaux récupérateurs, le fabricant m’a plusieurs fois demandé d’être le démonstrateur…mais l’avis des utilisateurs reste le meilleur argument. » 

 

La vente directe de leurs produits est encore une occasion de mieux comprendre. « Notre vin par exemple, est aussi acheté par quelques cavistes et restaurateurs ou sur des événements avec le syndicat des producteurs de vins charentais, mais ça n’est pas ça qui m’intéresse vraiment. Ce qui me passionne, c’est la fabrication de ce vin et aussi de pouvoir échanger avec les clients. C’est ce que l’on apprécie la vente directe : avoir un échange avec les consommateurs et un retour sur les produits que l’on fabrique. »

 

 

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