Le fil d’actualité du syndicat UGVC

30 juillet 2012

De la valeur du foncier au prix d’achat des eaux-de-vie, en passant par le stock à la viticulture ou le renouvellement du vignoble, le syndicat viticole souhaite nourrir le « fil de l’actualité ». D’où son parti pris de s’exprimer régulièrement. Rencontre le jeudi 12 juillet avec Christophe Forget et Stéphane Roy, président et secrétaire général de l’UGVC.

Valeur du foncier

L’UGVC met en garde sur la « sur-interprétation » de certains prix d’achat de vignes, tels qu’ils ont pu être diffusés récemment. « Ils n’ont pas valeur de référence. Ces montants élevés ne correspondent pas à la réalité de marché. Ils portent sur de faibles volumes de transaction et concernent généralement de petites surfaces, souvent enclavées, non des exploitations entières. Banquiers comme comptables nous confirment qu’à ces prix-là, la rentabilité n’existe pas. Le foncier viticole est un outil de production. Attention à ne pas s’enfermer dans une bulle spéculative. »

[ Renouvellement des vignes

« Replantez si vous ne voulez pas voir le vignoble s’agrandir ! » C’est sur un ton légèrement provocateur que le syndicat relaie le message du renouvellement des pieds de vignes manquants. Dans un contexte d’optimisme généralisé du négoce de Cognac sur le long terme – d’où ne sont pas exclues des périodes de hauts et de bas – produire est « le » mot d’ordre de cette deuxième décennie du 21e siècle. Mais pour cela, faut-il encore anticiper, au niveau de la pépinière, des tonneliers et bien sûr des viticulteurs eux-mêmes. « Pour cette raison, nous devons prévoir des mécanismes de lissage et notamment disposer de rendements encadrés » disent les représentants professionnels.

[ Agrandissement du vignoble

C’est la thématique des droits nouveaux, que chacun se défend de promouvoir mais que nul ne se permet d’ignorer. Elle s’invite à chaque occasion avec, en guise d’antidote, un luxe de précaution oratoire et pas mal de bémols. Attention, terrain miné ! Extraits :

− « La priorité reste au renouvellement. »

− « Dans la mesure où il ralentirait le renouvellement, l’octroi de droits nouveaux aurait un effet pervers. »

− « L’augmentation de surface est un sujet qui peut être débattu. Sans aucun problème. Mais, au préalable, viticulture et négoce doivent se mettre d’accord vers où ils veulent aller, quelle vision ils défendent pour la filière dans les dix prochaines années. Par exemple, qui va stocker, quoi, dans quels comptes ? »

[ Le prix d’achat des eaux-de-vie

« Sur les eaux-de-vie 00, nous demandons 5 % d’augmentation pour le rattrapage et 1,30 % lié à l’augmentation des coûts de revient annuels tels que constatés par le BNIC. L’an dernier, nous avions envisagé quelque chose d’équivalent mais, sur le global, l’augmentation s’est révélée inférieure à 5 %. »

Les 5 % annuels de rattrapage correspondent à un manque à gagner estimé à 17 % sur 20 ans, qu’il s’agit de couvrir non sur un an mais sur trois.

L’UGVC a entamé son cycle de rencontres avec le négoce. Les premières prises de contacts font dire aux représentants viticoles qu’ils se sentent « confiants mais vigilants ». Mais ils se reprennent aussitôt pour inverser les termes « vigilants avant d’être confiants ».

Alors que le rendement Cognac a été décidé en juin dernier, de quel « moyen de pression » dispose la viticulture pour obtenir une augmentation des prix ? Réponse de Stéphane Roy : « Depuis 2008, la viticulture a toujours accompagné le négoce. Il semble normal qu’elle “retrouve ses billes” en terme de contrepartie financière. S’il en
allait autrement, il faudrait revoir notre politique d’accompagnement. Mais je suis sûr que nous n’en arriverons pas là. Une filière repose sur le développement des deux
parties. »

Christophe Forget précise qu’un courant de discussions existe toujours (réserve de gestion et autres) et qu’ainsi les éléments de négociation ne manquent pas. De manière positive, il considère que « le négoce a
besoin d’une viticulture qui marche sur ses deux jambes ».

[ Le stock à la viticulture

Selon le syndicat, l’amélioration du revenu passe par deux leviers : les prix et le stock. « Vendre des eaux-de-vie en compte 00 ne dégage pas la même plus-value que si on les vend en comptes 2 ou 4. »

« Aujourd’hui, le stock est essentiellement entre les mains du négoce. La viticulture doit récupérer de la plus-value liée au stockage. »

Les représentants viticoles en sont convaincus : « Le stock est au cœur du métier de viticulteur. Le rôle du syndicat est de redonner une dynamique au portage de stock viticole. »

L’année 2012 s’annonce comme une année test : « Que les viticulteurs profitent de l’augmentation de rendement non pour tout vendre mais pour stocker. »

Ch. Forget distingue entre le stock outil (comptes 1 / 2 / 3) et le stock épargne qui permet de passer les périodes difficiles. « C’est aussi une garantie auprès des banquiers » complète St. Roy qui ajoute : « Nous devons être capables de reconstituer du stock à la viticulture pour dégonfler cette bulle qui est mauvaise. » Last but not least, plus la viticulture représentera une part non négligeable du stock, « plus le poids du syndicat sera important ».

[ Les petites maisons de Cognac

« Nous avons besoin des grosses maisons mais aussi des petites. La viticulture a intérêt à avoir un négoce diversifié. Dans n’importe quelle activité, plus les clients sont nombreux, mieux c’est. » La crainte du syndicat ! Que malgré un rendement libre plus élevé, conçu un peu « à la main » des petites maisons, le disponible ne soit pas plus grand pour elles. « Il faut vraiment que les petites maisons préparent leur approvisionnement quand elles peuvent le faire. »

 

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