les métiers d’art : Un trésor national, une richesse régionale

7 janvier 2015

métiers d’art : La beauté du geste

Bien au-delà des critères qui les définissent pour l’Administration et la législation, les métiers d’art ont en commun la beauté du geste et le pouvoir de la main. Car, qu’elle tienne une aiguille de brodeuse, une alêne de sellier, un ciseau à bois, un crayon ou une cisaille, qu’elle soit nue dans l’argile et sur la laine, ou habillée de gants pour dompter l’acier et le plomb, la main d’un artisan d’art a le pouvoir de faire naître la beauté.

A la croisée du beau et de l’utile, les artisans d’art façonnent, restaurent et imaginent des pièces d’exception. Ils sont aussi des acteurs essentiels de la préservation de notre patrimoine. Mais il serait faux d’en déduire qu’ils appartiennent au passé, ou qu’ils ne travaillent que pour la beauté du geste ! Métiers d’hier et d’aujourd’hui, les métiers d’art sont surtout des métiers d’avenir, qui éveillent sans cesse de nouvelles passions et vocations. L’artisanat d’art est aussi une composante importante de notre économie et pour la majorité des professionnels concernés, leur seule source de revenus.

« Le Paysan Vigneron » vous invite à découvrir ce secteur d’activité si particulier dans lequel on travaille aussi bien la plume que le plomb, et dont tous les acteurs sont avant tout des femmes et des hommes de passion.

 

 

Parmi les entreprises artisanales, les métiers d’art occupent une place particulière : grâce à des activités à forte valeur ajoutée appuyées sur un savoir-faire souvent ancien et toujours pointu, elles constituent une vitrine pour l’artisanat tout entier, participent au développement local et contribuent à valoriser l’image de la France.

p28.jpgLa France compte plus de 38 000 entreprises métiers d’art. Si certaines d’entre elles couvrent des secteurs bien connus du public, les ébénistes, les bijoutiers… d’autres métiers portent des noms beaucoup plus mystérieux : savez-vous par exemple ce que fait un rentrayeur ou encore un tabletier* ?… Ces entreprises sont souvent des PME, de tous petits ateliers ou des manufactures.

Artisanat ou métier d’art ?

Un métier d’art peut se définir par l’association de trois critères :

– Il met en œuvre des savoir-faire complexes pour transformer la matière.

– Il produit des objets uniques ou des petites séries qui présentent un caractère artistique.

– Le professionnel maîtrise ce métier dans sa globalité.

p28b.jpgPour tenir compte des spécificités de ce secteur, une liste des métiers d’art et de l’artisanat d’art existe depuis décembre 2003 : elle regroupe 217 métiers répartis en 19 secteurs (voir encadré). Une autre étape essentielle a été franchie le 16 avril de cette année : le Sénat a voté l’article 20, titre II de la loi artisanat, commerce et très petites entreprises qui reconnaît et définit officiellement l’existence du secteur des métiers d’art. Cette définition entérine la dimension de création artistique des métiers d’art. La liste en sera dorénavant établie conjointement par les deux ministères chargés de l’Artisanat et de la Culture. Les métiers d’art, avec leurs 38 000 entreprises et 59 000 professionnels en France, sont désormais reconnus comme un secteur économique à part entière.

Les métiers d’art dessinent un patrimoine immatériel qui fait partie de notre culture. Ils sont tout à la fois porteurs d’histoire et d’innovation. Restaurateurs ou créateurs, leurs savoir-faire s’adressent à des publics nombreux et divers : particuliers, monuments historiques, musées, architectes, décorateurs, designers, monde de la mode et du luxe…

Patrimoine de nos régions, les métiers d’art participent au dynamisme des territoires. Vitrine d’excellence, ils contribuent au rayonnement de la France à l’étranger. Les métiers d’art symbolisent un certain art de vivre à la française qui représente un véritable atout pour les territoires en termes de développement et d’attractivité touristique.

L’Institut national des métiers d’art

p29.jpgOpérateur de l’État, l’Institut national des métiers d’art (INMA) mène une mission d’intérêt général au service des métiers d’art. Cette association, reconnue d’utilité publique et d’intérêt général, est placée sous la triple tutelle du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de la Culture et de la Communication, du secrétariat d’État au Commerce, à l’Artisanat, à la Consommation, et à l’Économie sociale et solidaire. Ses missions vont de la production de données ou de la veille sur l’évolution du secteur, jusqu’à la transmission des savoir-faire et la valorisation du patrimoine immatériel, en passant par la mise en œuvre de l’annuaire officiel des métiers d’art en France. C’est aussi l’INMA qui coordonne tous les ans la plus importante manifestation du secteur dans le monde : les Journées européennes des métiers d’art.

Dans le cadre de la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, la Direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture a confié à l’Institut national des métiers d’art la mission d’inventorier les métiers rares. L’INMA a recensé à ce jour 1 421 détenteurs d’un savoir-faire rare et a réalisé plus de 50 portraits et entretiens consultables sur le site de la mission ethnologie du ministère de la Culture et de la Communication.

p29b.jpgDans le même esprit, c’est encore l’INMA qui est chargé de la gestion du dispositif Maître d’art-élève, un dispositif mis en place en 2004 pour préserver la transmission de savoir-faire remarquables et rares. Un maître d’art est un professionnel d’excellence qui maîtrise des techniques et des savoir-faire exceptionnels. Il est reconnu par ses pairs pour son expérience, son expertise et ses compétences pédagogiques. Il doit être capable de transmettre ses connaissances et son tour de main à un élève afin qu’il les perpétue. La création du titre officiel de maître d’art a été inspirée par les « Trésors nationaux vivants » du Japon ; à leur exemple, les maîtres d’art transmettent leurs savoir-faire d’excellence. Ils se préoccupent de l’évolution de leurs métiers, et font preuve d’innovations. Actuellement, la France compte 107 maîtres d’art, dont 78 en activité, nommés par le ministre de la Culture et de la Communication.

Dans chaque région de France, des correspondants de l’Institut national des métiers d’art travaillent sur leur territoire au développement des politiques locales en faveur du secteur. Ils participent activement à l’organisation des Journées européennes des métiers d’art.

Un relais dynamique en Poitou-Charentes

La région Poitou-Charentes compte aujourd’hui plus de 1 000 professionnels métiers d’art. Ebéniste, tapissier d’ameublement/tapissier décorateur, encadreur, céramiste, bijoutier fantaisie y sont assez nombreux. D’autres métiers sont également assez bien représentés comme ceux de ferronnier, charpentier, menuisier, tailleur de pierre, maroquinier, vitrailliste, facteur d’instruments… Mais si persistent encore sur le territoire régional quelques relieurs, enlumineurs, imprimeurs, doreur-ornemanistes, canneurs-rempailleurs ou restaurateurs d’objets d’art, force est de constater la disparition progressive de métiers comme ceux de charron, forgeron, tanneur, taxidermiste, cirier, dentellier ou vannier. Pour continuer à alimenter ce vivier, une vingtaine de lycées professionnels et organismes de formation, centres de formation d’apprentis et campus des métiers, proposent dans la région des formations métiers d’art ou conduisant à des métiers d’art.

p30a.jpgp30b.jpgp30c.jpgLes métiers d’art sont une part vivante du patrimoine de notre région, explique Jean-Michel Banlier, président de la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat de Poitou-Charentes. Ils participent au dynamisme de notre territoire régional. Ce patrimoine immatériel fait partie de notre culture. Il est riche d’une étonnante diversité d’hommes et de pratiques. Un terreau bien vivant en perpétuelle évolution que nous nous devons d’accompagner.

Pour soutenir au mieux le secteur, les acteurs institutionnels ont décidé de mettre leurs efforts en commun. C’est ainsi qu’est née, le 1er octobre 2012, la régionale des métiers d’art (MRMA) portée par le réseau des Chambres de métiers et de l’artisanat de Poitou-Charentes en partenariat avec le Conseil régional du Poitou-Charentes, pour accompagner le développement des métiers d’art sur l’ensemble du territoire régional.

p31a.jpgA l’écoute permanente des acteurs et des professionnels de la filière métiers d’art, que ce soit dans le domaine de la création contemporaine ou dans celui de la restauration du patrimoine, la Mission régionale des métiers d’art de Poitou-Charentes collabore avec les différents organismes nationaux et régionaux, tels que l’Institut national des métiers d’art, l’organisation professionnelle Ateliers d’art de France, les institutions et les associations départementales et locales de promotion des métiers d’art, pour développer et valoriser les savoir-faire de la région. Ce soutien des professionnels passe par des formations qui répondent précisément à leurs besoins, des conseils, de nombreuses informations (par l’envoi régulier de messages par mail, de lettres d’information par courrier et par son site internet), des missions export… Les services proposés par la Mission régionale métiers d’art – formations, cafés métiers d’art, soutien à l’organisation d’événements… –, souligne Jean-Michel Banlier, sont autant d’occasions de mieux exploiter les potentiels et de mettre en relation des professionnels avec d’autres professionnels, qui connaissent, voire qui partagent les mêmes problématiques pour bénéficier de toutes les expériences.

p31b.jpgp31c.jpgLes Journées européennes des métiers d’art, qui se déroulent chaque année au retour du printemps, constituent un des temps forts de l’année avec l’ouverture de nombreux ateliers et de centres de formation au public et l’organisation de manifestations (salons, expositions-ventes, conférences, démonstrations et visites guidées dans les musées, présentations de métiers d’art aux scolaires au rectorat de Poitiers, etc.) dans chacun des 4 départements.

L’édition 2015 se déroulera du 27 au 29 mars. Pour en consulter le programme, dans chaque région de France et en Europe, rendez-vous sur le site www.journeesdesmetiersdart.eu

Autre outil de promotion géré par la MRMA, la Route des métiers d’art a été initiée il y a trois ans par la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat et le réseau des Chambres de métiers et de l’artisanat départementales de Poitou-Charentes. Elle réunit aujourd’hui plus de cent professionnels, avec l’objectif de faire découvrir au grand public la richesse et la qualité de production des artisans et créateurs, mais aussi de favoriser la coopération et les synergies entre les professionnels : La Route des métiers d’art est une invitation à découvrir en même temps que notre territoire les richesses des métiers d’art de notre région se réjouit Jean-Michel Banlier. Vous pouvez la consulter sur www.metiers-art.com/route-regionale-des-metiers-d-art/ pour découvrir tous les trésors de savoir-faire qu’elle réserve.

Ambassadeurs du savoir-faire français à Oman
Pour la troisième fois, en février 2015, la Mission régionale des métiers d’art organise une mission export au sultanat d’Oman. En 2013, la MRMA emmenait 5 professionnels au Festival de Mascate, la capitale d’Oman. Le succès fut tel que la municipalité de Mascate a demandé la présence de 14 professionnels en 2014. Cette seconde mission a permis d’asseoir les contacts pris l’année dernière et de prendre de nouveaux contacts. L’effet de groupe était très intéressant car beaucoup de corps de métiers étaient représentés, ce qui a permis de répondre à une demande large des prospects. Des projets sont en cours d’étude, des devis ont été réalisés. La Région a été de nouveau sollicitée pour représenter le savoir-faire français sur le festival en février 2015.

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