Le domaine Pinard célèbre 50 ans de Bio

28 août 2019

Une famille avant-gardiste et un travail pérenne dans les vignes du Cognac

Le samedi 17 août prochain, le domaine Guy Pinard et Fils célèbrera son demi-siècle d’agriculture biologique. Depuis 1969, le domaine travaille sur trois génération sur ce mode de production viticole, avec un véritable schéma économique. Les frères Pinard en profiteront pour présenter leur travail en ouvrant les portes de leur domaine de Foussignac, et proposeront débats et discussions autour d’invités tout au long de la journée.

Partage de passion. Afin de fêter sa cinquième décennie en viticulture biologique, le domaine Guy Pinard & Fils ouvre ses portes, de 9h à 18h, aux curieux et aux professionnels autour de conférences autour du thème « Quelle agriculture pour demain ? », et d’un marché bio des producteurs tout au long de journée. Ce rendez-vous est placé sous le signe de l’ouverture. « Nous voulons toucher les professionnels et leur expliquer notre démarche », ont assuré les frères Pinard.

 

Des enjeux quotidiens

Conscients de la délicatesse ou la réticence de certains face à une telle approche de production dans le vignoble cognaçais, le domaine de Foussignac en profitera pour stimuler les différentes rencontres.

« L’idée n’est pas de culpabiliser mais d’expliquer les pratiques et qu’il y ait de l’échange. C’est parfois compliqué de se dire qu’il y a d’autres alternatives. Il y a une forte sociétale pour que l’agriculture soit plus respectueuse de l’environnement, du voisinage, etc., il y a une conjonction où les promesses et les défis technologiques des décennies 1950-1960 ne sont plus présentes – le rendement ne va plus augmenter annuellement de 20 à 30% – et il y a un vrai enjeu environnemental et écologique.

Sur la vigne en Charente, où davantage de production est demandée, la région plante à nouveau car les rendements ne sont pas extensibles à l’infini. Nous avons une région compliquée car le cota est à 16hlAP/ha. Le domaine produit une moyenne de 10hlAP/ha – 100hlAP/ha sur les dix dernières années –, ce qui est, pour nous, très bien car le produit est bien revalorisé derrière. Il y a quelques années à 10hlAP/ha, le rendement était satisfaisant. En plus, il y avait 5 à 7hlAP/ha de climatique, tout le vin était distillé et la climatique était une sorte d’assurance-grêle.

Entretemps, augmentation des demandes de Cognac pour les États-Unis et d’autres gros marchés, les quotas ont augmenté. Les petites récoltes dues aux aléas climatiques, les réserves ont été sorties. À 12,5hlAP/ha, il manque de la réserve climatique. Le regard des voisins et les contrats de maison de négoce ont poussé en ce sens. Ce sera compliqué de les faire venir en bio, mais il n’y a pas que le bio, d’autres approches existent.

 

Vocation et curiosité de l’interprofession

Pour les activités agricoles, trois années sont nécessaires afin d’acter sa production en biologique. D’où un modèle économie viable nécessaire et une implication personnelle.

« Si nous voulons des conversions au bio, il faut aussi des prises de conscience individuelle, au-delà des attentes ou des éventuelles obligations. Comment les maisons de négoce peuvent accompagner des vignerons qui seraient intéressées via ce mode de production ? C’est un peu une vocation car les premières années, avec une baisse de 20 à 30% de rendements, s’ils ne sont pas convaincus, ils arrêteront.

Intéressant certains pans de l’interprofession, le domaine Pinard est suivi par des instances du vignoble saintongeais. « La Chambre d’Agriculture de Charente vient tous les deux jours dans les vignes, à propos d’essais de phytothérapie, ils voient la salubrité. La CA compte un réseau national assez développé, et depuis quelques années, une personne est vouée à la partie biologique en Charente, qui est un vrai plus pour le peu de vigne en bio. » Les crus du Cognac demeurent, en effet, assez pauvre en production biologique.

« Nous sommes dans un groupe DEPHY (pratiques culturales bio et essais) avec des vignerons bios et quelques conventionnels qui travaillent sur la phytothérapie (les années difficiles, ils traitent avec les produits conventionnels). Il y aura même une future cartographie du sol en bio, et en non-bio, pour mesurer les doses de cuivre dans le sol. Les doses de cuivre étant critiquées. Nous les lissons et, sur ce genre d’année sèche, nous réduisons au maximum les utilisations et les doses. Cette année, nous avons déjà fait un mois sans traitement. »

 

Les cahiers des charges en évolution

Sujet d’actualité, rythmant les réunions de nombre de maison de négoce, cotées en bourse ou non, le cahier des charges est l’objet de toutes les attentions, tant par l’interprofession que par les marques.

« Les cahiers des charges en bio évoluent, par un aspect d’amélioration continue (connaissances scientifiques, observations). Parfois c’est un peu pénible, comme avec la baisse des doses de cuivre autorisées, mais cela oblige la majorité des gens à se remettre en question sur des pratiques qui n’étaient peut-être pas forcément très bonnes, comme sur le bien-être animal. C’est un gage de qualité sur le long terme, car ce n’est pas statique mais qui évolue.

Il y a des critiques constructives, le fait d’avoir un cahier des charges, des organismes certificateurs, pour le consommateur cela lui garantit des produits de qualité avec le respect de l’environnement. »

Dans une habitude d’anticipation, le domaine Guy Pinard & Fils poursuit sa mue d’un domaine en phase avec environnement, naturel et humain.

 

 

 

Le programme de la journée

 

Conférences en début d’après-midi, à l’issu du repas.

 

– Benoît Biteau, paysan en agriculture biologique, agronome et député européen EELV.

– André Boutteaud, auteur du livre « Quelle agriculture pour demain ? », travaille avec son fils sur 250ha de céréales, céréales secs, lapins, cochons,

– Laurent Duquesne, Chargé de mission Viticulture Environnement à la Chambre d’agriculture de Charente

– Vincent Sourrisseau, responsable régional de la communication Ecocert à Saint-Jean d’Angély

D’autres intervenants sont en attente de confirmation :

– Claire Caillaud responsable de la communication du BNIC ;

– responsable des achats de la maison Hennessy.

 

Renseignements et inscriptions à la restauration sur place midi et soir : 05.45.35.87.57

Soir : Moules-frites 10€

 

Coordonnées GPS : 45°71.40.N – 0°12.52.W

Domaine de la Tour Vert

8, rue de l’Eglise

 

 

 

 

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