Michel Gourinchas, maire de Cognac : « Cognac, au coeur de sa région »

10 mai 2011

gourinchas.jpg« Le Paysan Vigneron » – Maire de Cognac, vous présidez également le Comité régional du tourisme. Cognac, dites-vous, occupe une position centrale dans son territoire.

Michel Gourinchas – Absolument. Imaginez ! Nous sommes à 20 minutes des plus beaux témoignages de l’art roman, à une demi-heure de Saintes et de ses vestiges gallo-romains, à une heure de Royan, une heure et quart de La Rochelle, une heure et demie de Bordeaux, deux heures de Poitiers et du Futuroscope… Pourquoi Cognac ne deviendrait-elle pas ce centre, ce point de départ d’où rayonneraient les touristes. Aujourd’hui, ils consacrent un jour voire deux à Cognac et partent plus loin. Nous devons à la fois renforcer l’accueil et améliorer l’attractivité de la ville. Cognac jouit déjà d’une grande notoriété. Quand les touristes arrivent ici, ils ne sont pas déçus, certes, car la ville est belle mais ils s’attendent à trouver une agglomération de 100 000 habitants. Avec le Cognac, les industries connexes, le bouchage, la verrerie, le packaging, nous possédons les fondamentaux. S’il nous reste à développer quelque chose, c’est bien le tourisme. Faire que Cognac ne soit plus une destination pour jours pluvieux mais un véritable produit d’appel. Le Comité régional du tourisme, que je préside, a classé « Cognac – Vallée de la Charente » comme l’une des cinq destinations phares de la région, aux côtés du Marais poitevin, des îles, de La Rochelle… Je pense que le nouveau schéma régional du tourisme, en discussion, devrait confirmer cette place.

« L.P.V. » – Au niveau de la ville, quels sont les projets structurants portés par les élus, municipaux et communautaires ?

M.G. – Il y en a plusieurs. J’évoquerais la reconquête des berges de la Charente, déjà inscrite dans notre programme municipal de 2008. Il s’agit de redynamiser les quais de la Charente en accentuant leur caractère piétonnier. Dans le cadre du plan « Bords de Charente » de la communauté de communes et du Conseil général, les berges seront sécurisées et accessibles aux piétons, rollers et VTT, de Merpins à Saint-Brice. Par ailleurs, nous travaillons à un Plan lumière pour la ville, qui valoriserait les bâtiments remarquables, comme ce qui se fait à Bourges, Le Mans où Beaune, cité où je dois me rendre fin août. Le port de Cognac va changer de prestataire. Il pratiquera la location de bateaux, à la journée ou à la semaine. Nous œuvrons au classement de Cognac comme ville d’Art et d’Histoire. Il y a certainement des choses à faire autour du grand européen Jean Monnet.

« L.P.V. » – Où en êtes-vous du projet Cella pour l’aménagement hôtelier des chais Monnet, projet qui a fait couler beaucoup d’encre ?

M.G. – Il se poursuit et tant mieux car ce projet est absolument stratégique pour le tourisme à Cognac. Il permettra de doter la ville de la capacité hôtelière qui lui fait tant défaut. Le dépôt du permis de construire est en train de s’étudier et le préfet de région vient de m’indiquer que la demande de classement déposée par notre opposant Noël Beliot « ne tenait pas la route ». La difficulté du dossier tient au fait que la Ville soit propriétaire des bâtiments et que la question de la préservation du patrimoine se pose. A cet égard, suffisamment d’engagements ont été pris pour que nous ne soyons pas inquiets. L’architecte des bâtiments de France est en train de travailler avec le groupe Cella. Nous avons tout lieu d’être rassurés. Pourquoi le groupe Cella vient-il à Cognac ? Pas pour nous faire plaisir mais parce qu’il pourra proposer à une clientèle française et étrangère une semaine de vacances dans une maison de négoce. Voilà la vraie valeur ajoutée ! Une fois achetés par leurs propriétaires, les appartements résidences seront gérés par le groupe Cella qui s’occupera de leur location ainsi que des espaces partagés. Avec ce projet, nous allons sensiblement accroître l’offre hôtelière et ainsi permettre à la ville d’exercer un vrai rôle de pôle touristique.

« L.P.V. » – On dit souvent que Cognac manque surtout d’hôtels haut de gamme, pour une clientèle fortunée.

M.G. – Les chais Monnet devraient se situer dans la gamme des trois étoiles « plus », voire quatre étoiles après reclassement. Le projet de réhabilitation de l’hôtel François-1er, de nature privée celui-là, porterait sur un quatre étoiles. A Cognac nous visons un tourisme « toutes catégories sociales confondues » même si, bien sûr, nous ne sommes pas hostiles à une clientèle VIP. Mais il y a aussi du tourisme social à Cognac avec le camping ou certaines chambres d’hôtes.

« L.P.V. » – Si l’offre existe ou existera, où est le portail qui la rendra visible ? L’offre touristique semble pâtir d’une certaine dispersion ?

M.G. – Nous travaillons déjà en étroite collaboration avec l’ADT 17 (Association départementale du tourisme, ex CDT). Après, nous ne pouvons quand même pas demander que les deux départements s’appellent Cognac ! Ceci dit, la reconnaissance d’une destination phare « Cognac-Vallée de la Charente » signifie bien notre volonté de multiplier les liens avec Saintes. Les deux offices de tourisme se renvoient déjà mutuellement vers des manifestations clés. Economiquement, culturellement, je crois qu’un axe fort existe entre Cognac et Saintes. Un peu comme ce qui se joue entre La Rochelle et Rochefort. Assisterons-nous un jour à un rapprochement plus formel des deux villes ? C’est encore trop tôt mais peut-être que dans dix ou quinze ans, une communauté d’agglomérations verra le jour.

« L.P.V. » – Et avec Angoulême ?

M.G. – Le fleuve coule vers la mer.

« L.P.V. » – Cognac a accueilli en septembre 2010 une délégation d’une quarantaine de tour-opérators tournés vers la Chine. Une belle opération.

M.G. – En effet, cette opération montée entre Bordeaux, Limoges et Cognac par un spécialiste des voyages en Chine s’est très bien passée. Je crois qu’elle a satisfait à la fois les attentes des voyagistes et des opérateurs touristiques locaux, hôteliers, restaurateurs, maisons de négoces… Nous allons récidiver mais avec des tour-opérators venus directement de Chine. La ville est totalement dans son rôle de facilitateur.

Aménagement des quais – Se tourner vers le fleuve Charente et non plus lui tourner le dos. Comme beaucoup d’autres villes touchées par le Grenelle de l’environnement mais pas seulement, Cognac a envie de partir à la reconquête de ses berges. Côté centre-ville, elle devrait rendre l’espace piétonnier, en tout ou partie… Des parkings relais avec navettes permettront de rallier les maisons de négoce. D’août à octobre, sont prévus des commerces en bord de Charente, avec la volonté d’inciter les touristes à remonter vers la ville. En prolongement de l’espace piétonnier, un sentier aménagé, ouvert aux piétons, VTT et rollers, longera les bords de Charente, de Merpins à Saint-Brice.
Résidence hôtelière des chais Monnet – Clientèle visée ? Les individuels mais aussi la clientèle d’affaires (séminaires, congrès…) ainsi que les clubs sportifs types Girondins de Bordeaux ou Football Club de Nantes, qui seraient tentés par une remise en forme d’avant ou d’après saison. Sauna, hammam devraient compléter l’équipement hôtelier.
Culture bar – En France et à l’étranger, le concept de lieux culturels pluriels se développe à la vitesse grand V. S‘y côtoient musique, restauration, événementiel, pour un public de trentenaire/quadra à pouvoir d’achat assez élevé. C’est le projet de Joël Joanny sur la place François-1er, dans les bâtiments de l’ex Prisunic. Le compromis de vente est en train de s’écrire.
Port de Cognac – Des bateaux à la location – à la journée, à la semaine – seront dorénavant proposés par le nouveau prestataire.
Nuits lumière – Pour rêver ou pour regarder le patrimoine différemment, la lumière s’invite à la balade. En 2012, Cognac aura ses Nuits lumière, comme Bourges, Lyon ou Beaune.

 

 

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