Hennessy – Mise en bouteille

24 juillet 2012

Signe des temps, Hennessy équipe sa ligne d’embouteillage des coffrets XO d’une technologie robotique totalement innovante. La maison de Cognac adapte ses moyens à son Plan Cap ten, qui consiste à vouloir passer de cinq à dix millions de caisses en 10 ans. En projet, le doublement du site d’embouteillage de la Vignerie, sur un terrain de 30 ha.

Concilier cadence et sophistication, voilà bien le défi posé aux équipes d’Hennessy. Des coffrets compliqués, raffinés, alambiqués, la région en traite tous les jours. Mais ces présentations haut de gamme font encore largement appel à la dextérité des « petites mains », sur des chaînes d’embouteillage manuelles ou semi-manuelles. C’est une autre paire de manche quand on souhaite jouer sur les deux tableaux : à la fois sur la volumétrie – le traitement de masse – et sur la « valeur perçue du produit », en d’autres termes, l’image de marque liée au packaging, à l’habillage, à la décoration. En l’occurrence, il s’agissait de remplacer l’ancien coffret XO par un nouveau mécanisme beaucoup plus complexe, à tiroir et couvercle s’ouvrant par le dessus. Automatiser ce genre de coffret n’avait encore jamais été fait à Cognac. Exploit technique garanti ! La société de Cognac s’est adressée à un as du secteur, le constructeur allemand Schubert, précurseur des automates pour les chaînes d’emballages. Son domaine de prédilection ? Le secteur pharmaceutique et plus particulièrement la mise en étui des petites tablettes de médicament. Pour ce faire, le fabricant maîtrise une technologie innovante, celle des wagonnets. Leur va-et-vient sur la chaîne s’accompagne d’un « vroum » tout à fait caractéristique. Hennessy a demandé à l’industriel allemand de concevoir un matériel original, spécifique à ses besoins. La création s’est accompagnée d’incessants allers-retours entre l’Allemagne et Cognac pour des échanges-métiers des équipes Hennessy et Schubert.

C’est en mars 2012, une fois levées les barrières de dégel, que la nouvelle machine a fait son entrée à la Vignerie. L’équipement ne concerne que la partie « étuyeuse » qui, comme son nom l’indique, fabrique l’étui et positionne la bouteille. Mais il s’agit d’un poste de haute précision. Pas question d’abîmer le carton prédécoupé, plié et collé par la machine. Tout doit être parfait. Surtout qu’il s’agit du coffret XO pour l’ensemble des marchés de la marque. Un produit emblématique.

p392.jpgLe matériel brille par son gigantisme. Sur une ligne de mise en bouteille qui mesure, au total, 120-130 mètres, la nouvelle étuyeuse représente 22 mètres de long. Elle pèse 30 tonnes, compte 12 modules (stations), 21 robots, 30 transmodules (wagons navette), 87 moteurs, 2 500 ventouses, 8 magasins de chargement cartons… Un monstre bourré de technologie. Dans les six mois qui viennent, le reste de la ligne 14 va être renouvelé, y compris dans sa partie embouteillage. Pour ce chantier, la maison travaille avec six fournisseurs. L’investissement complet représentera au total plus de 9 millions d’€.

En phase 2, quand tous les modules seront remplacés, la ligne 14 devrait tourner 30 % plus vite que par le passé, sur tous les formats. Car l’équipement a été conçu, dès le départ, pour sa flexibilité. Il accepte les 8 formats XO, du 35 cl au 150 cl. En format standard (70 cl), la vitesse devrait monter jusqu’à 6 000 bouteilles/heure (3 000 bouteilles pour les 150 cl). « C’est un projet ambitieux, qui représente une vraie innovation par rapport à la concurrence. Cette ligne 14 est symbolique, pour nous, des moyens mis au service de l’excellence » indique Marc Sorin, directeur des opérations « supply chain » chez Hennessy. Dans sa tâche, il a été aidé par un jeune chef de projet-ingénierie, Benoît Bénard.

Un autre projet, beaucoup plus substantiel, occupe Hennessy : celui de doubler son site d’embouteillage de la Vignerie. Inauguré il y a un peu plus de 20 ans, en 1991 à Châteaubernard, il avait pourtant été largement dimensionné. A l’époque, un haut dirigeant de la société parlait même « d’un marteau pour écraser une mouche ». Mais a priori la mouche est devenue essaim. Et l’unité d’embouteillage se sent un peu à l’étroit dans ses murs. Depuis quelques mois Hennessy a communiqué ses intentions : acquérir un terrain de 30 ha. La société l’a peut-être trouvé, sur la commune de Salles-d’Angles. Mais ceci reste à confirmer.

Flash
Dans le « périmètre Cognac », Hennessy emploie 700 personnes, entre le siège social rue Richonne, Bagnolet, Haut-Bagnolet, la Vignerie… En ce qui le concerne, le site d’embouteillage abrite 300 salariés. En 2011, une cinquantaine d’agents ont été titularisés sur le plateau technique de la mise en bouteilles. L’unité de conditionnement compte une dizaine de lignes d’embouteillage : automatiques, semi-automatiques, manuelles. La ligne la plus automatisée affiche une cadence de 20 000 flacons/heure pour le flask, produit phare du marché américain. Les machinistes tournent en deux équipes. La nouvelle ligne 14 a suscité, semble-t-il, de nombreuses candidatures. « C’est également un très beau projet humain, qui s’accompagne d’une montée en compétence » indique le management technique.

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