Coopérative des Coteaux de l’Angoumois : Village gaulois

19 avril 2012

Les Coteaux de l’Angoumois font de la résistance ! La plus petite des coopératives de Vins de Pays Charentais existe toujours. Non sans efforts mais le « relationnel » aide à entretenir la flamme.

 

 

p19.jpgLa coopérative, fondée en 2000, a toujours fonctionné davantage comme un club de collègues à « l’intuitu personae » fort que comme un groupement de producteurs lambda. C’est sans doute ce qui explique sa permanence, dix ans après, alors qu’une structure comme l’ACV, créée à même époque, a disparu depuis 2008 (la Maison des Maines, à Segonzac, a été reprise par la société Charlemagne). Deux autres coopératives, Siecq et Saint-Sornin, elles-mêmes touchées par des difficultés à la fois structurelles et conjoncturelles, ont pour leur part fusionné avec la coopérative Charentes Alliance, la première fin 2008 (avec Synthéane à l’époque) et la seconde fin 2011. Aujourd’hui, Charentes Alliance s’affirme, de loin, comme l’acteur majeur des Vins de Pays Charentais.

Si les Coteaux de l’Angoumois sont toujours là, ils ont pourtant traversé, en 2011, une période de turbulences. Le président de la coopérative vinicole, Jacques Mounier, parle pudiquement de « rebondissements ». Isabelle Clochard et Eric Montigaud, les deux « jeunes » de l’équipe, se sont désengagés. Eric Montigaud présida longtemps la coopérative et tous les deux, avec Isabelle Clochard, vinifièrent les vins de la coopérative durant toutes ces années. Un travail lourd, une responsabilité forte, un investissement personnel conséquent. Qui explique sans doute qu’ils aient voulu prendre du recul et, quelque part « tourner la page ». Justement parce qu’ils sont jeunes, ils ont des choses à vivre. Leur retrait de la coopérative n’en a pas moins été douloureux, et pour eux, et pour leurs collègues. C’était perceptible lors de l’AG du 20 décembre, à laquelle Isabelle Clochard a quand même tenu à participer.

Comment rebondir ? Avec la bonhomie qui est la sienne, Jacques Mounier a envisagé les choses de façon simple et pragmatique : retrousser les manches, faire face. « Lorsque je me suis engagé, j’avais prévu de faire toutes sortes de travaux mais surtout pas la vinification en vin de pays. Je ne connaissais que la vinification Cognac. Il a fallu s’y mettre, résoudre les problèmes quand ils se présentaient. J’ai énormément appris. Ces derniers mois furent très enrichissants. »

Pour le suivi des parcelles de vignes et des vins, la coopérative a fait appel à un œnologue, Olivier Chapt, de Gensac Œnologie. Tous les ans, les vins de la dernière récolte sont dégustés à l’issue de l’assemblée générale. La tradition fut respectée. « J’espère que nos vins seront bons, compte tenu des caractéristiques de l’année qui ne concourent pas à développer un très grand millésime. »

« Une très grosse exploitation de vins de pays »

p20.jpgSur la récolte 2010, la coopérative avait collecté la production de 41 ha. En 2011, elle n’a vinifié que 28 ha, compte tenu des retraits. « C’est encore jouable, relativise J. Mounier. Après tout, cela équivaut à une très grosse exploitation de vins de pays. Qui plus est, cela correspond à nos volumes de vente directe. » Les adhérents se relaient au magasin de Hiersac, qui marche bien. De plus, ils entretiennent les contacts avec la clientèle professionnelle, cavistes, restaurateurs, magasins. Une partie de la production est envoyée en moût de vinification à la distillerie de La Tour, qui la transforme soit en vin de pays soit en vins sans IG.

Sur la récolte 2010 (comptes arrêtés au 30 juin 2011), décision a été prise de laisser moins d’argent en réserve pour en distribuer plus aux adhérents. « Notre résultat nous a permis de revaloriser le prix du vin, afin de mieux rémunérer les adhérents. »

La vie de la coopérative se poursuit, faite de chantiers de mise en bouteille, de repas pris en commun – merci aux « cuisinières » – de participations aux foires et salons, de permanences au magasin… Le bâtiment de Sireuil continue de connaître des améliorations : travaux d’étanchéité, projet de local sanitaire…

Si Jacq ues Mounier nourrit un regret « c’est que les jeunes y croient moins que les anciens, qui restent à tenir la boutique. » Il n’ignore pas les difficultés : « Les vignes affectées aux vins de pays réclament pas loin du double de travail que les vignes Cognac. Mais le Vin de Pays Charentais nous a permis d’évoluer. Nous sommes passés du stade de viticulteur à celui de vigneron. » Le président de la coopérative reste un indéfectible optimiste, toujours prêt à positiver : « Notre outil de vinification est performant, nos produits sont reconnus. Et puis il n’y a pas que le côté économique dans la vie. Il y a aussi le côté relationnel et humain. »

Collecte
Sur la récolte 2010, la coopérative des Coteaux de l’Angoumois a vinifié 40,56 ha, soit une récolte totale de 2 397 hl vol. Tout confondu, le rendement moyen s’est élevé à 59 hl vol./ha.
Merlot : 14,37 ha – rendt : 61 hl/ha
Cabernet franc/Sauvignon : 9 ha – 66 hl/ha
Sauvignon : 9 ha – 58 hl/ha
Chardonnay : 6,51 ha – 50 hl/ha
Pinot noir : 1,73 ha – 46 hl/ha
Récolte 2011
Merlot : 12,33 ha
Cabernet : 7,20 ha
Sauvignon : 5,43 ha
Chardonnay : 2,40 ha
Pinot noir : 0,80 ha

 

 

 

 

 

 

 

p21.jpgThierry Jullion dit de lui-même qu’il est un « individuel », comprendre un vigneron vinifiant en cave particulière. Le Vin de Pays Charentais, il a plongé dedans dès son installation, en 1982, voilà 30 ans. « Je l’ai fait par passion, par amour du métier du vin. » Cet homme, pas vraiment adepte du discours « Bisounours », adresse pourtant une ode au Vin de Pays Charentais. « J’y ai toujours cru et j’y crois encore. » Il réclame de la « considération » pour le VDPC. « Ce n’est pas le petit frère du petit frère (du Pineau). Ceux qui produisent des Vins de Pays Charentais ne sont pas des viticulteurs au rabais. D’ailleurs, la marge laissée par le Vin de Pays n’a parfois rien à envier à celle du Cognac. » Il soutient à fond la nouvelle campagne de communication (voir pages 14-15), qu’il a contribué à initier, parmi d’autres. « L’audit que nous avons fait réaliser a détecté un manque de notoriété des VDPC. A l’aveugle, ils n’ont pourtant rien à redouter. Nous faisons de bons vins de pays. Nous allons simplement nous attacher à le faire savoir ainsi qu’à donner ou à redonner de la fierté aux viticulteurs et producteurs de Vins de Pays Charentais. »

Sur sa proposition, vont se mettre en place des sortes de clubs de viticulteurs voisins les uns des autres, des groupes de dégustation, pour créer du lien entre producteurs. « Nous devons apprendre à nous connaître, parler entre nous, goûter nos vins. Nous ne sommes pas nombreux. C’est une forme conviviale de participation. » Son credo ? Convaincre les clients locaux. Mais, pour cela, « il faut y croire. » D’où le travail sur « la fierté du vigneron ». « Les touristes, eux, ne se posent pas de question, ils achètent le vin du coin. »

Thierry Jullion est viticulteur à Saint-Maigrin, entre Archiac et Baignes. Vigneron « individuel », il ne nourrit pas d’ostracisme à l’égard des coopératives. « Structures individuelles ou structures coopératives, il n’y a pas de différence. La priorité est de porter haut et fort les vins de pays.

Il dit avoir trouvé en Jean-Louis Barraud, président du syndicat, « un homme absolument intègre. »

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