Droits de plantation : INAO ou Franceagrimer ?

4 juin 2013

La Rédaction

Dans le cas du Pineau des Charentes, c’est l’INAO qui gère l’attribution des droits nouveaux. Cela paraît évident mais l’est-ce tellement ? Et dans le cas du Cognac, qui s’occuperait des droits nouveaux si un tel programme venait à être mis en place : l’INAO ou France
AgriMer ?

A l’égard du Pineau, Christian Baudry parle d’un « supplément d’appellation «, comme une sorte de « supplément d’âme ». C’est que, historiquement, le Pineau a toujours été “dans la manche” de l’INAO ». A quoi tenait ce statut ? Peut-être aux moûts de Pineau rouge, qui ne relevant pas du régime de la Double Fin, ne relevaient donc pas du régime des vins de table. Ainsi, l’INAO a toujours eu un pied – et plus qu’un pied – dans le Pineau. D’ailleurs, pendant longtemps, la principale occupation – pour ne pas dire la préoccupation exclusive du site INAO de Cognac – ne fut-elle pas le Pineau ? Il y a donc une certaine logique à ce que l’INAO gère aujourd’hui l’attribution des droits nouveaux, même si le caractère de vins sans IG (vins sans indication géographique) de la plus grande partie du vignoble Pineau (Cognac + moûts vin blanc Cognac) aurait tout aussi bien pu justifier du contraire. C’est-à-dire que FranceAgriMer se soit retrouvé aux manettes. Mais, comme l’affirme un professionnel de l’appellation, « nous ne changeons pas de boutique ».

Et pour le Cognac ? La question ne se pose pas aujourd’hui. Mais demain ? Au sujet du vignoble de Cognac, revient toujours en boomerang la grande interrogation : a-t-on affaire à un vignoble d’appellation « par nature » ou à un vignoble sans IG (sans indication géographique) ? Pour Christian Baudry, la question est tranchée, depuis longtemps. Le vignoble de Cognac est un vignoble d’AOC. « Le Cognac, dit-il, se prétend vignoble sans IG mais il prévoit des contraintes sur ses conditions de production qui ne peuvent s’adresser qu’à des vignobles AOC. » Ainsi, d’un point de vue juridique, la compétence INAO pour gérer les plantations nouvelles du Cognac lui semble-t-elle imparable. Avec un argument supplémentaire : « A ma connaissance, le rendement Cognac est fixé sous la tutelle de l’INAO. Or, comment faire pour que celui qui s’occupe du rendement ne s’occupe pas aussi des surfaces ? » Pour autant, le même Ch. Baudry est le premier à en convenir : si plantation Cognac il devait y avoir un jour, il y a fort à parier que ce serait FranceAgriMer qui s’en occuperait. Question d’histoire là aussi. « Peut-être la région aurait-elle l’impression de perdre du pouvoir en voyant ses plantations gérées par les appellations. Et peut-être l’INAO ne serait-il pas prêt à s’engager non plus dans une bataille juridique où il aurait à perdre. »

A vrai dire, tout ceci n’est que pure spéculation. Car, si l’on se situe dans le cadre des vins sans IG – le cadre dans lequel évoluent les Vins Blancs Cognac aujourd’hui – pour l’instant il n’y a pas de possibilité d’attribution de droits nouveaux. C’est d’ailleurs bien en partie l’enjeu de la réforme européenne du système des droits de plantation. Remarque d’un observateur proche du dossier : « On peut imaginer que la demande de droits nouveaux de la région de Cognac soit un peu pressante. Ceci étant, les pouvoirs publics ouvriront-ils le potentiel des vins sans IG avant 2016 ? » Au moins cela laisse-t-il le temps à la région de peaufiner sa demande de plantations nouvelles… à FranceAgriMer ou à l’INAO.

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire aussi

Crédits carbone : mieux mesurer les impacts pour plus de crédibilité

Crédits carbone : mieux mesurer les impacts pour plus de crédibilité

Instrument de compensation des émissions de gaz à effet de serre (GES), les crédits carbone sont adoptés par les entreprises soucieuses de limiter leur empreinte environnementale. En investissant dans des projets visant à réduire ou stocker les émissions de GES, ces...

Les Phyt’ autrement, une matinée d’alternatives

Les Phyt’ autrement, une matinée d’alternatives

Face au retrait de nombreux produits utilisés par la filière pour lutter contre les pathogènes de la vigne, il devient nécessaire de modifier ses pratiques et d’utiliser d’autres types de produits, dits de biosolutions. Les Chambres d’Agriculture 17/79 et 16, dans le...