La libéralisation des plantations ne passera pas

8 janvier 2013

Il serait bête de chanter victoire avant le bouclage définitif du dossier. Mais il serait tout aussi bête de bouder son plaisir. Après avoir craint le pire – la dérégulation totale du secteur viticole – les avancées actuelles (voir article page suivante) apportent un vrai bol d’air. Les choses évoluent dans le bon sens. Certes, les droits de plantations ont vécu. Ils sont appelés à disparaître dans leur forme actuelle. Mais outre qu’ils n’ont pas toujours existé, ils devraient être remplacés par un outil équivalent : le régime des autorisations de plantations. D’un système d’interdiction, l’on passerait à un système d’autorisation. Mais, après tout, ce qui n’est pas autorisé est interdit. L’essentiel, c’est que le principe d’égalité de traitement – et donc de saine concurrence – soit préservé, entre les Etats membres, entre les producteurs, entre les différentes catégories de vins. C’est pourquoi il était aussi important que le système d’autorisation soit contrôlé par l’échelon national et supra-national (européen) ; et que la même réglementation s’applique à toutes les catégories de vins. Ces points fondamentaux semblent acquis. Une divine surprise ! Pas vraiment. Comme dans n’importe quelle négociation, c’est le fruit de beaucoup de travail, de conviction, de détermination, de séduction aussi. Il a fallu trouver les bons partenaires, fédérer les individualités, jouer les catalyseurs et, parfois, savoir neutraliser les positions par trop divergentes. Plus d’une fois, les négociateurs eurent l’impression de « partir dans le mur ». Mais ils ont su convaincre la Commission qu’il était de son intérêt de traiter avec la viticulture européenne plutôt que, en pleine négociation de la PAC, courir « avec un caillou dans sa chaussure ».

« Ne pas s’emballer »

Ceci dit, « il ne faut pas s’emballer en quoi que ce soit » préviennent les gens biens informés. Ils constatent avec réalisme qu’en fonction des interlocuteurs, les analyses varient. Un membre de cabinet ministériel, un professionnel immergé dans la défense de la régulation, un lobbyiste à Bruxelles ne partagent pas forcément la même grille de lecture. Où se situe la bonne interprétation ? Une chose est sûre : « tout n’est pas calé ». « Il faut rester mobilisé, il faut rester prudent, ne pas relâcher la garde » prône un acteur du dossier. Quelqu’un rappelle à juste titre que sur les quotas laitiers, tout semblait se passer au mieux lors des négociations. Désenchantement à l’heure de l’application.

Dans la région délimitée, le terme « plantation » et encore plus celui « d’autorisations de plantations nouvelles » fait inévitablement écho aux ambitions du Cognac. Et renvoient, par ricochet, à la destinée des autres filières, Pineau et Vins. Aujourd’hui, une enceinte permet de rassembler les trois filières : Pineau, Cognac, Vins. Il s’agit de la Fédération des interprofessions. Elle-même siège au Conseil de bassin. Actuellement, chaque filière jouit d’une égale représentativité au sein de la fédération. Mais le négoce de Cognac a exprimé un vœu : celui de bénéficier d’une représentativité plus conforme à son poids économique. Le sujet est stratégique – d’aucuns diront épineux – surtout si l’on se place dans la perspective d’une évolution future du potentiel de production. La négociation, qui devait se clôturer en décembre 2012, va se prolonger trois mois de plus. Chacun espère « que le bon sens l’emportera ». La conviction générale, c’est que la Fédération des interprofessions constitue un outil indispensable, que beaucoup de régions envient aux Charentes. « Cela nous permet de parler d’une seule voix à Paris, à Bruxelles. Il ne faudrait pas trop perturber cette bonne entente. Nous allons trouver une solution ! » tente de se rassurer un professionnel.

Un autre sujet – récurrent celui-ci – concerne le statut des vins aptes au Cognac. Même si le projet d’encadrement des plantations vise tous les vins, y compris les vins sans IG, rien n’est très explicite à leur égard. Une fois pour toutes, ne faudrait-il pas ouvrir sérieusement le dossier de la qualification juridique des vins aptes au Cognac : vins IGP, vins sans IG ? Des responsables y sont favorables, pour tuer dans l’œuf tout risque de libéralisation déguisée. Mais faut-il encore que toute la communauté professionnelle se saisisse du sujet.

Les chiffres de récolte 2012 sont tombés (voir le site internet du BNIC – www.cognac.fr). Sur les 74 699 ha cépages double fin, le rendement Vins blancs Cognac atteint 101 hl vol./ha (100,97 précisément). En volume, la récolte moyenne Cognac s’établit à 101,75 hl vol./ha pour un TAV moyen de 9,40 % vol. D’où un rendement en alcool pur de 9,57 hl AP/ha. Dans des conditions très compliquées, les vignerons charentais auront réussi à préserver l’essentiel.

Très bonne année 2013 à tous, pleine de joie, d’émotion et d’ambition.

 

 

 

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