Un petit entrepôt banal en centre-ville. Quand vous ouvrez la porte, vous tombez sur un stock de bouteilles vides, aux marquages différents : Martell, Hennessy, Johnny Walker… C’est la caverne d’Ali Baba du parfait contrefacteur. En amont, un réseau de collecte s’est chargé de récupérer les bouteilles – authentiques – auprès des lieux de consommation, bars, night-clubs, discothèques… Quand le contrefacteur ne possède pas de réseau de collecte, il peut passer commande sur internet. L’an dernier, une bouteille vide de VSOP ou de Paradis se négociait autour de 1,65 yuan. Une fois les flacons sur place, l’atelier de contrefaçon va s’employer à les re-remplir avec du produit plus faux que faux, mauvais brandy additionné de thé pour la couleur. Quand la bouteille est vendue 3 € alors qu’elle en vaut 50, difficile de soutenir que le consommateur final aura pu être abusé. Mais les contrefacteurs les plus malins s’arrangent pour baisser le prix sans trop, afin de donner le change. La fraude sévit moins dans les lieux connus – bars, discothèques ayant pignon sur rue – qu’auprès des réseaux des petits revendeurs (échoppes, bords de trottoirs…). Les maisons ne tiennent pas à communiquer sur le chiffre de la contrefaçon. Mais, à l’évidence, elle représente une perte de substance économique. La contrefaçon pose aussi un vrai problème de santé publique et un risque majeur en terme d’image.
des marques très exposées
Comme on ne prête qu’aux riches, les contrefacteurs s’attaquent avant tout aux marques qui rapportent le plus d’argent, ainsi qu’à celles qui peuvent être le plus facilement contrefaites. Tant par le phénomène des bouteilles vides que par leurs prix, les marques de spiritueux sont relativement exposées. On ne parlera pas des Rollex, Gucci et autres sacs Vuitton. Les marques se laissent-elles « tondre » sans rien dire ? Naturellement non. La résistance s’organise. En Chine, les marques internationales de spiritueux ont créé un GIE chargé de lutter contre la contrefaçon. En partenariat avec les autorités chinoises (police, douanes), des raids sont régulièrement organisés en direction des contre-
facteurs. Tout un travail de sensibilisation est conduit auprès du « on trade » pour l’encourager à détruire ses bouteilles vides ainsi qu’auprès des distributeurs. Des inspecteurs hantent les lieux de consommation. D’un seul coup d’œil, ils détectent le vrai du faux. Il faut dire que sur les sites de production, les techniques de déminage de la contrefaçon se sont beaucoup améliorées. L’an dernier, Jean de Miranda, directeur industriel d’Hennessy, avait présenté le nouveau système de marquage laser des bouteilles. Entre le canon laser et les installations, l’investissement aura coûté 250 000 €. Si le marquage du verre à l’aide du laser n’est pas nouveau, jusqu’à maintenant le laser peinait à graver l’étain des capsules. La nouvelle technologie permet une gravure parfaite du logo à cheval sur la capsule et la bouteille. Le contrefacteur pourra toujours tenter d’effacer le gravage du verre. Une fois la bouteille ouverte, la partie de logo imprimé sur la capsule se trouvera toujours en décalage. En fait, la barrière anti-contrefaçon ne repose pas sur un système unique mais sur un faisceau de petits systèmes. Mis bout à bout ils compliquent sacrément la vie des contrefacteurs. D’ailleurs, ces efforts se révèlent payants. Du terrain remonte l’information selon laquelle la contrefaçon serait en forte décrue.
Marquage à cheval sur le verre et la capsule
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