le plan de « bataille » contre la flavescence dorée

30 juillet 2012

La lutte contre la flavescence dorée devient cette année une grande priorité régionale sous l’impulsion des professionnels de la région de Cognac qui « ont pris le dossier en main ». La succession des mauvaises surprises des automnes 2010 et 2011 laisse craindre une situation encore plus délicate pour la campagne 2012, d’où l’importance de mettre en œuvre des actions d’envergure qui soient coordonnées. Un plan de bataille structuré pour combattre la maladie a été construit en faisant appel au sens des responsabilités des viticulteurs. Intégrer le danger flavescence dorée dans les itinéraires de conduite des vignobles de toutes les propriétés de la région délimitée doit devenir indispensable. La réussite durable de la lutte repose sur un élément prioritaire : prospecter le vignoble pour identifier les symptômes.

 

 

p13.jpgDepuis quelques années, la découverte de foyers conséquents dans des zones à priori saines ou non contaminées est une source d’inquiétude majeure d’autant que beaucoup d’hectares n’ont pas été prospectés ! Quelle est l’ampleur réelle des dégâts dans la région délimitée ? On est aujourd’hui dans l’incapacité de le savoir ! Le mauvais bilan de la situation régionale à l’issue des prospections 2011 sous-estime le niveau d’infestation réel de la maladie dans le vignoble. Un tel constat d’échec et d’impuissance a été l’élément déclencheur du plan d’urgence Stop Flavescence Dorée en 2012.

Faire un état des lieux en 2012 pour construire la lutte en 2013, 2014…

Les professionnels ont souhaité se donner les moyens de rattraper le temps perdu en ayant une réflexion globale impliquant la responsabilité personnelle et collective de chaque viticulteur. Le comité de lutte régional constitué en début d’année a beaucoup travaillé pour construire une stratégie d’action offensive pour endiguer « un mal aussi insidieux ». La réunion consensuelle du 11 juillet dernier au BNIC a permis de présenter les axes du plan de « bataille 2012 ». L’ambition est d’établir un état des lieux de la situation sanitaire sur l’ensemble du territoire viticole de la région délimitée. L’initiative – qui est louable et fondée – repose avant tout sur l’implication personnelle et collective des viticulteurs. Chaque producteur doit devenir un acteur incontournable de la lutte en 2012 en réalisant des prospections exhaustives dans les communes contaminées, les communes de sécurité du PLO et aussi dans toutes les zones saines. Ce sera le challenge capital de l’année 2012 pour cerner véritablement l’ampleur de l’épidémie et ensuite construire des stratégies de lutte efficaces en 2013, 2014…

Prospecter partout dans le PLO et dans les zones considérées comme saines

60 % de la surface totale du vignoble concernée en 2011 par la FD, c’est plus qu’inquiétant surtout quand des observateurs avisés estiment que la réalité de l’infestation est bien supérieure à cela. L’échec des stratégies de lutte mises en œuvre jusqu’à présent est une réalité que l’on ne peut pas nier. Faute d’avoir suffisamment prospecté, on a trouvé peu de symptômes et pas repéré assez tôt la maladie. Les 2 ou 3 souches contaminées au départ se sont transformées, en deux ou trois ans, en 20 puis en 200 et au final, des parcelles entières doivent être arrachées. Durant cet intervalle de temps de non-repérage des foyers et d’absence de lutte, la maladie s’est encore largement disséminée. Cette réalité n’est peut-être pas suffisamment prise en compte par les viticulteurs qui estiment encore trop souvent que la flavescence dorée, c’est le problème des autres. En ne prenant pas le temps de passer une heure par hectare pour rechercher d’éventuels symptômes et en ne déclarant pas les résultats des prospections, chaque viticulteur fragilise à court et moyen terme la pérennité du « capital souches » de sa propriété et de l’ensemble de la région délimitée. C’est une prise de risque majeure à titre personnel et pour l’ensemble de la collectivité du vignoble de Cognac. La FD n’est pas seulement un danger majeur pour les communes déclarées contaminées et leur environnement proche. Il ne faut pas se voiler la face, la maladie est sûrement présente dans beaucoup de zones considérées comme saines qui n’ont jamais été prospectées.

Compétence et connaissance du terrain sont indissociables

Le dossier FD, qui jusqu’alors a été piloté par le SRAAL Poitou-Charentes avec une certaine incohérence, a heureusement changé de main. L’Administration s’est profondément désengagée des missions techniques au profit des actions réglementaires et logiquement le savoir-faire pour manager un dossier sensible comme celui de la FD s’est fragilisé. Etre en mesure de porter un regard d’expert objectif sur un sujet aussi important pour la pérennité du vignoble ne peut être envisagé qu’en s’appuyant sur de véritables compétences scientifiques et une connaissance du terrain. Est-il possible de convaincre sur un dossier et de s’imposer comme le catalyseur des énergies quand on se coupe progressivement des réalités d’un territoire viticole vaste et complexe comme celui de Cognac. Les approches de lutte mises en œuvre depuis trois à quatre ans se sont révélées insuffisantes et beaucoup de temps et de ceps de vignes ont été perdus ! Revendiquer le statut de décideur-référent FD nécessite à la fois des compétences et une volonté forte de persuasion. Au cours des dernières années, le SRAL a délégué les missions de terrain à la FREDON de Cognac qui est devenue le référent technique FD grâce la motivation de l’équipe. L’Administration, qui a souhaité conserver en 2011 la gestion du dossier, a vécu une fin de campagne très délicate. L’état des lieux de la situation 2011 n’a été finalisé que courant mars 2012, ce qui a profondément interpellé les professionnels. La méthode de travail a montré ses limites et la maladie n’a que trop prospéré ! En début d’année, un groupe de viticulteurs de l’UGVC a décidé de s’investir dans le dossier FD et cela a débouché sur la création d’un pôle de décision plus opérationnel intégré aux structures viticoles de la région de Cognac. Le comité de lutte régional a été constitué pour piloter la stratégie de lutte FD à court et moyen terme. Les responsables des interprofessions du bassin viticole Charentes-Cognac sont devenus les moteurs de cette structure à laquelle sont associés le SRAAL et tous les acteurs techniques (la FREDON de Cognac, la FD-Gdon de Charente, la Fd-Gdon de Charente-Maritime, les chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime, la Station Viticole du BNIC et le syndicat des pépiniéristes).

L’engagement de la responsabilité individuelle et collective de chaque viticulteur

Une véritable dynamique de lutte collective et individuelle s’est enfin mise en place pour combattre la maladie dans la durée. La campagne 2012 s’engage sur des fondations solides incarnant le véritable renouveau de la lutte. Cela se concrétise par une volonté de concertation de tous les acteurs, une coordination des moyens, un investissement technique accru et une campagne de sensibilisation des viticulteurs sans précédent. La volonté des professionnels est cette année d’impliquer chaque viticulteur dans la mise en œuvre des prospections d’ici quelques semaines. Dans d’autres régions viticoles, le travail de prospections est effectué par des prestataires de services dont le coût est ensuite facturé aux propriétés.

Jean-Bernard de Larquier et Philippe Guélin ont souhaité faire appel au sens des responsabilités des viticulteurs charentais pour réussir la campagne de prospections 2012 : « Nous sommes pleinement conscients que jusqu’à présent beaucoup de viticulteurs n’ont pas été suffisamment concernés par la FD. A l’issue de la campagne de prospections 2011, le problème a franchi un degré de gravité qui fragilise la pérennité de beaucoup de parcelles de la région délimitée. La maladie touche de nombreuses propriétés et est sûrement présente dans d’autres exploitations qui ne l’ont pas encore identifié.

Nous avons choisi de faire appel au sens des responsabilités de chaque viticulteur pour prospecter les parcelles et faire remonter les résultats au niveau de la Fredon à Cognac. C’est leur intérêt et celui de l’ensemble de la région. Prospecter et déclarer la présence ou l’absence de symptômes doit devenir une intervention prioritaire et constante dans toutes les propriétés de la région. Passer environ une heure/ha à parcourir à pied les rangs fin août ou début septembre, ce n’est pas du temps perdu ! Bien au contraire, c’est un tout petit investissement de seulement 12 €/ha qui peut rapporter “gros”. Cela permet de préserver la pérennité du vignoble ! L’application d’un seul insecticide revient à 15 à 20 € ht/ha et la replantation d’une parcelle entière à 17 000 à 18 000 € ht/ha. Dans la période actuelle, ne pas se donner les moyens d’investir
12 €/ha dans les prospections est vraiment incompréhensible. Chercher les symptômes dans les parcelles sera cette année capital pour établir un état des lieux exhaustif de la situation. En fin d’année, avec les techniciens et les délégués locaux de chaque secteur, nous ferons une analyse détaillée de l’efficacité de la campagne de prospection. Si l’implication des viticulteurs n’a pas été suffisante, la pérennité du vignoble s’en trouvera profondément fragilisée.

Nous espérons ne pas être confrontés à un tel scénario ! Si c’était le cas, nous opterons pour des démarches autoritaires d’organisation des prospections en faisant appel à des prospecteurs professionnels salariés dont le coût sera facturé à chaque propriété. »

Des actions régionales, individuelles et locales

Des moyens conséquents vont être déployés pour sensibiliser les viticulteurs à la réalisation des prospections d’ici un mois. Les 4 800 déclarants de récolte de la région délimitée ont reçu à la mi-juillet un dossier d’information FD personnalisé contenant un relevé des différentes parcelles à prospecter de l’exploitation, des fiches de prospection (avec une enveloppe T pour déclarer les résultats des prospections), une brochure de reconnaissance des symptômes, la liste des référents techniques et coordonnées de la Cellule Stop Flavescence Dorée : la Fredon de Cognac (tél. 09 77 02 33 38). Les mêmes dossiers d’information ont été expédiés à 500 propriétaires de vignes destinées à la consommation personnelle situées dans l’aire délimitée. Ensuite, les structures de la Fredon de Cognac vont s’étoffer pour mener à bien des prospections à l’extérieur et à l’intérieur du PLO. Agnès Darton, la responsable du dossier FD à la Fredon de Cognac, pourra s’appuyer sur les compétences de deux personnes (1) supplémentaires pour assurer l’organisation des prospections et les prélèvements sur les ceps douteux à l’intérieur du PLO.

250 délégués locaux pour mailler le territoire

Une nouvelle animatrice de terrain (1), Laeticia Sicaud, a été recrutée par faire le lien avec l’ensemble des délégués de secteurs au sein des Gdon dans l’ensemble de l’aire de production. La grande nouveauté du dispositif de lutte est de relayer l’action dans toutes les zones de la région délimitée en utilisant les réseaux des Gdon grâce à des délégués locaux. Ces personnes, des viticulteurs (des responsables de Gdon et des membres de l’UGVC) auront un rôle de référent technique local à l’échelle de 3 à 5 communes pour promouvoir la lutte, répondre à des attentes spécifiques de leurs collègues et s’assurer du bon déroulement des prospections. L. Sicaud sera chargée d’assurer un lien permanent avec les délégués pour encadrer le déroulement des prospections et maîtriser les retours de déclarations de symptômes. Le vignoble sera donc littéralement maillé par 250 délégués locaux qui vont tous suivre fin août une formation de mise à nouveau de connaissance sur la maladie. D’autres actions de sensibilisation de terrain seront conduites par la Fredon et les chambres d’agriculture tout début septembre dans les zones sensibles.

(1) Les recrutements sont financés par la Fédération des interprofessions du bassin viticole Charentes – Cognac (BNIC, Comité national du Pineau des Charentes, Comité des vins de pays et Comité interprofessionnels des moûts et des vins du bassin).

Contacts – Informations
Chambre d’agriculture :
Charente (Segonzac)
Tél. 05 45 36 34 00
Mail : ouest-ch@charente.chambagri.fr
Charente-Maritime (Jonzac)
Tél. 05 46 48 10 79
Mail : jonzac@charente-maritime.chambagri.fr
Station Viticole du BNIC :
Tél. 05 45 35 81 00
Mail : station@cognac.fr
 FREDON de Cognac : Agnès Normandin
Tél. 09 77 02 33 38
Mail : fredonpc16@wanadoo.fr
Coop de France Poitou-Charentes :
Tél. 05 49 37 88 88
Mail : frca@frca-pc.fr
Négoce Agricole Centre Atlantique :
Tél. 05 49 75 69 30
Mail : info@gsnaca.fr

 

 

 

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