En 2010, tout avait bien commencé, un débourrement un peu tardif mais homogène et une belle apparence de grappes. En mai et début juin, la vigne s’est développée normalement et l’apparence de nombreuses et belles inflorescences laissait entrevoir une récolte généreuse. Puis, les choses ont commencé à se compliquer avec de la fraîcheur et des pluies au moment de la floraison. Deux semaines de mauvais temps du 12 au 20 juin sont venues perturber la pollinisation des Merlot et des Ugni blancs. Peu perceptibles au départ, les phénomènes de millerandage ont parfois sérieusement éclairci les grappes avec toujours de fortes disparités selon « l’état de forme » des parcelles. Les vignes bien entretenues sur le plan agronomique s’en sont beaucoup mieux sorties mais, globalement, les pertes de baies ont été réelles.
Par la suite, les soucis ont continué en raison d’un beau temps sec, pas trop chaud, mais quasi-permanent pendant trois mois de début juillet au 25 septembre. La vigne, bien qu’étant une plante réputée pour apprécier les chaleurs estivales, n’a pas toujours bien supporté l’absence de pluies significatives durant plus 100 jours. Nier que les parcelles de la région ont souffert de cette sécheresse prolongée serait une hérésie. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la croissance végétative de rameaux a été très modeste cette année. Dans les situations de terres légères, des symptômes de stress hydrique sont apparus dès la véraison et certaines vignes ont beaucoup souffert par la suite.
L’événement le plus dramatique du cycle végétatif 2010 a été le taux de mortalité spectaculaire des souches dans les parcelles. Dès la fin juillet, la fréquence des symptômes d’esca et de BDA a inquiété et la situation n’a cessé d’empirer au fil des jours. Des bras de ceps « qui s’écroulent », des souches qui brutalement début août se dessèchent… un véritable fléau semble avoir envahi le vignoble charentais. Les maladies du bois ont discrètement « rongé » les souches depuis 15 ou 20 ans et après une succession d’années à la climatologie plus extrême, les ceps de vigne « partent en fumée ». Le point de non-retour est atteint, le « crabe » maladies du bois fait de plus en plus de dégâts. La majorité des parcelles de la région étant plantées à faibles densités, l’inquiétude est grande. 15 à 20 souches mortes de plus/ha, c’est UN hl de vin durablement perdu. Les maladies du bois sont donc déjà un handicap majeur pour la productivité du vignoble régional, et cela va s’amplifier à court terme.
Les raisins du millésime 2010 sont marqués par une certaine souffrance liée à une quasi-absence de pluies durant l’été. Les racines ont dû aller puiser en profondeur l’énergie pour porter la récolte à son terme, mais cela s’est fait dans la douleur même si la végétation de beaucoup de parcelles paraît encore belle en cette fin de mois de septembre. La nature a aussi ses règles : « Un individu qui ne boit pas assez se fatigue plus vite. » La maturation s’est effectuée dans un contexte particulier de chaleur le jour et de fraîcheur la nuit, ce qui n’a pas permis de « gommer » l‘hétérogénéité de stade développement des grappes depuis la floraison. Certaines baies sont bien mûres et d’autres beaucoup moins, c’est la caractéristique principale du millésime 2010. Il faudra bien faire avec ! La synthèse des contrôles de maturation réalisée par la Station Viticole du BNIC situe les niveaux de rendements autour de 120 hl et le début des vendanges serait prévu à partir du 27 septembre. Bien apprécier l’évolution de la maturité dans les parcelles sera cette année déterminant pour réussir les vinifications. Il va falloir à la fois faire preuve de patience et de réactivité pour cueillir les raisins au bon moment. Bonnes vendanges !
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