De quel bois seront les prochaines plantations ?

25 juin 2021

Après des débuts (très) frileux, la deuxième partie du printemps 2021 a offert soleil et chaleur. Les épisodes pluvieux se firent davantage en nuit et en soirée (parfois par quelques orages, sans grêle malgré quelques alertes, au contraire du vignoble de Vouvray meurtri par cette deuxième lame, après le gel d’avril). Ces ondées n’ont guère empêché les tracteurs d’entrer dans les parcelles pour les premiers traitements. Globalement, le vignoble a reverdi petit à petit, avant de s’agrandir encore prochainement. Cependant, les orages et hautes températures prévues pour la deuxième moitié du mois de juin pourraient intensifier la pression sanitaire, et notamment le black rot.

Des hectares, des hectares,toujours des hectares

Sur les 10 000 nouveaux hectares de plantations prévus entre 2022 et 2024, les voix sont, pour le moment, plutôt concordantes. Des interrogations persistent cependant quant à certaines conséquences, directes et indirectes de ces futures vignes, ajoutées aux 85 884 hectares déjà plantés (nombre officiel de l’interprofession). Et notamment le prix à l’hectare. Le manque de main-d’œuvre (en qualité comme en quantité), l’achat de matériel supplémentaire (plantation, viticulture, œnologie, distillation, vieillissement), le bilan carbone négatif, etc. augmenteront le coût d’exploitation à l’hectare. Ces contraintes s’inscrivent dans l’obligation, à terme, de la CEC (jusqu’à 150 €/ha selon des estimations propres dans les domaines). Le prix des eaux-de-vie suivra-t-il ? Le risque sur les marchés et des aléas climatiques demeurent deux inconnues qui se présentent chaque année. Certains se désengagent même déjà de la certification.
Dans cette stratégie, bâtie autour du business plan, l’autre grand questionnement se situe dans les lieux de plantation, qui s’avéreront stratégiques. Où planter ? Toujours dans les trois crus les mieux valorisés, en Grande Champagne, en Petite Champagne et en Borderies – malgré de plus en plus de parcelles aux risques gélifs – ou bien penser à revaloriser les crus dits périphériques ? Les Fins Bois, Bons Bois et Bois Ordinaires présentent davantage de diversité agricole et paysagère, seyant à la fois à l’œil, au sol, au sous-sol et aux nappes phréatiques, répondant aux discours de l’interprofession et des différentes maisons du Cognaçais.
Par rapport à la volonté de biodiversité, malgré la plantation de haies et l’agroforesterie, les crus centraux présentent davantage de monotonie culturale, et ces hectares supplémentaires tendraient à renforcer cette tendance à l’uniformité agricole. Tout cela peut concourir à créer des vocations, à susciter des innovations, mais également à accélérer, encore davantage, la concentration des domaines et la disparition, à terme, des plus petites structures.

Des réouvertures, jusqu’à quand ?

Parallèlement au vignoble, la réouverture, d’une manière générale mais non encore totale, des lieux de vie ressemble à un ballon d’oxygène. L’œnotourisme, les bars et les restaurants ont retrouvé un peu de latitude. Jusqu’à la prochaine vague promise ? Les permissions infantilisantes avancées de la fin en partie du port du masque en extérieur (toujours obligatoire lors des regroupements, marchés, lieux bondés) – il reste obligatoire dans les lieux clos – et la levée du couvre-feu le dimanche 20 juin ont réjoui une partie de la population et des professionnels, mais le vrai problème demeure de ces lois liberticides qui restent suspendues comme une épée de Damoclès (qui n’a pas encore entendu parler d’une quatrième vague ?) au-dessus des peuples. Conjuguée à cela, la fin du libre arbitre se prépare, doucement mais sûrement, également pour les actions vaccinales et des différents passes, autorisations, laissez-passer… (liste non exhaustive et laissée à la réalité et l’imagination de nos dirigeants). Il n’y aura peut-être pas d’obligation formelle mais de fortes incitations. Une bagatelle. Si au commencement était le verbe, il est clair qu’« Il était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu ».

Un vignoble bien vert

Au-delà de ces pérégrinations, les territoires des deux Charentes jouissent d’une bonne dynamique, bien aidée, malgré le gel de début de campagne, par la bonne santé du vignoble en fin de printemps-début d’été. Les premières fleurs sur ugni blanc sont apparues dans la première décade de juin, avec toujours aussi peu de pression de maladies. Hormis un coup de vent fin mai dans les îles, qui a bloqué le développement de la végétation (exemptée de gelées) et un peu de coulure en Sud-Charente, le vignoble demeure globalement sain. La végétation est moins précoce qu’en 2020, et s’inscrit dans la moyenne des 10 dernières années – la floraison a commencé autour des 7-8 juin, contre le 28 mai en 2020 ou le 16 mai en 2011. Les fameux 100 jours après la fleur entraîneraient un début des vendanges vers la dernière décade du mois de septembre et début octobre.
Si quelques tâches de mildiou, de black rot ou d’oïdium sont apparues, elles demeurent rares ou éparses, l’état sanitaire de la vigne reste très bon dans les différents territoires des provinces viticoles d’Angoumois, de Saintonge et d’Aunis. « Les températures fraîches du début de printemps ont limité le développement des maladies, et notamment du mildiou », a expliqué un technicien des deux Charentes. « Le contexte sanitaire sur la vigne est simple à gérer et serein. La conjoncture avec les températures basses a été propice à des situations sereines », a confirmé un viticulteur.
Mais, quid des perspectives de rendement ? Les 11,96 hl AP/ha du minimum prévu par le BNIC seront-ils suffisants ou bien allons-nous vers un rendement annuel cognac plus élevé… ?

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