rendement Cognac 2019 à 14.64 HAP /Ha

14 octobre 2019

L’UGVC prône la solidarité pour ce deuxième exercice à haut rendement

Bis repetita. Pour la deuxième année consécutive, le rendement Cognac a été fixé à 14,64 hlAP/ha. Les besoins étant estimés à 922 410 hl à passer an chaudière pour une surface éligible de 78 383 hectares, soit des rendements entre 90 et 100 hectolitres par hectare, et 11,77 hlAP en chaudière. L’UGVC a mis en avant le manque d’eau-de-vie sur les marchés et table sur une coopération plus étroite avec le négoce pour le dynamisme des domaines. Néanmoins, les viticulteurs ont soulevé plusieurs inquiétudes.

 

Même si le langage des chiffres peut s’avérer hermétique, ou contraires, continuent de grimper avec 204,2 millions bouteilles vendues en 2018 (source BNIC). « Nous avons eu un manque d’eau-de-vie – notamment lors de la récolte 2009 –, cela a empêché certains négociants de vendre encore plus de Cognac. Il ne faut pas oublier que dans moins de 10 ans, l’Afrique représentera 1,5 milliard de personnes. Tous n’auront pas les moyens de boire du Cognac. Mais si 5% boit une bouteille de Cognac, cela veut dire 30 à 40 millions de bouteilles. L’Afrique du Sud est devenue le 7e marché d’exportation ; c’est une plateforme avec la Tanzanie, le Nigéria », a annoncé Christophe Véral, président de l’UGVC, qui voyait d’un bon œil « la volonté du retour des jeunes dans les exploitations. »

 

Le travail autour du Business Plan et la relation négoce-viticulture

 

Il reconnaissait les difficultés de ces hautes demandes. «Entre les rendements d’aujourd’hui, 14,64 hlAP/ha et la climatique qui doit être mise de côté, malheureusement beaucoup de viticulteurs ont été touchés cette année, nous avons un peu de sécheresse en ce moment, c’est assez compliqué.

Ce qui est important est ce dialogue que nous avons mis en place avec les négociants. C’est une confiance lorsque nous avons un problème, lorsqu’un viticulteur nous sollicite, nous pouvons nous permettre d’appeler les grandes maisons et soutenir les viticulteurs en terme d’accompagnement, qui est fort, réel. C’est palpable sur nos exploitations. Nous en avons besoin pour être aux normes environnementales, pour refaire notre vignoble et notre outil de production. Depuis 10 ou 15 ans, nous ne nous sommes pas trompés, même si les stocks sont, malheureusement, en manque sur vos exploitations et chez nos partenaires négociants », a mis en avant M. Véral.

 

REDIMENSIONNER LE VIGNOBLE

 

Stéphane Roy, secrétaire général adjoint de l’UGVC, a rebondi sur les dires du président. « Dans le cadre du Business Plan, nous sommes sur un taux de croissance annuel moyen de 3,4% des ventes, 2010-2018 : 3,7%, et une accélération 2015-2018 : 6,5%. Nous pouvons en douter, mais ce que nous avons fait et annoncé, nous ne nous sommes pas beaucoup trompé. Si nous voulons arrêter d’avoir des rendements qui finissent par crever des plafonds et qui bénéficient peut-être à une minorité de viticulteurs, il faut forcément dimensionner le vignoble pour que mécaniquement le niveau de rendement Cognac baisse un peu et puisse profiter à plus de monde. Et ce n’est pas en baissant le rendement et en se privant de parts de marché que nous allons aider la viticulture à constituer sa réserve climatique ; pour les aider, il faut agrandir le vignoble, planter des vignes, pour pouvoir se constituer cette réserve climatique.

L’objectif du Business Plan est de dimensionner le vigoble pour que le rendement Cognac soit de l’ordre de 12,5hlAP/ha et nous permette de répondre au développement des marchés. Nous pouvons ensuite refaire de la climatique, une croissance partagée par beaucoup de monde. Aujourd’hui, nous ne sommes pas à 12,5hlAP/ha mais à 14,64hlAP/ha car nous n’avons pas replanté suffisament tôt.

C’est une vision à trois ans si tout se passe bien, si quelque chose dérape, nous nous mettons autour de la table et SMC et UGVC discutent au sein du BNIC pour savoir quels correctifs apporter. Nous soutenons les négociants qui ont besoin de temps pour développer les marchés. Vis-à-vis de la climatique, nous pouvons baisser le rendement mais nous portons atteinte à la filière. Le seul moyen est sur le long terme : agrandissement du vignoble pour permettre, à terme, de se reconstituer de la climatique. »

 

STRATÉGIE DE CONQUÊTE DE MARCHÉ

 

Plutôt que de tabler sur la rareté pour faire monter les prix, la filière Cognac a plutôt intégré les marchés avec une image de qualité.

« Nous avons un but commun, a voulu rappeler Stéphane Roy : comment faire pour que la viticulture puisse de mieux en mieux valoriser et vivre de son produit.

Plutôt que de serrer la vis pour vouloir monter les prix et créer une rareté qui n’a pas lui d’être, attirons le maximum d’investisseur dans notre filière, dans nos maisons de Cognac, pour aller attaquer des marchés : les États-Unis, la Chine, l’Europe, de façon à créer une vérutable demande et une vraie dynamique. Mécaniquement, plus de gens investissent dans cette filière, plus elle se vend mieux auprès des consommateurs et plus la demande est forte. S’il y a une valorisation qui est dégagée sur les marchés, elle revient à la viticulture. Nous avons développé une stratégie gagnant-gagnant avec les négociants ; nous les accompagnons sur les marchés pour investir, la contrepartie est qu’une partie des marges dégagées sur les marchés doit revenir à la viticulture.

D’où les rendements hauts depuis plusieurs années, l’agrandissement du vignoble, afin de soutenir le négoce dans le développement du marché. Cette stratégie a permis de redémarrer la filière depuis 2005, à la suite de la grande crise, et nous a permis d’arriver à la relative prospérité d’aujourd’hui. »

 

LA CRAINTE DE BAISSE DES VENTES

 

La vie du Cognac danse entre crises et euphories, et la crainte des viticulteurs d’une future baisse des prix d’achat et des rendements demeure. L’UGVC a tenté de rassurer ses publics. Un spectateur attentif à Mirambeau l’a expliqué. « Les hectares supplémentaires tous les ans, avec des contraintes environnementales (annonces des grandes maisons), même 12,5 hlAP/ha seront difficiles à obtenir, donc à combien d’hectares sera-t-on obligé de planter ? À l’avenir, nous travaillerons plus pour gagner autant voire moins. Si nous demandons à tout le monde de moins traiter, moins désherber, pour gagner autant, tout le monde est content. Nous sommes les premiers à prendre les produits. Mais il faut donner les moyens aux viticulteurs. »

L’UGVC s’est voulu rassurant, par la voix de Stéphane Roy. «Tous les groupes, s’ils veulent continuer à bien gagner de l’argent grâce au Cognac, il faut respecter tous les aspects de la viticulture. C’est-à-dire, quand il y a une baisse, il y en aura, dans ces moments-là, il faut que nous nous serions les coudes, sinon la confiance sera cassée, et lorsqu’il y aura un redémarrage, la viticulture ne se fera pas avoir deux fois. » Christophe Véral a ajouté que c’était « un partage de risque. Une fois que nos vignes seront plantées et qu’elles commenceront réellement à produire, si la filière baisse, il faut des solutions et nous allons vous en apporter pour voir la protection de notre produit. » (Voir encadré sur la croissance des superficies.)

Les quatre grandes maisons de Cognac – Hennessy, Martell, Courvoisier et Rémy Martin –  sont des pivots, voire les figures de proue de leurs groupes cotés en bourse et leurs annonces sur l’environnement (fin de l’utilisation des herbicides, interdiction de certaines molécules, pour exemple) sont perçues par une partie des vignerons comme autant d’efforts demandés et supportés surtout par la viticulture, malgré quelques reconnaissances internes et l’interprofession par des remises des certifications HVE (Haute Valeur Environnementale).

Au long (et autour) des réunions publiques, plusieurs réactions ont émaillé le territoire cognaçais. Ou naviguer entre fluctuat nec mergitur et vox populi vox dei, mais, au final, in vino veritas.

 

 

La notion de rebond de l’UGVC

L’interprofession travaille à l’élaboration du « rebond » pour permettre la constitution d’une réserve climatique pour les vignerons, même lors des années les plus délicates, prise en charge, en partie, par le négoce.

 

Si la récolte est au-delà des besoins du marché, une partie des volumes sera absorbée par les négociants, permettant aux viticulteurs de distiller leur reliquat et produire la climatique tant demandée dans les années de fortes demandes.

« Si les besoins du négoce sont à 9, le Business Plan annonce un rendement Cognac 10 afin de protéger les viticulteurs qui auront les moyens de distiller le 2e hectolitre. Ce n’est pas  à la viticulture seule de porter ces excédents, d’où cette notion de rebond », a détaillé Stéphane Roy.

 

 

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