L’expansion assumée du vignoble

2 janvier 2019

Un an après le début de la mandature du BNIC, le vignoble de la région de Cognac s’engage dans une nouvelle phase de développement issue d’une réflexion de fond construite et assumée par les décideurs des deux familles de la viticulture et du négoce au sein du BNIC. Une démarche d’extension de la surface du vignoble a été actée pour satisfaire le développement commercial à venir du Cognac au cours des deux prochaines décennies. La filière a décidé de s’engager dans une stratégie d’accroissement de la production d’eaux-de-vie dans le long terme au travers d’un programme de plantations de vignes ambitieux dans les 3 à 5 ans à venir.

           

            La croissance des expéditions de Cognac depuis une quinzaine d’années à un rythme soutenu de 3 à 4 %/ an et des perspectives de développement toute aussi fortes pour les deux décennies à venir sont à l’origine de cette stratégie d’expansion. Les quatre grands négociants et leurs puissants réseaux de distribution sont les moteurs de l’économie Cognac et affichent une réelle confiance dans l’avenir. Les témoignages de différents acteurs mettent en avant l’accélération des ventes depuis trois ans et surtout la répartition des expéditions sur des marchés différents et porteurs. Les produits de qualité connaissent une réelle expansion alors que le marché global des spiritueux à l’échelle mondiale voit son niveau de consommation diminuer. Les alcools bruns de qualité, ayant une origine connue et issue d’un terroir bien identifié bénéficient pleinement de cette dynamique porteuse. Le Cognac fait donc partie de ces produits de niches qui ont « le vent en poupe » et dont l’activité est « dopée » par les investissements commerciaux et marketing des « Majors » de l’économie régionale.

           

            Paradoxalement, le potentiel de production existant avec des 76 000 ha de vignes a montré au cours de la dernière décennie ses limites en matière de productivité même s’il bénéficie d’une attention soutenue. Une dynamique d’entretien d’un vignoble se construit avec beaucoup de constance pendant 40 ans au moins. Les vignes Charentaises d’aujourd’hui ont dû « encaisser » 15 années de souffrance « agro-économique » qui ont laissé des traces profondes. Elles reconstituent progressivement leurs potentialités malgré un environnement de production plus dur lié aux maladies du bois et aux conséquences de l’évolution climatique. Il ne faut pas oublier que la sagesse et la force de caractère culturelle des Viticulteurs-Paysan ont permis de préserver l’outil de production Cognac dans la période la plus noire de son histoire. Beaucoup d’autres acteurs économiques confrontés à une telle situation auraient sacrifié leurs vignes sur l’autel des ratios financiers à court terme. Leur abnégation et leur courage pendant ce « long trou d’air » entre 1993 à 2007 ne doivent pas être oubliés et même être salués. Ils ont tenu le vignoble hier pour qu’il produise aujourd’hui ! Un tel vécu fait partie et du patrimoine de la région de Cognac. L’investissement dans chaque hectare de vigne supplémentaire s’étale sur une échelle de temps d’environ 40 ans et s’accompagne d’un effort de portage de stock lourd qui nécessite de plus en plus de visibilité économique.

 

            Les décideurs de la viticulture et du négoce affichent actuellement une volonté de réflexion concertée et responsable sur un modèle de développement de la région Cognac intégrant une juste répartition de la valeur qu’elle dégage. La volonté de dépasser les a priori liés aux différents cycles de déprises de l’économie Cognac depuis 50 ans s’est formalisée avec la création d’un outil de gestion prospectif, le Business-plan. Le concept théorique de ce tableau bord s’avère séduisant. Les deux familles de la viticulture et du négoce ont travaillé pour rendre la démarche la plus pertinente possible. Ce challenge s’avère capital pour permettre le développement simultané des débouchés commerciaux et des moyens de production. C’est un engagement fort pour le patrimoine Cognac qui sera géré par les deux prochaines générations de viticulteurs et de négociants. L’expansion souhaitée de 10 000 ha de vignes supplémentaires dans un délai de 3 à 5 ans va représenter un accroissement de production d’eaux-de-vie de 100 000 hl d’AP, soit l’équivalent des ventes actuelles d’une grande maison. Il faut souhaiter que les marchés en 2025-2030 soient en mesure d’écouler de tels volumes car la grande majorité de cet investissement de fond sera portée par les viticulteurs.

 

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