Commune de Bourg-Charente : Une plateforme collective de lavage

7 janvier 2015

Lavage de la machine à vendanger et des différents matériels, rinçage du pulvérisateur… Dans le cadre de la « mise aux normes », la commune de Bourg-Charente, à côté de Cognac, a proposé à ses viticulteurs une solution collective, une plateforme de lavage
commune à tous. Une démarche innovante, qui a décroché 70 % d’aide.

 

 

Ce mercredi 3 décembre, le froid s’est abattu d’un coup sur la campagne. Le thermomètre plafonne à 5°. Les premiers arrivés tapent du pied sur la plateforme de lavage encore à l’état d’ébauche tandis que les ouvriers s’activent. La réunion de chantier va bientôt commencer. Comme à l’accoutumée, elle réunit le maire de la commune, Bertrand Sourisseau, l’architecte Olivier Guedo et tout ou partie des 14 viticulteurs concernés par l’opération.

p24.jpgLa genèse de l’histoire remonte à 2010 quand deux viticulteurs, Patrick Pautier et Christophe Ribot, rencontrent B. Sourisseau. Ils s’interrogent sur l’idée d’une plateforme de lavage. Y aller seul, en groupe ? « Des obligations vont s’imposer à nous. Mutualiser un système de traitement des eaux de lavage permettrait de faire des économies au niveau de nos exploitations. » Le maire et son conseil municipal perçoivent tout l’intérêt environnemental d’une telle démarche. Comme son nom l’indique, Bourg-Charente se situe en bordure de rivière. Ses zones vulnérables créent encore plus d’obligations ici qu’ailleurs. La municipalité décide de porter le projet, de se saisir de la maîtrise d’ouvrage. Elle contacte les viticulteurs, se fait accompagner de la Chambre d’agriculture de la Charente. Comme pour tout projet collectif, des freins existent, qu’il faut lever, des bonnes volontés se manifestent, qu’il convient de fédérer. A l’exception d’un récoltant, qui s’était déjà équipé à titre individuel, tous les viticulteurs de Bourg-Charente sont partants, en tout une quinzaine d’exploitations représentant un peu plus de 500 ha. La commune accepte de mettre à disposition un terrain, à la condition que l’investissement ne coûte pas un euro à la collectivité. Le maire se lance alors dans sa recherche de subventions. « Face à un tel projet innovant, doté d’une vraie exempla-rité, je disposais d’arguments » explique-t-il. La Région le suit ainsi que l’agence de l’eau Adour-Garonne. Il obtient également des fonds européens. Conséquence : sur un budget de 170 000 € HT, l’ensemble des aides représentent 120 000 € soit un taux de subvention de 70 %. Seul regret : que le Conseil général de la Charente n’est pas suivi. « La politique de l’eau est pourtant de sa compétence » relève J. Sourrisseau.

Intégration paysagère

Dans le hameau de Tilloux, là où elle est implantée, la plateforme de lavage ne fait pas figure de monstruosité dans le paysage viticole. Dans le continuum du bâti existant, son emprise au sol reste modeste. Justement, le jour de la réunion de chantier, la discussion portait sur la largeur de la porte d’entrée du site. « Il ne faudra pas qu’il soit fatigué le mec ! » disaient, rigolards, les viticulteurs. Chaque exploitation va être dotée de deux télécommandes pour pénétrer sur le site ainsi que de badges magnétiques, à insérer dans un automate. Car la consommation d’eau sera individualisée. « Le compteur dira qui a consommé quoi » note Sophie Barrett (vignobles Cabanne), la présidente de la Cuma. Car les quatorze viticulteurs ont jugé bon de s’organiser en Coopérative d’utilisation de matériels agricoles, essentiellement pour mieux gérer l’administratif (location du terrain à la commune, achat d’un appa-
reil haute pression…). En plus du paiement à la consommation, les viticulteurs adhérents vont s’acquitter d’une cotisation forfaitaire de fonctionnement, encore à affiner mais de l’ordre de 15 à 20 € par ha et par an.

Trois pistes de lavage

Comment va fonctionner l’aire de lavage ? La plateforme est équipée de trois pistes de lavage, de trois potences prolongées de tuyaux, pour le remplissage et le rinçage des cuves. Par ailleurs, la Cuma est en train d’acquérir un nettoyeur haute pression de bonne taille, pour laver les MAV et autres matériels. Au sol, un gros caniveau va permettre, dans un premier temps, de débourber les matières grossières. Terre, herbe tomberont au fond. Au bout du caniveau, une vanne trois voies dispatchera les différents types d’effluents. D’un côté, les effluents phytosanitaires issus du rinçage des pulvérisateurs rejoindront une citerne étanche de 30 m3. De l’autre côté, les effluents chargés en matière organique (lavage de machine à vendanger, tout type de matériel….) seront dirigés vers une vessie souple en plastique de 430 m3. « C’est comme l’aiguillage d’un train » commente l’architecte, Olivier Guedo. Quand la plateforme ne sera pas utilisée, les eaux de ruissellement iront dans un puisard destiné à la réception des eaux pluviales. Quant au local technique, doté de sanitaires (douche et toilettes), il disposera de son propre assainissement. Pour l’épuration des résidus de pesticides, le groupe a choisi de faire appel à un prestataire de service. A rythme régulier, une société spécialisée récupérera les quantités stockées. En ce qui concerne les effluents « matière organique », les viticulteurs épanderont les vo-
lumes, au prorata de leurs surfaces et selon les terrains disponibles.

Jérôme Sourisseau prévoit de remettre les clés à la Cuma le 1er janvier 2015, pour une fin de chantier au 15 décembre.

Même si des aires collectives de lavage existent déjà en viticulture, notamment dans le Bordelais, un montage tel que celui de Bourg-Charente – où une collectivité territoriale, maître d’œuvre, épaule un groupe de professionnels – serait le premier en France. D’autres maires, intéressés, sont déjà venus rendre visite à leur collègue. Certains frappent même à la porte. Pour l’instant, la Cuma veut tester son fonctionnement avant d’accepter de nouveaux membres.

 

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