« Défendre le libre-échange pour un avenir prospère » : un appel collectif visant à stimuler la compétitivité de l’UE par le levier du commerce international
Profitant que le Parlement européen se prépare aujourd’hui aux auditions de confirmation des nouveaux commissaires, 43 associations professionnelles européennes, rassemblées au sein d’une coalition prônant l’ouverture commerciale unissent leurs voix pour défendre une politique commerciale ambitieuse et ouverte.
C’est au travers d’une déclaration conjointe, signée par plus de 43 organisations représentant divers filières européennes dont celle des vins et spiritueux européens, que tous soulignent l’importance du commerce international pour la croissance économique, la création d’emplois et la compétitivité de l’Union européenne.
Un enjeu de taille, du fait de conséquences pouvant être plus que lourdes, en cas de défaillance que la filière cognac ne connait ou n’entrevois que trop bien aujourd’hui…
Le commerce : un moteur de la prospérité européenne
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un emploi sur cinq dans l’Union européenne dépend des exportations vers les pays tiers, soit 38 millions d’emplois. Cette proportion augmentée des deux tiers depuis les années 2000, illustre l’importance croissante du commerce international au sein de l’économie européenne.
En son sein, la filière cognac, fleuron des exportations françaises, n’échappe pas à la tendance. Si elle a la culture internationale historiquement et intrinsèquement chevillée au corps, l’ouverture des marchés internationaux lui aura aussi permis de conquérir de nouveaux consommateurs à travers le monde, contribuant ainsi à son expansion.
L’entrée de la Chine à l’OMC, fin 2001, en est un très bon exemple. Alors que les expéditions de cognac en Chine étaient quasi nulles au début des années 2000, elles atteignaient près de 90 K hl AP en 2024, confortant ce marché à la deuxième place des zones d’expédition de l’eau-de-vie charentaise.
Autre élément pointé par la déclaration, l’interdépendance entre importations et exportations, notamment s’agissant du sourcing en matières premières, pouvant souffrir de pénuries en Europe est mis en avant. Une réalité qui concerne là encore directement la filière cognac, qui dépend de certains intrants importés pour la production et le conditionnement de ses produits.
Un appel à l’action pour une politique commerciale ambitieuse
Les signataires de la déclaration conjointe appellent à un renforcement du pilier « ouverture » de la politique commerciale européenne. Ils plaident pour la poursuite de nouveaux accords commerciaux et le renouvellement des accords existants, ainsi que pour l’amélioration de l’accès aux marchés.
Ainsi et s’il n’existe pas de relais de croissance à activer aujourd’hui dans les Charentes, et s’il est nécessaire de consolider les marchés existants, une des priorité reste, pour les acteurs de la filière, de préparer la croissance de demain. Un travail à conduire à la fois sur le temps long et sur le plus court terme, et qui nécessite de simplifier et fluidifier l’accès aux marchés.
Quelles leviers espérer dans ce cadre ?
- Une réduction des droits de douane dans certains pays, rendant le produit plus compétitif.
- Une simplification des procédures d’importation, facilitant l’entrée du cognac sur de nouveaux marchés.
- Une meilleure protection des indications géographiques (IG) à l’international, dont l’IG « Cognac », permettant de favoriser la défense des appellation et leur protection contre la contrefaçon et les usurpations.
Le rôle clé d’un commissaire dédié au commerce
La déclaration souligne l’importance d’avoir un commissaire européen dédié au commerce, disposant de ressources renforcées et missionné pour faciliter les négociations commerciales et améliorer l’accès aux marchés.
Quelles prérogatives pour un commissaire européen dédié au commerce ?
- Défendre les intérêts spécifiques des entreprises dans les négociations bilatérales et multilatérales.
- Promouvoir des normes internationales favorables à la qualité et à l’authenticité des produits.
- Œuvrer pour la réduction des barrières non tarifaires, telles que les réglementations excessives ou discriminatoires dans certains pays.
Vers une approche équilibrée entre ouverture et autonomie stratégique
Les signataires appellent à un meilleur équilibre entre l’autonomie stratégique – qui a été privilégiée lors du dernier mandat européen – et l’ouverture commerciale. Cette approche vise à renforcer la résilience de l’économie européenne tout en maintenant son ouverture sur le monde.
Comment concrétiser cette stratégie :
- Par l’exploration de nouveaux marchés en Asie du Sud-Est, en Afrique ou en Amérique Latine.
- Par le renforcement de la présence sur des marchés matures mais disposant toujours d’un fort potentiel, comme les États-Unis.
- Par le développement de stratégies de marketing adaptées à chaque marché, tenant compte des spécificités culturelles et des habitudes de consommation locales.
La réaffirmation de l’importance du système commercial multilatéral et d’une diplomatie forte
La déclaration réaffirme le soutien de ses signataires à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et à son cadre réglementaire afin de disposer d’une plus grande prévisibilité des règles commerciales internationales, tout en conservant une place pour résoudre les différends commerciaux de manière équitable, appelant au passage à une réforme du système de règlement des différends de l’OMC, actuellement dans l’impasse.
La promotion de principes basés sur la science et les preuves dans l’élaboration des politiques est par ailleurs rappelée comme une pratique importante à préserver.
Au cœur de la stratégie de défense déployée sur le dossier des surtaxes chinoises, l’importance de la diplomatie, comme levier de prévention et de résolution des tensions, mais aussi de levée des barrières aux marchés, est mise en avant. Pouvant se traduire par des missions commerciales ciblées dans les marchés prioritaires, une collaboration étroite entre les entreprises et les diplomates européens pour promouvoir les intérêts du cognac à l’étranger, ou encore des initiatives de coopération réglementaire pour harmoniser les normes et faciliter le commerce des spiritueux, la diplomatie doit plus que jamais et dans un contexte de tension géopolitiques multiples et fortes être favorisée.
Pour la filière cognac, comme pour de nombreux autres secteurs, les enjeux sont considérables. L’ouverture des marchés internationaux, la protection des indications géographiques et la lutte contre les barrières commerciales sont autant de facteurs qui conditionnent la croissance et la pérennité de filières entières et par extensions de territoires et bassins de vie.
Dans un monde en constante évolution, marqué par des tensions géopolitiques croissantes et des défis économiques complexes, la capacité de l’UE à défendre ses intérêts commerciaux tout en promouvant l’ouverture et la coopération internationale est déterminante.
La déclaration complète est à consulter et télécharger à ce lien : (en anglais)
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