Fédération des interprofessions du bassin viticole des Charentes / représentation des filières : Tro

3 août 2011

Une égalité de représentation entre les trois filières, Cognac, Pineau et vins est inscrite dans les statuts de la Fédération des interprofessions du bassin viticole des Charentes. Mais, sur fond de nominations à FranceAgriMer et surtout de dossier de libération des droits de plantation, la réflexion est relancée sur la place de chacun. Un groupe de travail va se réunir sur le sujet.

Depuis des lustres, deux interprofessions ont pignon sur rue dans la région délimitée Cognac : le BNIC, l’interprofession du Cognac, née en 1941 et le Comité national du Pineau des Charentes, fondé en 1949. Puis, en 2006 le CIMVC (Comité interprofessionnel des moûts et vins du bassin viticole des Charentes) est venu rejoindre le duo de tête. Pour les vins et moûts, s’est créée une structure paritaire viticulture/négoce. A vrai dire, le CIMVC « fait office de » mais n’a pas vraiment le statut d’interprofession. Car, par une vision un peu chicaneuse du droit, l’ANIVIN de France (Association nationale interprofessionnelle des vins de France) s’est fait reconnaître le droit exclusif de la représentation interprofessionnelle des vins et moûts sur l’ensemble du territoire national. Au sens juridique du terme, le CIMVC n’est donc qu’une association et non pas une interprofession. Mais qu’importe ! La Fédération des interprofessions du bassin viticole des Charentes regroupe bien les trois familles de produits : Cognac, Pineau et Vin. Siègent à la Fédération des interpro. douze membres à voix délibératives : 4 pour le BNIC, 4 pour le Comité du Pineau et 4 pour le CIMVC avec, à chaque fois, deux viticulteurs et deux négociants.

Cette Fédération des interprofessions du bassin viticole des Charentes a vu le jour en 2009. Ses racines remontent à 2006, quand Dominique Bussereau, alors ministre de l’Agriculture, commande au préfet Pomel un rapport sur la filière viticole. En sortira le rapport éponyme, qui propose un nouveau schéma d’organisation viticole. Objectifs : favoriser la décentralisation, regrouper les interlocuteurs, organiser la concertation, faciliter le désengagement de l’Etat et donc les économies de coût… Pour caricaturer, on peut dire que le rapport Pomel est à la viticulture ce que la RGPP (Révision générale des politiques publiques) est à l’Administration. Cela accouchera des Conseils de bassins viticoles – dix en France dont celui de Charentes-Cognac – et des Fédérations régionales d’interprofessions. « Dans chaque bassin, l’Etat ne voulait plus voir émerger qu’une seule tête » résume, un brin caustique, un professionnel.

A Cognac, deux options se présentent : soit faire du Bureau national du Cognac la superstructure régionale, avec deux branches annexes, Pineau et Vins ; soit aller dans le sens d’une vraie Fédération regroupant les trois interpro. Ce fut la solution retenue, de manière « émotionnelle » mais aussi rationnelle. Longtemps, tous les produits se trouvèrent représentés au BN. Puis vint le temps de l’affectation et donc de la séparation. Après tout ce travail pour être « chacun chez soi », allait-on à nouveau jouer le mélange des genres ? Même le négoce de Cognac ne le souhaitait pas. Il soutiendra la proposition « fédérale ».

« cela obligera les hommes à s’entendre »

Restait alors définir les règles de vie de la Fédération des interprofessions. « Si on veut que ça marche, il faut que les trois familles soient à égalité de représentation. Cela obligera les hommes à s’entendre. » Qui dit cela ? Jean-Pierre Lacarrière et Bernard Guionnet. Les deux hommes sont convaincus qu’une représentation égalitaire pour chacune des trois familles, sans considération de poids économique, est la meilleure solution. Ils défendront donc l’option des « trois fois quatre voix ».

Il y a une certaine logique à cela. Car à quoi sert la Fédération des interprofessions sinon à gérer les dossiers communs. Dans la région délimitée, ces dossiers horizontaux concernent par exemple les prestations viniques, les aides aux investissements, le potentiel de production…

Aujourd’hui, c’est cette représentation égalitaire – 4 voix chacun – qui est sur la sellette. Certains souhaiteraient revenir dessus. Sont passés par là l’épisode Pineau – qualifié par certains de « clash » – mais surtout le dossier de la libéralisation des droits de plantation. Catherine Le Page, directeur du BNIC, avoue « quelques petites nuances » entre la position du BNIC et celle de la Fédération des interprofessions. Pour des membres de la fédération « ces différences représentent plus que des nuances ». Là où la Fédération évoque « maintien des droits de plantation », le BNIC parle de « ne pas aboutir à la liberté totale de planter de la vigne ».

A ce lourd dossier, s’est ajoutée la disparition de Bernard Guionnet. Le réprésentant professionnel réalisait presque naturellement la synthèse entre négoce et viticulture. Président de la Fédération des interprofessions, il siégeait avec Jean-Bernard de Larquier au conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Pour le remplacer au conseil spécialisé de FAM, a été pressenti Olivier Louvet. En tant que tel, le nom d’Olivier Louvet ne fait pas débat. L’homme est perçu comme une personne de consensus. Mais le négoce de Cognac aurait été « froissé » que le candidat au conseil spécialisé de FAM soit présenté comme ne pouvant être qu’un viticulteur. Une erreur sémantique. Bref ! Le négoce de Cognac réclame la mise en route d’une réflexion sur les statuts de la Fédération des interpro. Question : faut-il en rester à une représentation égalitaire ou faire évoluer cette représentation ?

Suite au décès de Bernard Guionnet, c’est à Jean-Bernard de Larquier qu’est revenue la présidence de la Fédération des interprofessions. Pour lui, une fédération sous la coupe du Cognac ne serait pas envisageable. « Ce ne serait plus une Fédération mais un bureau d’enregistrement ! » « Par contre, dit-il, je suis prêt à admettre que le produit leader, qui procure le débouché de 70 000 ha sur les 80 000 ha plantés, ne peut pas courir le risque de voir son avis bloqué par une coalition des deux autres familles de produits, Vin et Pineau. Si les deux se liguent, ils pèsent pour 8 voix contre 4. Ils mettent le Cognac en minorité. Cela ne me semble pas très normal. » Ainsi, un groupe de réflexion sur les statuts de la Fédération des interprofessions du bassin viticole des Charentes a été mis en place. Il tiendra sa première réunion début juillet.

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