Hennessy : Un club de jeunes livreurs

21 août 2012

La première réunion du « Club des jeunes livreurs Hennessy » s’est tenue le 19 juillet 2012 à Cognac. Créé à l’initiative de la maison de Cognac, ce club met en avant l’échange et le partage ainsi que l’accompagnement de la nouvelle génération. La société de négoce soutient l’intérêt général de la démarche, « afin que ces jeunes deviennent des ambassadeurs du métier de viticulteur ».

p27.jpgL’idée est bonne, même excellente, de créer un club des jeunes livreurs. A une époque où la problématique de l’approvisionnement se pose de manière aiguë, quel meilleur parti pris que de renforcer « l’affectio societatis » des jeunes livreurs avec leur acheteur. Non seulement ce sont des fournisseurs mais encore ils sont jeunes. Ce sont eux qui, dans les 20 ou 30 prochaines années, vont incarner la viticulture charentaise.

Pourtant, Florent Morillon, responsable de la direction amont au sein du département eaux-de-vie d’Hennessy, ne souhaite pas se laisser enfermer dans une vision par trop utilitariste, pour tout dire réductrice. Il revendique une démarche « d’intérêt général ». Dans ses fonctions précédentes – directeur de la Chambre d’agriculture de la Charente – il a pu mesurer combien les métiers de l’agriculture suscitaient des a priori défavorables. D’où les actions engagées par un pool de partenaires institutionnels pour inverser la tendance et donner envie aux jeunes d’embrasser ces carrières (témoignages dans les collèges, édition d’un DVD…).

« Avec les jeunes livreurs Hennessy, dit-il, nous avons affaire à une population qui a franchi le pas, qui a repris l’exploitation des parents. Ils ne peuvent avoir de meilleurs ambassadeurs. »

Des jeunes « livrés à eux-mêmes »

D’une manière générale, F. Morillon estime que l’on ne s’intéresse pas assez aux jeunes agriculteurs. « Ils sont un peu livrés à eux-mêmes. Dans une entreprise, tout un réseau se noue entre collègues de bureau, relations de travail. Le métier d’agriculteur, lui, est solitaire. A mon sens, un vrai besoin existe de créer des lieux d’échanges et de partage. En tant que leader régional, Hennessy se doit d’accompagner, à sa façon, les jeunes viticulteurs, en complémentarité avec d’autres. »

Le lancement du « Club des jeunes livreurs Hennessy » a eu lieu le jeudi 19 juillet, à l’espace des Quais Hennessy. Après une première partie en salle « pour mieux apprendre à se connaître » avec notamment le visionnage d’un film promotionnel sur les marchés, la soirée s’est poursuivie par un focus « produit », centré sur la visite du chai du fondateur (de l’autre côté de la Charente). Ce chai sombre et frais renferme les plus vielles eaux-de-vie de la maison. Une dégustation « adaptée » y fut organisée par le service eaux-de-vie. En dernière partie, les jeunes viticulteurs ont pu découvrir l’œil de Todd Selby ou, plus exactement, ce que le photographe américain, familier du monde du luxe, a capté de son passage en Charentes et chez Hennessy durant les vendanges 2011 (exposition temporaire aux Quais hennessy – accès libre). Puis un cocktail-dînatoire a réuni les participants autour d’un verre. Une « 3e mi-temps » pas moins importante que les précédentes. « Si nos jeunes partenaires ont pu partager un moment convivial, notre challenge est en partie gagné. »

120 jeunes livreurs

Sur cette première date, 120 jeunes s’étaient déplacés. Les deux critères posés par la maison pour intégrer le « Club » ? Avoir moins de 35 ans et, bien sûr, être livreurs Hennessy. Le directeur amont parle d’un taux de réponse « fabuleux », à hauteur de 95 % ». Son service va affiner la recherche – exploitations en société… – et table, au final, sur un public de « plus ou moins 180 personnes ». Pour Florent Morillon, la notion de « jeune livreur » revêt une acception large. Il s’agit non seulement des nouveaux installés mais également des jeunes qui travaillent avec leurs parents encore chefs d’exploitation. Bien évidemment, il n’y a pas d’ostracisme non plus entre livreurs de vin faisant distiller à façon et bouilleurs de cru, entre livreurs exclusifs et ceux qui ne le sont pas. Pas plus que n’entrent en ligne de compte le cru ou la surface. La qualité de « jeune livreur » se veut large et sans barrière.

Ceux qui font partie d’associations ou de clubs connaissent le côté parfois éphémère de ce genre de structures. Avec son Club des jeunes livreurs, Hennessy ne veut pas d’un « feu d’artifice » ni d’un « feu de paille » mais souhaite s’inscrire dans la durée, en insufflant de la « dynamique » à l’initiative. Premier gage de pérennité : le renouvellement automatique des membres. Tous les ans, certains partiront, touchés par la limite d’âge quand d’autres arriveront. Deuxième élément de stabilité : ne pas se monter trop ambitieux en terme de calendrier. « Nous partons sur trois rencontres dans l’année » précise F. Morillon. Et de citer les autres rendez-vous de la maison : le forum technique une année sur deux, les portes ouvertes, l’AG de la sica Bagnolet.

Une visite à Vinitech

Surtout, la société veut donner du sens à ces rendez-vous, un contenu défini en partenariat avec les jeunes. « Nous nous positionnons en accompagnement des souhaits exprimés par les jeunes. » Ainsi, des premiers contacts est née l’idée d’une visite à Vinitech en novembre prochain portant sur deux volets, un volet technique et un volet plus relationnel. Début janvier, pourrait être aménagée une dégustation type « maître de chai » autour d’eaux-de-vie jeunes et rassises, en association avec les services d’Alain Deret (direction Administration & Production Eaux-de-vie) et d’Olivier Paultes (direction Distilleries & Communication Savoir-faire Eaux-de-vie). Il s’agit d’une attente exprimée par les moins de 35 ans. Comme autres pistes possibles, Florent Morillon évoque la création de groupes de travail ou encore des « formats conférences » alternant avec des moments plus conviviaux, des visites de vignobles extérieurs à la région « pour voir ce que se fait ailleurs »… Au sein du service communication, la société de négoce vient de recruter Arnaud Camus. Il va être chargé de mettre en place tous les événements techniques de la maison.

Un métier qui se féminise

Les jeunes s’installent plus tard, leurs parcours sont plus diversifiés et le métier se féminise. C’est ce que Florent Morillon a relevé de cette première rencontre. Il parle de profils atypiques, de trentenaires exerçant des professions à responsabilité ailleurs, qui opèrent un retour sur l’exploitation familiale, après être passés par la case formation viticole. Ils ont « bourlingué », portent un regard différent sur le métier. « Je trouve ça intéressant » relève le directeur amont. Même chose pour la mixité, qui commence à s’imposer. Après avoir été longtemps monolithe, monocorde, la profession accueille des femmes. Un nouveau facteur de diversité et de brassage culturel.

En 2011, le chiffre de l’installation viticole en Charentes, aidée et non aidée, a tourné autour d’une centaine de personnes. Mieux qu’il y a quelques années, cela reste insuffisant vis-à-vis d’une population viticole estimée à 4 500 viticulteurs. « C’est bien de se préoccuper du vignoble, de l’organisation régionale. Mais si l’on ne se préoccupe pas aussi des jeunes qui reviennent sur les exploitations, tout le reste tombe à l’eau » souligne avec pragmatisme Florent Morillon.

Un contrat spécifique « accompagnement »
C’est bien de veiller au moral des troupes. Ce qui n’empêche pas de mettre en place des outils plus tangibles.
Le directeur Amont d’Hennessy, en charge des relations avec le monde viticole, a indiqué que, depuis quelques mois, la société avait mis en place « des contrats spécifiques d’accompagnement, pour des personnes ayant des projets ». « Les personnes qui investissent, dit-il, ont quelquefois besoin d’être rassurées ou les banques elles-mêmes souhaitent l’être. C’est pour cela que nous avons instauré cet accompagnement contractuel. » Le responsable amont précise aussi que cette politique d’accompagnement ne se borne pas au seul aspect contractuel. « Si des besoins supplémentaires apparaissent, nous les examinons, en essayant de donner satisfaction. Face à des besoins en particulier, nous sommes toujours à même de proposer des choses. »
Interrogés sur les prix, F. Morillon a répondu « que les prix seraient connus, comme tous les ans, au moment des vendanges. Il n’y a rien de décidé encore. » Concernant les volumes, il a précisé qu’Hennessy avait adressé un courrier à l’ensemble de ses livreurs au mois de juin dernier et que la société « s’inscrivait sur la totalité de la production ». Ensuite, c’est la réalité qui décide.

 

 

 

 

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