Fête du Cognac : « Il n’y a pas d’abus »

18 novembre 2011

Chaque année, en juillet, la Fête du Cognac attire 8 à 9 000 festivaliers, dont pas mal de jeunes. Quelle relation la Fête du Cognac entretient-elle avec la consommation d’alcool, elle dont la finalité première consiste à promouvoir le Cognac et les produits régionaux auprès des 18-30 ans ?

p52.jpgJustement, Mathieu Peyret a 30 ans. Il est installé à Cherves-Richemont, dans le cru des Borderies. En Earl avec son cousin, ils vendent presque toute leur production au grand négoce. Ils en réservent cependant une petite partie à la vente en bouteille, principalement de Pineau. M. Peyret participe depuis trois ans à la Fête du Cognac. L’an dernier, alors qu’il servait derrière le grand bar, l’idée lui est venue d’un bar des producteurs, « qui proposerait Pineaux des Charentes et Vins de pays charentais ». « On m’en a donné l’opportunité » dit-il. Ainsi, cette année, dans le virage du Port, s’est glissé un nouveau bar. Constitué de deux petits chalets en bois, il proposait une quinzaine de Pineaux et une dizaine de Vins de pays charentais.

Quel rapport la Fête du Cognac entretient-elle avec l’alcool ? « Nous sommes tout de même dans une région productrice. On ne va pas dire qu’il ne faut pas consommer. A la Fête du Cognac, les gens consomment, c’est clair mais nous n’avons pas constaté d’abus » relève le jeune viticulteur. « Durant les trois soirs, personne n’a été ivre à ne plus savoir où se mettre. La Fête du Cognac, ce n’est pas ça. »

Un chiffre de boissons
en baisse

Valentine Boulinaud, salariée de l’association, confirme. « Les gens se cantonnent à un verre, deux verres, trois verres grand maximum. D’ailleurs, cela se ressent sur notre activité. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires des repas dépasse largement celui des boissons. » Pour beaucoup, les contraintes de la route servent de garde-fous. « Je ne bois pas parce que je conduis. » Cette réflexion, les bénévoles l’entendent des centaines de fois. Depuis deux ans d’ailleurs, la Fête du Cognac a adopté le totem SAM, le petit bonhomme lunaire de la sécurité routière qui prône le candidat désigné qui ne boit pas. « Celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas ». Un stand (côté maison Martell), tenu par Fabrice Pons (auto-école de Crouin à Cognac), informe et sensibilise ceux qui veulent bien s’y arrêter. Il est équipé d’éthylotests (fournis par Groupama et la Sécurité routière), d’une borne éthylomètre. De petits dépistages sont proposés, comme de marcher sur une ligne. Fabrice Pons, moniteur d’auto-école mais qui travaille aussi avec la préfecture d’Angoulême pour la Sécurité routière, commente sa participation à la Fête du Cognac (voir encadré). Toujours en terme de prévention des risques, la Communauté de communes de Cognac met à disposition des navettes jusqu’à 1 h du matin pour rejoindre le centre-ville.

Mais au fait, comment se comportent les bénévoles, ceux qui tiennent les stands ? Se laissent-ils aller à quelques excès ? Réponse de Mathieu Peyret – « A 3 h du matin, après avoir rangé les stands, nous prenons un ou deux verres et tout le monde va se coucher. La fête, nous n’en profitons pas tant que ça. Le but, c’est de communiquer du plaisir aux gens qui viennent. »

Lui qui fait encore partie de la jeune génération, comment voit-il les pratiques de « binge dringing », d’alcoolisation rapide ? « Le phénomène est apparu durant les cinq dernières années. Il touche principalement les 16-20 ans. Avant, les jeunes sortaient dans les boîtes de nuit, le samedi soir. Aujourd’hui, beaucoup pratiquent les soirées « chez l’habitant ». Ils dorment sur place, ce qui favorise la consommation excessive, avec de l’alcool qui coûte moins cher qu’acheté en boîte. Internet, en montrant des vidéos, a sans doute accentué la tendance. » A 18-20 ans, Mathieu Peyret se souvient d’avoir beaucoup pratiqué la dégustation. « Etudiants en viti-œno, nous goûtions la production de nos maîtres de stage. Il pouvait y avoir pas mal de bouteilles. » A la Fête du Cognac, les bénévoles tentent de ne pas servir d’alcool aux moins de 18 ans. « A plusieurs reprises, il m’est arrivé de demander la carte d’identité » note le jeune vigneron.

Fabrice Pons, auto-école de Crouin
« Un mot, une phrase et il passe la clé à un copain »
Combien avez-vous distribué d’éthylotests cette année sur la Fête du Cognac ? Je pense que nous avons dû en distribuer un peu plus de 500 en trois jours. Si l’on y ajoute la borne alcoolémie (avec la paille), nous frisons sans doute les 700 personnes dépistées volontaires. Sans bien sûr qu’il y ait de sanction derrière.
Qui s’arrête au stand ? Le public varie selon l’avancement de la soirée. Jusqu’à 23 h/minuit, ce sont les parents, les pères, les mères de famille, plutôt curieux de la démarche, des techniques de dépistage. Et puis, tard dans la nuit, nous avons affaire à un public jeune, pour qui cela devient un concours. « Quel couleur a mon éthylotest. Existe-t-elle dans le manuel ? » Ceux-là sont dans la beuverie. Ils ne prennent pas la voiture. Ils ont d’ailleurs bien du mal à tenir debout. Entre les deux, il y a les jeunes intéressés, sensibilisés, avec qui il est possible de discuter. Ils sont de plus en plus nombreux. Parfois un mot, une phrase, un minimum de prise de conscience et c’est gagné. Il passe la clé à un copain. C’est là que nous avons l’impression de servir à quelque chose. Cette année, il n’y a pas eu d’accident, ni de contrôles positifs.
A votre avis, les actions de prévention sont-elles suffisantes ? Beaucoup de choses sont mises en place mais une phrase a fait beaucoup de mal. C’est « Un verre ça va, deux verres ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! » Il ne faut pas raisonner en terme de verres mais de quantités dans le verre. Quand je fais des simulations d’apéritif, je n’ai pas de mal à montrer que, dans un verre, il peut y avoir l’équivalent du double, du triple ou du quadruple verre. Dans la tête des gens cependant, c’est toujours l’idée des deux verres qui persiste. Parfois, des personnes de bonne foi ont de grosses surprises.

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